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Vivre en ville à 50 °C : un collectif se met en place pour adapter les bâtiments

21/04/2025

Vivre en ville à 50 °C : un collectif se met en place pour adapter les bâtiments

    De nombreuses toitures parisiennes sont en zinc, et rendent les habitations particulièrement sensibles aux fortes températures.  © andersphoto

Rénover en ayant à l'esprit le confort d'été et tester des solutions grandeur nature, tel sera l'objectif du collectif Le Booster de l'adaptation aux vagues de chaleur, un programme collectif volontaire ouvert à tous les acteurs du bâtiment.

Se préparer à vivre dans des villes où le thermomètre affiche 50°C à l'ombre plusieurs fois chaque été, tel est l'objectif d'une nouvelle initiative collective lancée, jeudi 11 avril, à l'Académie du climat de Paris. Baptisée le Booster de l'adaptation aux vagues de chaleur, l'idée est d'expérimenter le plus possible des solutions en rénovation de bâtiment et de le faire de manière concertée avec un même objectif : améliorer l'habitabilité des logements en situation de forte canicule.

Après avoir longtemps prôné la rénovation des logements pour lutter contre le froid en hiver, le collectif veut travailler sur le confort d'été une notion qui peut « remettre en question la décence d'un logement » , selon Christophe Rodriguez, directeur général adjoint du cabinet A4MT, chef de file de la démarche. Une approche urgente, selon Alexandre Florentin, président de Mission Paris à 50°C, car « les canicules vont arriver plus vite que notre capacité à rénover le parc ».

La Ville de Paris, dans le cadre de sa stratégie de résilience, a d'ailleurs rejoint le collectif au même titre que de nombreuses autres collectivités, bailleurs sociaux, aménageurs, promoteurs et cabinets d'architecture et de conseil. « L'habitabilité d'été est une préoccupation des propriétaires parisiens. C'est une attente extrêmement forte, justifie Jacques Baudrier, adjoint à la maire de Paris chargé du logement et de la transition écologique du bâti. Et comme nous avons une très forte inquiétude sur le soutien de l'État, on s'en saisit. »

Documenter le bâti et tester sur le terrain

Les canicules vont arriver plus vite que notre capacité à rénover le parc

Alexandre Florentin, Mission Paris à 50°C

La Ville de Paris a déjà commencé à travailler sur le sujet et compte sur le collectif pour avancer plus vite, et surtout trouver des solutions. « Nous avons étudié le patrimoine parisien : 75 à 80 % des toitures sont en zinc ou en tuile, et en pente, rappelle Pénélope Komitès, adjointe à la maire de Paris chargée de la résilience. La méthode du sarking [qui consiste à isoler la toiture par l'extérieur en ajout sur l'ancien toit, ndlr] serait une solution adaptée, mais les architectes des Bâtiments de France l'acceptent difficilement. Nous allons lancer un appel à projets international pour identifier des techniques de rénovation adaptées. » Viendra ensuite la phase d'expérimentation, et c'est là que le collectif Booster présente un intérêt pour la collectivité. « Les acteurs engagés dans la démarche devront identifier cinq opérations chaque année sur lesquelles ils mettront un maximum d'ambitions », explique Christophe Rodriguez.

C'est aussi cet axe de l'expérimentation qui a attiré plusieurs bailleurs sociaux vers la démarche, comme Sequens, filiale francilienne du groupe Action Logement. « Il faut que l'on se pose la question de l'adaptation, encore peu adressée par les maîtres d'œuvre. On cherche des solutions acceptables dans la durée, et on peut tester des choses », explique Marion Oechsli, la directrice générale. Le groupe a déjà travaillé sur le sujet en réalisant une cartographie croisant son patrimoine et les îlots de chaleur urbains pour hiérarchiser son action. Il a identifié trois résidences d'âge différent sur lesquelles il compte tester plusieurs solutions visant à améliorer le confort d'été (volets, brasseurs d'air, sondes de température…). Du côté de CDC Habitat, également engagé dans la démarche, la prise en compte de cet enjeu s'est traduite par la réalisation d'une méthodologie visant à diagnostiquer la performance de résilience pour chaque bâtiment et d'en déduire un programme de travaux.

Former aux enjeux du confort d'été

À la direction des constructions publiques et architecture à la Ville de Paris, on expérimente également, mais c'est surtout la formation des collaborateurs qui a retenu l'attention. « On a travaillé sur les économies d'énergie pendant les quinze dernières années. Le confort d'été est nouveau pour nous. On est en train d'établir un cahier des charges interne pour former nos collaborateurs lors du diagnostic du bâtiment, lors du dialogue avec les usagers et sur les solutions disponibles, explique Caroline Haas, la directrice. L'objectif est d'établir un pack de travaux sans regret. »

Une approche d'autant plus importante que certaines rénovations énergétiques axées sur le confort d'hiver ont pu, dans certains cas, être contre-productive sur le confort d'été. « Dans ces projets, la chaleur rentre doucement dans les habitations certes, mais elle est difficile à faire sortir », remarque Caroline Haas. D'ailleurs, dans le cadre du Booster, la Ville de Paris aimerait repartir d'une résidence déjà rénovée pour identifier ce qui n'a pas été pensé, et faire monter en compétences ses conducteurs d'opérations. « Le programme devra en effet placer le bon curseur entre adaptation du bâtiment et atténuation des émissions de gaz à effet de serre », reconnait Christophe Rodriguez.

Toutes les expériences et travaux engagés par les membres du collectif seront ainsi partagés et un programme d'expérimentation sera établi. « La mesure du réel sera la base des travaux du Booster. Reste à se mettre d'accord sur qui teste quoi », conclut Christophe Rodriguez, qui appelle ceux qui le souhaitent à rejoindre la jeune démarche.

Florence Roussel / actu-environnement

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