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L'Arctique émet aujourd'hui plus de CO2 qu'elle n'en absorbe
22/12/2024
Un paysage montagneux, sur les îles Axel Heiberg, dans l'Arctique canadien (Canada), le 5 novembre 2024. (MICHAEL RUNKEL / ROBERT HARDING RF / AFP)
"C'est un signe de plus, prédit par les scientifiques, des conséquences d'une réduction inadéquate de la pollution par les combustibles fossiles", alerte Rick Spinrad, le chef de l'Agence d'observation atmosphérique et océanique américaine.
C'est une région du monde particulièrement soumise aux effets du réchauffement climatique. L'Arctique émet désormais plus de dioxyde de carbone qu'elle n'en stocke en raison notamment de la dégradation de sa végétation, selon un rapport américain de référence publié mardi 10 décembre. Cette nouvelle donnée "aggravera les effets du changement climatique", selon Rick Spinrad, le chef de l'Agence d'observation atmosphérique et océanique américaine (NOAA)(Nouvelle fenêtre) à l'origine de ce rapport. Il y voit "un signe de plus, prédit par les scientifiques, des conséquences d'une réduction inadéquate de la pollution par les combustibles fossiles".
Présente dans une grande partie de l'Arctique, la toundra est un milieu écologique composé d'une végétation adaptée aux régions très froides, recouvert de permafrost. Aussi appelé pergélisol, ce sol gelé contient d'importantes quantités de carbone. Or, ces dernières décennies, les incendies de toundra n'ont cessé d'augmenter et ont connu un record en 2023, note l'agence. En brûlant la végétation, ces feux libèrent du dioxyde de carbone dans l'atmosphère et altèrent également les couches isolantes du sol, accélérant ainsi le dégel à long terme du pergélisol.
"Un signe avant-coureur alarmant"
"L'année 2023 a été une année record en termes d'incendie, en raison des incendies au Canada, qui ont émis près de 400 millions de tonnes de dioxyde de carbone", a expliqué Brendan Rogers, co-auteur du rapport, lors d'une conférence de presse. Cela représente, à titre de comparaison, "plus que les émissions annuelles de tous les autres pays, à l'exception de la Chine, des Etats-Unis, de l'Inde et de la Russie", a-t-il précisé.
Après cette année record, 2024 arrive en deuxième place en termes d'émissions liées à des feux de forêt survenus au nord du cercle polaire arctique, précise l'agence sur son site. Par ailleurs, selon le rapport de la NOAA, basé sur des observations menées entre 2001 et 2020, les températures enregistrées à la surface de l'Arctique, mais aussi celles à au moins 15 mètres de profondeur, dans le pergélisol, n'ont cessé d'augmenter dans les dernières années.
Le fait que la toundra relâche à présent davantage de CO2 qu'elle n'en stocke est "un signe avant-coureur alarmant", a réagi mardi Brenda Ekwurzel, climatologue de l'ONG américaine Union of Concerned Scientists. "Une fois atteints, nombre de ces seuils d'impacts négatifs sur les écosystèmes sont irréversibles", a-t-elle prévenu.