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Mobilité en Lorraine : des trains pour éviter l’enfer
06/08/2024
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Des milliards sont investis en Lorraine en faveur de la mobilité. Mais les bénéfices se font attendre car le temps ne s’achète pas.
Conforter l’attractivité des territoires, favoriser la création d’entreprises et de richesses, former des talents, lutter contre les déserts médicaux, assurer la connexion entre les territoires ruraux et urbains… Ce sont autant d’enjeux auxquels la Région Grand Est, les Départements et les collectivités locales se doivent de répondre. Au cœur de ces ambitions, il y a la mobilité qui doit être intermodale pour assurer la nécessaire complémentarité des modes de déplacements mais aussi toujours plus vertueuse envers l’environnement (décarbonation).
Pour aller dans cette direction, la Région a choisi de massivement investir dans le transport ferroviaire sans pour autant faire l’impasse sur les autres modes de transport comme l’illustrent, par exemple, le Schéma Directeur Cyclable Régional qui vise à créer 2 500 km de pistes cyclables nouvelles, en collaboration avec les ECPI et les Départements, ou bien encore le projet d’A31 bis. Franck Leroy, le président de la Région, ne manque jamais de souligner que la « route » a toute sa place dans la stratégie « mobilité » régionale d’où le choix de prendre la gestion de certaines routes nationales (RN 4 notamment) et d’une partie de l’actuelle A 31, en instaurant une écotaxe qui sera à « 80 % payée par les poids lourds étrangers » permettant de financer les investissements nécessaires.
Des centaines de millions d’euros sont mobilisées pour le « fer ». Un chiffre pour l’illustrer : le protocole d’accord concernant le volet Mobilités du contrat de plan État-Région (CPER) 2023-2027 du Grand Est, signé en décembre dernier, prévoit plus de 2,1 milliards d’euros de financements. 70 % des crédits sont destinés au ferroviaire. En Lorraine, l’une des priorités vise à développer le Service express régional métropolitain (SERM) ou RER métropolitain, entre Nancy et Luxembourg, avec pour objectif de passer de 9 000 places assises lors des heures de pointe à 22 000 en 2028-2030. En parallèle, est activée la relance des petites lignes au bénéfice des territoires ruraux.
Tout récemment a été confirmée la réouverture de la ligne Nancy-Contrexéville programmée pour 2028 et qui a pour particularité d’être concédée dans le cadre de l’ouverture à la concurrence des services ferroviaires de voyageurs portée par la Région afin d’accélérer ces réouvertures. Au bénéfice du maillage rural, la Moselle expérimente les trains légers électriques et le premier train hybride. Une autre priorité consiste encore à (re) connecter la région au reste du territoire comme l’a mis en lumière la relance de la ligne entre Nancy et Lyon financée par la Région en partenariat avec le Grand Nancy et le Département de la Meurthe-et-Moselle, les élus mosellans n’ayant pas jugé nécessaire d’investir compte tenu du peu de valeur ajoutée de la ligne directe en termes de temps de voyage comparé à un Metz-Lyon via Strasbourg. Une dynamique est lancée.
Jouer collectif
Porte-t-elle déjà ses fruits ? On part de trop loin, ce sont des décennies de sous-investissements qu’il faut combler alors que le déploiement de telles infrastructures s’inscrit forcément dans un temps très long. Les besoins en mobilité progressent aussi très rapidement comme l’attestent les difficultés croissantes pour se déplacer sur l’axe Nancy-Luxembourg. Ce qui n’est pas sans répercussions pour le territoire mosellan et meurthe-et-mosellan sur le plan économique, environnemental ou social. On voit, par exemple, combien les difficultés de déplacement compliquent l’accès au logement pour les ménages les plus modestes du nord lorrain.
La réindustrialisation du territoire (alors que les gros investissements s’accumulent) ou les ambitions dans le tourisme et les énergies nouvelles requièrent également une mobilité performante, en faveur des Hommes comme des marchandises d’où, aussi, des projets pour le fret ferroviaire et fluvial. Sans perdre de vue, pour les Lorrains, que si le Grand Est ne fait qu’un, les trois anciennes régions sont en concurrence en matière d’attractivité. Le projet de RER métropolitain Lorraine-Luxembourg a récemment été labellisé par l’État mais celui de Strasbourg est en activité depuis fin 2022.
D’où l’impérieuse nécessité pour les entreprises comme pour les collectivités locales de jouer collectif car la mobilité décarbonée et efficiente (au service du mieux-vivre), ce sont des trains mais aussi des parking-relais, des Bus à Haut Niveau de Service (BHNS), des solutions de covoiturage, des bornes de recharge électrique, des applis… « C’est une vraie révolution qu’il faut mener en matière de transport » pour reprendre une expression du président Leroy.
Aéroport : cap ou pas cap ?
La liaison pour Lyon stoppée en novembre 2023, celle de Marseille, en juin dernier… Mauvais temps pour Lorraine Aéroport qui vivote depuis de longues années. Régulièrement des lueurs d’espoir se manifestent pour entretenir la flamme, la dernière en date faisant état d’une possible collaboration avec l’aéroport luxembourgeois et la compagnie Luxair. Énième coup d’épée dans l’eau ? L’avenir le dira en sachant que l’équipement régional avec 120 000 passagers par an, est loin d’atteindre le seuil de rentabilité pour un tel aéroport qui est de 500 000 passagers minimum et que 8 aéroports sont actifs dans un rayon de 300 km.
Mais il est vrai, aussi, que le transport aérien se développe et que le carburant vert ou les petits avions hybrides et électriques (déjà opérationnels) ouvrent de nouvelles perspectives et des opportunités. Faut-il conserver l’équipement ? Envisager un repositionnement ou sa fermeture ? La Région Grand Est, propriétaire de Lorraine aéroport, a demandé à la Chambre régionale des comptes de plancher sur le sujet afin de savoir si un modèle économique soutenable est possible pour les aéroports régionaux. Ce rapport annoncé pour le premier trimestre de l’année prochaine est très attendu. Comme des décisions. Et, le cas échéant, une (vraie) stratégie car pour l’heure, il n’y en a pas.