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Géotex : une renaissance verte pour le textile en Ariège
20/12/2024
Sur les photos : Victor Lamégo sur le site de la future usine Géotex - Les multiples utilisations du chanvre - Crédits : Raphaël Kann.
Lauréate de l’appel à projets de l’Ademe, l‘entreprise Géotex a reçu une subvention de 6 millions d’euros dans le cadre du plan France 2030. De quoi lancer un projet industriel de 30 millions d’euros.
Le grand retour du textile à la française est annoncé dans le Pays d’Olmes, en Ariège. Portée par Victor Lamego, à la tête de Biotex Technologie depuis 2011, l’initiative Gétotex a reçu le soutien de l’État, de fonds privés mais aussi de toutes les collectivités locales, qui y voient « un projet exemplaire ». Des années de travail ont abouti à la conception d’un site de production pour fabriquer un géotextile inédit, local, propre et durable. Montant total : 30 millions d’euros. Le tour de table est désormais bouclé.
« Cette aventure, c’est un défi technologique et financier colossal qui a commencé durant le confinement », raconte Victor Lamego. Sollicité par l’État en 2020 pour fabriquer des textiles à usage sanitaire, l’entreprise spécialiste du textile automobile Sage Automotive Interiors s’est appuyée sur les compétences de Biotex Technologie pour assurer l’ingénierie d’industrialisation, l’homologation et la commercialisation de masques, en des temps records. 6 millions de masques plus tard, les deux dirigeants se lancent dans une réflexion sur la souveraineté industrielle, qui permettrait de stabiliser et diversifier leurs activités. C’est alors que Victor Lamego et Mathias Daynie prennent connaissance du projet Geofibnet, lancé par la Région quelques années plus tôt, et s’orientent vers la conception d’une unité de production de géotextiles.
Une production respectueuse de l’environnement
Les géotextiles sont des matériaux utilisés pour protéger les berges des rivières ou les pentes contre l’érosion, sur les remblais des routes ou des voies ferrées. La demande mondiale de ces matériaux ne cesse de croître. En 2023, le marché est estimé à plus de 12 milliards de dollars - dont plus de 1 milliard pour la France -, avec des prévisions atteignant 25 milliards de dollars d’ici à 2030. Ce marché, dominé par des produits synthétiques, est particulièrement polluant : ces derniers libèrent des microplastiques qui s’infiltrent dans les nappes phréatiques, polluent l’air, et peuvent mettre jusqu’à 500 ans à se dégrader. Quant aux 10 % de géotextiles naturels, ils sont généralement produits à partir de matières importées, jute ou coco.
« Avec Géotex, nous proposons une alternative à une industrie mondiale polluante », avance Victor Lamego. Elle repose sur des géotextiles 100 % naturels, fabriqués à partir de laine et de chanvre cultivé en Occitanie, selon un procédé de fabrication breveté conçu en partenariat avec l’École nationale d’ingénieurs de Tarbes (Enit). Grâce à cette innovation, les géotextiles biodégradables répondent aux exigences de durabilité et se décomposent naturellement dans le sol, minimisant ainsi leur impact environnemental.
Une usine de pointe
Les premiers stocks de chanvre, cultivés sur 400 hectares, sont prêts ; il faudra en cultiver 4000 autres pour répondre aux besoins du site une fois qu’il sera pleinement opérationnel, en 2028. La construction de l’usine, économe en eau et en énergie, sera lancée dans quelques mois sur une ancienne friche industrielle. L’entreprise va employer une quarantaine de personnes et se développera avec plusieurs centaines d’agriculteurs partenaires, intéressés à diversifier leurs exploitations. Objectif : fournir 10 millions de mètres carrés de géotextiles sur les 140 millions utilisés par an en France. Une aubaine pour un territoire parmi les plus sinistrés de France !
Valérie Ravinet / touleco-green