Telecoop, l'opérateur téléphonique qui œuvre pour la sobriété numérique

Telecoop dispose de seulement deux forfaits – l'un basé sur la consommation réelle, l'autre à 20 gigas par mois. @Telecoop

Refus de la 5G, incitation à la baisse de la consommation des gigas, instauration d’une aide à la réparation des smartphones, Telecoop, opérateur télécom lancé en 2020 sous forme de coopérative, vise la sobriété numérique.

Vers plus de sobriété numérique ? Alors qu'une prise de conscience émerge sur nos consommations quotidiennes, de l'alimentation aux transports en passant par l'énergie, nous sommes moins sensibilisés aux impacts de nos usages numériques. Pourtant, le secteur représente déjà 4% des émissions de gaz à effet de serre au niveau mondial, soit autant que l'aviation, et pourrait passer à 8% en 2025.

Et les opérateurs téléphoniques continuent de multiplier les offres alléchantes proposant toujours plus de gigas (jusqu'à 300 gigas) à des prix de plus en plus bas. "Avec ce numérique illimité, ça donne l'impression aux citoyens qu'il n'y a pas d'impacts environnementaux et sociétaux à ces usages, comme si on pouvait passer tout le temps qu'on veut sur les écrans sans problème. Ces pratiques enferment le citoyen dans l'ultra-consommation", pointe Marion Graeffly, la cofondatrice de Telecoop, le premier et seul opérateur télécom coopératif et éthique.

Pas de 5G, ni de vente de smartphones

Il y a quatre ans, constatant le manque d'offres mobiles sobres, elle lance avec trois autres citoyens une Scic, société coopérative d'intérêt collectif, avec pour but de reconnecter les citoyens à leurs usages du numérique. Comme Enercoop avec l'énergie durable ou Biocoop avec l'agriculture biologique, l'idée est de s'interroger sur nos besoins réels et l'impact de nos consommations.

Avec une offre "radicalement" différente, Telecoop dispose de seulement deux forfaits – l'un basé sur la consommation réelle, l'autre à 20 gigas par mois – et met en avant un parcours d'accompagnement pour limiter les impacts de ses usages numériques. Simulateur de consommation, paramétrage des applications pour réduire l'utilisation des données mobiles, conseils pour réparer son téléphone, guide pour acheter un téléphone éthique, l'opérateur met un point d'honneur à informer et sensibiliser ses clients sur l'importance de la sobriété numérique.

Autres particularités, Telecoop refuse de proposer la 5G, dont les impacts environnementaux, sociaux et sanitaires ont été dénoncés, offre des aides à la réparation des smartphones, est sans engagement et son modèle économique ne dépend pas de la vente de téléphones portables, dont la fabrication est extrêmement néfaste d'un point de vue environnemental et social. Enfin, son service clients est basé en France et ses conseillers ne reçoivent pas d'intéressement à la vente.

Vidéos de chat

"Nous ne sommes pas contre le progrès mais aujourd'hui, nous sommes nombreux à mal vivre le numérique et à le subir. Notre objectif est de montrer qu'on peut se réapproprier le sujet et reprendre la main", poursuit Marion Graeffly. Telecoop compte aujourd'hui 10 000 abonnés, dont 150 entreprises, pour une consommation moyenne de 2 gigas par mois, contre 13 gigas en moyenne au niveau national. "Avec nos petits bras, notre message trouve un écho dans la population", se réjouit celle qui dit avoir trouvé son carburant, "produit avec de l'huile de friture usagée".

L'entreprise, qui comprend 12 salariés, est en train de trouver son équilibre économique. Les excédents pourront être réinjectés afin de rendre les offres mobiles plus accessibles. Celles-ci sont aujourd'hui comprises entre 10 et 20 euros par mois (+2 euros par giga consommé). "Ce vers quoi on aimerait aller c'est moins de temps d'écran, car c'est du temps gagné sur sa vie", plaide Marion Graeffly. Elle appelle à une régulation des usages qui contraindrait les opérateurs télécom à baisser leurs paquets mobiles. "Il faut se demander si on veut vraiment construire un nouveau réacteur nucléaire pour continuer à regarder des vidéos de chats", lance-t-elle. 

novethic