Le salon des Solutions
environnementales & énergétique du
Sud-Ouest
Les Actualités
Changement climatique : quel est l’impact sur le secteur des assurances
21/11/2024
Confrontées à des sinistres de plus en plus fréquents, les assurances doivent s'adapter. © Jeff Pachoud / AFP
Avec l’augmentation des catastrophes naturelles, les assurances doivent indemniser des sinistrés toujours plus nombreux. Pour y faire face, le secteur a tendance à augmenter ses prix et à se retirer des zones les plus risquées. Mais il cherche aussi à s’adapter. Explications.
6,5 milliards d’euros. C’est le montant déboursé par les assureurs français pour indemniser les sinistrés des catastrophes climatiques de l’année 2023, ce qui en fait la troisième année la plus coûteuse selon France Assureurs. Dans un communiqué, la fédération constate que "sur les 4 dernières années, la sinistralité climatique atteint en moyenne 6 milliards d’euros par an, largement supérieure à celle de la décennie précédente", avant d’ajouter que "le dérèglement climatique s’aggrave plus vite que prévu : sur cette même période 2020-2023, le coût des sinistres climatiques pour les assureurs est supérieur de 18 % à la prévision établie par France Assureurs en 2021 à l’horizon 2050".
Au-delà des aspects sanitaires, sociaux ou environnementaux du changement climatique, la question de son impact sur le secteur des assurances se pose. Car dans un monde où les risques de sinistres climatiques sont de plus en plus fréquents, avoir accès à un contrat d’assurance pourrait s’avérer plus difficile.
Des assurances plus chères et plus frileuses
Tout d’abord parce que, mécaniquement, un risque plus élevé entraîne une augmentation du prix de l’assurance pour les ménages, les collectivités et les entreprises. Selon le cabinet de conseil Facts & Figures, le coût des assurances habitations devrait augmenter de 10 à 12 % dès le 1er janvier prochain. Et la surprime catastrophe naturelle, prélevée sur les contrats d’assurance habitation, devrait, elle, subir une hausse de 12 à 20 %. Une revalorisation censée redonner de l’oxygène à la Caisse centrale de réassurance (CCR), le réassureur public français, et que le Sénat souhaiterait voir automatisée dès 2027. "Cela évitera ce qu'on va tous connaître sur nos factures le 1er janvier : un saut très important. Car depuis plus de dix ans, on n'a pas augmenté ce taux, alors même que les coûts de sinistralité s’envolaient", affirme à l’AFP Christine Lavarde, sénatrice Les Républicains, à l’origine de cette proposition de loi..
Les assureurs pourraient aussi davantage refuser d’assurer lorsqu’ils jugent le risque trop élevé, comme c’est déjà le cas dans certains Etats des Etats-Unis. Selon l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR), l’institution chargée de la surveillance de l'activité des banques et des assurances, les taux de résiliation de la part des assureurs seraient en nette augmentation d’ici 2050. En particulier dans les zones les plus exposées aux risques climatiques, comme les littoraux.
"On doit regarder vers l’avenir et essayer de prévoir"
Pour s’adapter, le secteur des assurances a formulé des propositions au gouvernement en avril dernier. Par exemple, un système de bonus-malus fiscal pour les assureurs, basé sur le niveau d’exposition aux aléas climatiques des zones assurées, pour éviter que certaines zones soient délaissées par le marché assurantiel. Ils suggèrent aussi de renforcer la prévention, notamment en investissant dans la résilience des bâtiments et en consolidant la cartographie des zones d’exposition aux principaux aléas naturels majeurs.
Les assureurs se préparent dès à présent à changer leurs méthodes de travail. "Le rôle de l’assureur, ça a toujours été historiquement de s’appuyer sur le passé, c’est-à-dire sur l’histoire, sur les données et ça reste évidemment important. Mais aujourd’hui, les changements sont tels qu’on doit regarder vers l’avenir et essayer de prévoir", explique à l’AFP Frédéric de Courtois, directeur général adjoint de l’assureur français Axa. "Une des solutions c’est d’investir toujours plus dans le capital humain et les nouvelles compétences : avec des météorologistes, avec des sociologues, avec des experts dans les différents domaines".
Le troisième plan national d’adaptation au changement climatique (Pnacc), présenté par le Premier ministre Michel Barnier le 25 octobre, s’est également emparé de la question. Il indique qu’un "dispositif sera instauré afin d’inciter les assureurs à maintenir une offre assurantielle abordable et disponible sur tout le territoire et à ne pas délaisser les zones les plus à risques".
Le 17 octobre, la CCR a quant à elle annoncé le lancement d’une carte pour recenser les zones les plus exposées aux catastrophes climatiques. Celle-ci sera ensuite comparée à une carte de la présence des assureurs sur le territoire, pour identifier les endroits désertés par ces derniers. Si les premiers résultats doivent arriver au printemps 2025, les données resteront cependant confidentielles pour ne pas perturber le marché de l’immobilier, et seul l’Etat pourra les consulter.