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L'Europe : un continent en surchauffe

21/04/2025

L'Europe : un continent en surchauffe

    Ce bilan confirme, en moyenne sur cinq ans, une hausse des températures européennes d'au moins 2,4 degrés par rapport à l'époque préindustrielle.  © Mike Workman

Particulièrement alarmiste, le dernier rapport de Copernicus et de l'Organisation météorologique mondiale (OMM) confirme que le continent européen se réchauffe plus vite que les autres. Une évolution aux conséquences dramatiques.

Records de températures, de tempêtes violentes, d'inondations... L'Europe est le continent qui se réchauffe le plus rapidement, avec des conséquences déjà très évidentes. Telle est la conclusion en forme de nouvel avertissement du rapport sur le climat pour l'année 2024 (1) (ESOTC 2024) (2) , publié ce lundi 14 avril par le Service Copernicus pour le changement climatique (C3S) et l'Organisation météorologique mondiale (OMM). Fruit du travail d'une centaine de contributeurs scientifiques, cette étude détaille les différentes configurations par zone géographique et prend en compte un large éventail de variables climatiques : stress thermique, froid, durée d'ensoleillement, nébulosité, incendies de forêt…

Ce bilan, d'ailleurs conforme aux prévisions du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec), confirme que les températures européennes, en moyenne sur cinq ans, enregistrent au moins 2,4 degrés de plus qu'à l'époque préindustrielle. Chacune des dix dernières années ont été les plus chaudes jamais notées en Europe et l'année 2024 les dépasse toutes, avec des températures record dans près de la moitié du continent : au centre, à l'est et au sud-est. Le nombre de jours de « fortes », « très fortes » et « extrêmes » chaleurs y a été le deuxième plus élevé. Au mois de juillet, l'Europe du Sud-Est a connu la plus longue vague de chaleur jamais comptabilisée. D'une durée de treize jours consécutifs, elle a touché 55 % de la région. Au cours de l'été, cette même zone a aussi totalisé un nombre record de jours avec au moins un « fort stress thermique » (66) et de nuits tropicales (23). 

Écarts de températures (à g.) et de précipitations (à dr.) en 2024. © Copernicus-OMM Stress hydrique et incendies

À l'ouest, la chaleur s'est accompagnée d'humidité. À la surface de la mer, la température a également atteint des sommets : dépassant la moyenne de plus de 0,7°C sur l'ensemble de l'Europe, de plus de 1,2°C dans la mer Méditerranée. Or, « chaque fraction de degré compte. Elle est importante en termes de risques pour nos économies, de perturbations pour notre société, de dommages pour nos écosystèmes et de menaces pour nos enfants et petits-enfants », rappelle Andrea Celeste Saulo, secrétaire générale de l'OMM.

Répercussion prévisible de ce changement climatique, outre l'acidification des océans et l'élévation du niveau de la mer : 60 % du continent a en effet vécu un « fort stress thermique », bien plus souvent qu'auparavant, si l'on tient compte en plus de la température, de l'humidité, de la vitesse du vent et de l'ensoleillement. Un phénomène qui met le corps et la santé des habitants à rude épreuve, encore plus lorsque des températures nocturnes élevées s'ajoutent à la chaleur de la journée, offrant peu de répit aux organismes, soulignent les experts. Quelque 42 000 personnes ont par ailleurs été touchées par des incendies. En septembre, au Portugal, ils ont anéanti environ 110 000 hectares en une semaine, soit environ un quart de la surface totale brûlée annuellement en Europe.

En parallèle, toutes les régions ont connu une perte de glace, mais avec un niveau encore inédit pour les glaciers de Scandinavie et du Svalbard (3) qui ont respectivement fondu de 1,8 mètre et de 2,7 mètres. Cette année 2024 a été la troisième année la plus chaude pour l'ensemble de l'Arctique et la quatrième pour les terres arctiques. Au cours des dernières décennies, cette région a été l'un des endroits de la planète qui s'est réchauffé le plus rapidement. Déjà, « depuis le début des relevés en 1975, les glaciers du monde entier ont perdu plus de 9 000 milliards de tonnes. Cela équivaut à un bloc de glace géant de la taille de l'Allemagne et d'une épaisseur de 25 mètres », indique Andrea Celeste Saulo.

Froid et inondations

Le bilan n'est pas plus clément en termes de précipitations : l'Europe occidentale a été confrontée à l'une des dix années les plus humides depuis 1950 et les inondations les plus étendues depuis 2013. Près d'un tiers du réseau fluvial (30 %) a dépassé un seuil d'inondation jugé « élevé », 12 % le seuil d'inondation « grave » en Europe occidentale, quand l'Europe orientale déplorait des débits inférieurs à la moyenne. Tempêtes et inondations ont touché environ 413 000 personnes en Europe, notamment à l'est, en Allemagne, en Pologne ou en Slovaquie, mais aussi en Italie et en Espagne, sur le territoire de Valence. Au moins 335 personnes y ont perdu la vie.

Des précipitations probablement renforcées par une atmosphère plus chaude et plus humide. Ce réchauffement de la planète n'empêche pas plus les épisodes de froid : 69 % des terres ont subi au moins quatre-vingt-dix jours de gel, au lieu de 50 % en moyenne auparavant. Cependant, le nombre de jours caractérisés par une « forte contrainte de froid » a été le plus bas jamais enregistré.

Ces bouleversements rendent plus que jamais évidents la nécessité de renforcer la résilience des territoires, notamment de leurs infrastructures et de leurs bâtiments. « L'adaptation au changement climatique n'est pas une option pour l'avenir », alerte Andrea Celeste Saulo. Pourtant, 51 % des villes européennes seulement disposent d'un plan d'adaptation au climat. Un progrès que les rapporteurs jugent malgré tout « encourageant par rapport aux 26 % de 2018. »

À noter tout de même : la proportion d'électricité issue de sources d'énergie renouvelables en Europe. Cette production a atteint le niveau record de 45 % en 2024, pour 43 % en 2023, malgré des conditions météorologiques défavorables.

1. Lire le rapport

2. European State of the Climate 2024

3. Archipel norvégien situé en mer du Groenland.

Nadia Gorbatko / actu-environnement

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