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L’Autorité environnementale alerte sur les faiblesses de la stratégie énergétique française
02/01/2025
À l’approche des décisions cruciales du gouvernement concernant la transition énergétique, l’Autorité environnementale (AE) a rendu un avis détaillé sur la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE). Dans ce document de 42 pages, l’autorité indépendante pointe plusieurs lacunes dans la feuille de route de la France en matière de décarbonation de la production d’énergie, notamment en ce qui concerne le transport aérien, la gestion des déchets et l’impact paysager.
Le gouvernement prévoit une réduction de 31 % de la consommation d’énergie d’ici 2030 pour atteindre l’objectif européen de neutralité carbone en 2050, mais l’Autorité estime que les mesures actuelles ne suffisent pas. Elle recommande de renforcer les efforts, notamment en abaissant l’objectif de consommation d’énergie finale de 12 % pour 2030, et en accentuant les mesures de sobriété énergétique. L’accent mis sur l’électrification des usages, en revanche, est jugé problématique, car il pourrait entraîner une augmentation de la consommation d’énergie primaire, comme c’est le cas pour le chauffage électrique.
L’une des critiques majeures de l’Autorité concerne la hiérarchisation des usages de la biomasse. Elle recommande de privilégier l’alimentation humaine, la préservation des ressources naturelles et les besoins industriels avant les biocarburants. Le transport aérien, pourtant un secteur majeur en termes de consommation d’énergie, est également absent du plan, bien que la part des carburants durables pour ce secteur en 2050 soit considérée comme importante.
L’impact environnemental de la numérisation, notamment l’augmentation de la consommation d’électricité liée à l’intelligence artificielle, n’est pas abordé. De même, la gestion des déchets, qui pourrait jouer un rôle crucial dans la transition énergétique via des procédés comme la méthanisation ou le recyclage des panneaux solaires et des batteries, est négligée.
L’Autorité pointe également l’absence de prise en compte des conséquences paysagères de la production et du transport d’énergie, notamment concernant les zones protégées Natura 2000. Elle suggère que la France s’inspire des modèles d’Allemagne, du Benelux et du Danemark, qui ont développé des zones spécifiques pour l’implantation d’éoliennes et de panneaux solaires, afin d’augmenter l’acceptabilité des nouvelles installations.
Concernant le nucléaire, l’Autorité souligne la nécessité d’une réévaluation des coûts liés à la construction de nouveaux réacteurs EPR2 et de la gestion des aléas, comme les incertitudes sur la prolongation des réacteurs actuels ou la disponibilité de la ressource en eau, essentielle pour le fonctionnement des centrales.
Cet avis survient alors que Marc Ferracci, le ministre de l’Énergie, doit prendre des décisions déterminantes dans les mois à venir. La feuille de route énergétique de la France, attendue pour la fin du premier trimestre 2025, devra répondre à ces critiques et intégrer davantage de mesures pour garantir la transition énergétique tout en minimisant son impact environnemental.
Abdel Mokhtari - lemondedelenergie