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8 Français sur 10 favorables à plus de régulation des multinationales sur l'écologie et les droits humains
10/06/2025

Les citoyens français favorables à la régulation des multinationales - Photo de Remy Gieling sur Unsplash
Une écrasante majorité des citoyens français plaident pour mieux encadrer les pratiques des grandes entreprises, notamment en matière sociale et écologique, selon un récent sondage. La France et l'Europe sont au contraire engagées dans un vaste mouvement de dérégulation.
Alors que les mots simplification et dérégulation sont sur toutes les lèvres sur les scènes française et européenne, en particulier en matière écologique et sociale, les études d'opinion montrent au contraire que les citoyens européens continuent de faire de ces sujets une priorité. Un nouveau sondage, mené par OpinionWay pour Reclaim Finance et le Forum citoyen pour la justice économique (FCJE) et publié ce mercredi 4 juin montre ainsi que 80% des Français sont favorables à l'adoption d'un cadre réglementaire plus strict pour les entreprises en matière écologique et de respect des droits humains.
Selon le sondage, 81% des interrogés se disent ainsi favorables au fait que les multinationales soient tenues responsables de leurs impacts sociaux, environnementaux et climatiques et de ceux de leurs partenaires et sous-traitants. 86% souhaiteraient que les pouvoirs publics régulent les entreprises "pour qu'elles soient plus transparentes et préviennent leurs impacts, et ce même si des coûts supplémentaires existent pour les entreprises", explique le sondage. Ils sont même 90% à plaider pour que les multinationales s’engagent davantage dans la lutte contre le changement climatique, et qu'elles soient contraintes d’adopter et de mettre en place des plans de transition compatibles avec la limitation du réchauffement planétaire à +1,5°C.
Responsabilité, transparence, action climatique pour les multinationales
Les résultats montrent que cette opinion est d'ailleurs assez largement partagée, quel que soit le positionnement politique des personnes interrogées. Ainsi, si les sympathisants écologistes ou de gauche soutiennent plus massivement ces mesures de régulation des multinationales, ils sont tout de même plus de 75% à les encourager à droite ou à l'extrême droite. C'est pourtant justement ce cadre de régulation des grandes entreprises qui est actuellement menacé par la proposition de loi dite omnibus européenne.
Présentée par la Commission européenne en février dernier, elle vise notamment à limiter la portée de la directive sur le devoir de vigilance des multinationales votée l'année dernière pour responsabiliser les acteurs privés en matière de respect des droits écologiques et sociaux sur l'ensemble de leur chaîne de valeur. La directive sur la transparence sociale et environnementale des entreprises est également sur la sellette, jugée par les partis européens de droite comme trop contraignante.
"Offensive" contre la régulation
La France notamment, plaide au niveau européen pour affaiblir ces directives, et en particulier pour exempter les entreprises de moins de 5 000 salariés des obligations de vigilance sociale et écologique. Le président Emmanuel Macron soutenait même il y a quelques jours la suppression pure et simple du devoir de vigilance européen. "Cette offensive de l'exécutif français se fait à l’encontre de l’avis de tous les Français, quel que soit leur bord politique", commente Olivier Guérin, chargé de plaidoyer pour Reclaim Finance.
"Le message des Français est très clair : contrôlez les multinationales et leurs impacts socio-environnementaux et climatiques" ajoute-t-il. Les associations et syndicats, membres du Forum citoyen pour la justice économique plaident ainsi depuis de plusieurs années pour la mise en œuvre de législations ambitieuses pour responsabiliser les acteurs économiques. Des mesures qui visent également à éviter la concurrence déloyale d'entreprises chinoises ou américaines qui produisent dans des conditions sociales et écologiques dégradées.
Dans une étude publiée il y a quelques semaines, le chercheur du CNRS et du Centre international de recherche sur l'environnement et le développement Adrien Fabre rappelait aussi qu'il existe dans l'opinion un soutien majoritaire pour des politiques écologiques et climatiques ambitieuses, en Europe et même aux Etats-Unis.