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À bord d’un avion électrique silencieux
03/06/2025

Nicolas Rousseau (à gauche), directeur de l’école d’aviation privée rennaise Air Skol, et Vincent, l’un des pilotes instructeurs, devant le « Velis Electro ». | OUEST-FRANCE
Le Velis Electro est le premier avion 100 % électrique autorisé à voler en Europe. À Rennes (Ille-et-Vilaine), les élèves d’Air Skol apprennent à le piloter. On embarque pour le découvrir.
« On met les gaz ? » Dans cet avion, ne cherchez pas la manette des gaz. Pour accélérer, on pousse un levier, le power lever. Les jauges de carburant ont disparu du tableau de bord. « Je mets la batterie en marche » , explique Vincent (1), l’un des pilotes instructeurs de l’école d’aviation privée Air Skol, à l’aéroport de Rennes (Ille-et-Vilaine). Nous sommes dans le cockpit du Velis Electro , avant son décollage. Ce biplace est le premier avion 100 % électrique certifié au monde. Homologué en Europe, il est fabriqué en Slovénie par Pipistrel, une société de production d’avions ultralégers.
« Je contacte le contrôleur du sol. » L’avion au sol oscille dans le vent. Il ne pèse que 420 kg, contre environ 600 kg pour un avion thermique équivalent. « J’enlève le frein. Le moteur démarre. » C’est drôle, on n’entend rien ! Le moteur, minuscule, est une rondelle de 35 cm de diamètre sur 12 cm d’épaisseur. Une grande batterie lithium-ion (80 cm de haut) est derrière nous, l’autre dans le nez de l’avion.
Seulement soixante décibels
« Je mets de la puissance, l’hélice va tourner. » Enfin, du bruit ! On dirait une grande soufflerie, pas vraiment agressive. « Cet avion n’émet que soixante décibels, il est beaucoup moins bruyant que les autres, selon Nicolas Rousseau, le directeur d’Air Skol. Quand il répète les tours de piste, c’est apprécié des riverains. » Les avions thermiques émettent vingt décibels de plus, c’est-à-dire un bruit quatre fois plus fort. Beaucoup d’aérodromes en France sont proches des habitations, avec des horaires restreints pour l’apprentissage. Un avion électrique améliore les relations de voisinage.
Le « Vélis Electro » a une autonomie de quarante-cinq minutes. | OUEST-FRANCE
« Cet avion n’émet pas de CO 2, nous sommes un acteur de la transition écologique de l’aviation, résume Nicolas Rousseau. On compte vingt-sept Velis Electro en Europe. Depuis février, nous louons celui-ci à la société Green Aerolease, à Brest (Finistère). » Avec un prix d’environ 250 000 €, il est moins cher que ses équivalents thermiques. Pour une heure de vol, le prix de l’électricité est cinq fois moins élevé que celui du carburant. Son point faible : son autonomie, réduite à quarante-cinq minutes. C’est toutefois suffisant pour apprendre, en trente heures, les décollages et les atterrissages, les caps et l’altitude, les virages… Sur les quarante-cinq heures de vol nécessaires pour le brevet de pilote, la partie navigation (quinze heures) est réalisée sur deux autres avions thermiques d’Air Skol.
Toute la puissance, tout de suite
Dans l’axe de la piste, l’avion s’apprête à décoller. Il va délivrer jusqu’à 62 kW. « Comme dans une voiture électrique, vous avez toute la puissance, tout de suite, explique Vincent. C’est très différent des moteurs thermiques. » En quelques dizaines de secondes, on vole à 300 m d’altitude, presque à 150 km/h (80 nœuds). Le Velis Electro peut atteindre 180 km/h. Rennes se dessine au soleil, entouré de champs, d’étangs, de petites villes et de routes. C’est instantanément magnifique.
« Les sensations sont nouvelles, c’est très souple et agréable, poursuit le pilote. Et il n’y a pas de vibrations. » Les petits mouvements de l’avion sont dus aux changements de densité de l’air : la chaleur monte, il fait 20 °C. Pourrait-on aller se poser à Dinard ? En théorie oui, mais aucun aéroport n’a de borne électrique. Au bord de la Vilaine, deux cyclistes observent notre avion silencieux. De retour au hangar, il se recharge en trois quarts d’heure.
Le prochain avion électrique qui pourrait voler en 2026 est l’Integral E, conçu par Aura Aero, à Toulouse (Haute-Garonne). Son vol d’essai a eu lieu le 3 décembre. L’autonomie de ce biplace, plus puissant, sera d’une heure. De nombreux aéroclubs ont déjà pris commande. Ces machines séduisent les apprentis pilotes, sensibles à la décarbonation de l’aviation.