Les 3 chiffres qui montrent que le changement climatique a atteint un niveau sans précédent

Avec l'arrivée de La Niña dans la seconde moitié de l'année, la saison des ouragans dans l'Atlantique Nord s'annonce "extraordinaire", avec quatre à sept ouragans de catégorie 3 ou plus possibles. @PxHere

Le changement climatique atteint un niveau inégalé. Un consortium d’une cinquantaine de chercheurs mondiaux ont publié une mise à jour des indicateurs clés du changement climatique. La hausse moyenne de la température a déjà atteint 1,19°C ces dix dernières années et pourrait dépasser le seuil symbolique des 1,5°C d’ici cinq ans seulement.

+0,26°C

C’est la hausse moyenne de la température entre 2014 et 2023, un niveau encore jamais atteint. C’est ce que révèle la deuxième mise à jour des indicateurs clés du changement climatique (IGCC), publiée mercredi 5 juin par un consortium d’une cinquantaine de chercheurs dans la revue Earth System Science Data. Ce réchauffement est le résultat de la combinaison entre des émissions de gaz à effet de serre qui restent élevées, et la réduction de l’effet refroidissant des particules de pollution, due à l’amélioration continue de la qualité de l’air. Le réchauffement d’origine humaine a ainsi atteint 1,19°C au cours de la dernière décennie (2014-2023), soit une augmentation par rapport aux 1,14°C observés entre 2013 et 2022.

+1,43°C

C’est le réchauffement mesuré pour la seule année 2023, année la plus chaude jamais enregistrée, notamment en raison de l’effet El Niño, ce phénomène météorologique qui consiste au réchauffement d’une partie de l’océan Pacifique équatorial avec des conséquences sur le monde entier. Selon les chercheurs, le réchauffement provoqué par l’activité humaine a atteint 1,3°C en 2023, ce qui montre que la variabilité naturelle du climat, due notamment à El Niño, a également joué un rôle dans les températures records. Selon l’Organisation météorologique mondiale (OMM), La Niña, associée à des épisodes plus froids, devrait prendre le relais dans la deuxième moitié de l’année.

De quoi espérer un répit ? Pas forcément. “La fin d’El Niño ne signifie pas une pause dans le changement climatique à long terme, car notre planète continuera à se réchauffer en raison des gaz à effet de serre”, a déclaré Ko Barrett, secrétaire générale adjointe de l’OMM, citée dans le communiqué. L’OMM rappelle aussi que les neuf dernières années ont été les plus chaudes jamais enregistrées, malgré l’effet de rafraîchissement d’une longue La Niña, qui s’est étalée de 2020 au début de 2023. En outre, avec l’arrivée de La Niña, l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique (NOAA) projette une saison 2024 des ouragans “extraordinaire” dans l’Atlantique Nord, avec quatre à sept ouragans de catégorie 3 ou plus possibles.

200 milliards de tonnes de CO2

Ce sont les émissions que le monde peut en théorie émettre pour avoir 50% de chances de rester sous la barre des 1,5°C de réchauffement. C’est ce qu’on appelle le budget carbone restant. 200 milliards de tonnes de CO2, cela équivaut à cinq années d’émissions actuelles puisque le monde émet environ 50 milliards de tonnes de CO2 par an. En d’autres termes, cela signifie que nous avons une chance sur deux d’atteindre le seuil symbolique des 1,5°C, inscrit dans l’Accord de Paris, avant 2030. Si cela est très préoccupant, il faut aussi avoir en tête que ce dépassement peut n’être que temporaire, mais alors il va falloir accélérer dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre. A titre de comparaison, en 2020, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) avait calculé que le budget carbone restant pour rester sous 1,5°C se situait entre 300 et 900 gigatonnes de dioxyde de carbone, avec une estimation centrale de 500. Mais depuis, les émissions de CO2 et le réchauffement climatique se sont poursuivis, grignotant toujours le budget carbone restant.

novethic