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Cannes : 10 ans d’expérience dans la gestion énergétique des bâtiments

08/01/2025

Cannes : 10 ans d’expérience dans la gestion énergétique des bâtiments

La ville de Cannes mène un plan d’actions dans trois domaines qui lui permet de donner des conseils aux autres collectivités pour réaliser des économies d’énergie.

La gestion énergétique des bâtiments par IoT doit être la priorité des collectivités pour réaliser des économies, d’après l’Observatoire des territoires connectés et durables. La raison : il s’agit de l’usage le plus rapidement rentable. Mais les gains ne se réalisent pas du jour au lendemain. La ville de Cannes, qui a une dizaine d’années d’expérience dans ce domaine de la smart city, avec l’adoption de son Plan énergie en 2014, nous dévoile sa stratégie. Un plan d’actions autour de trois postes majeurs de dépenses d’énergie est mené à intervalles réguliers. « Pour que cela fonctionne, il faut que cela soit un travail au long cours, avec des procédures et des investissements. On ne gagne pas 10, 15 ou 50% d’économies d’énergie d’un coup de baguette magique », assure Thomas Onzon, directeur général Service Technique de la Ville.

Le premier poste traité a été l’éclairage public, représentant 11 GWh par an. Les ampoules au sodium ont été remplacées par des Led et l’intensité de l’éclairage est programmée, Cannes n’ayant pas souhaité couper les luminaires la nuit. « 144 compteurs dans les armoires de télésurveillance de contrôle de l’éclairage ont été changés et celles-ci ont été dotées de variateur de puissance, cela nous a permis de baisser de 45% la consommation en dix ans sur l’ensemble du parc », précise Thomas Onzon. L’éclairage public est généralement le point d’entrée des villes pour réaliser des économies rapidement.

20 à 25% d’économies d’énergie pour la même chaleur diffusée dans l’école

Le deuxième poste identifié a été le chauffage au gaz des écoles. Les chaudières de 25 bâtiments ont été changées par des équipements modernes à compensation et le régime des températures de l’eau est désormais contrôlé à distance par des capteurs reliés à une GTC, une solution de gestion technique centralisée. « Nous avons réalisé 20 à 25% d’économies d’énergie pour la même chaleur diffusée dans l’école, auxquelles on peut ajouter encore 7% si on réduit les températures d’un degré », indique Thomas Onzon. Un peu plus du tiers du parc est modernisé, 25 bâtiments sur 60, ce qui offre encore des perspectives d’optimisation. Les piscines, premier poste pour le gaz à Cannes, ont quant à elles été pourvues d’échangeurs thermiques pour préchauffer l’eau entrant dans les bassins par celle rejetée.

Troisième poste sur lequel les équipes de Cannes concentrent leurs efforts : la gestion énergétique des bâtiments tertiaires. « Les bâtiments publics tertiaires sont les plus difficiles à gérer : il n’est pas possible de couper les ascenseurs par exemple et ces bâtiments ont tendance à consommer toujours plus, avec les besoins en climatisation », observe Thomas Onzon. Le gisement d’économies d’énergie trouvé concerne l’autoconsommation collective. Le service Energie de la ville a mené une première expérimentation sur les serres municipales avec la solution d’une start-up locale. Un deuxième lot sera testé à partir d’une école.

Des actions à planifier de manière récurrente

Fort de son expérience, Thomas Onzon a identifié trois clés de succès pour réaliser des économies d’énergie. « Il est nécessaire de réaliser des audits liés au Décret Tertiaire pour connaître une palette d’actions à mener. C’est l’accumulation de petites économies qui permet d’atteindre des résultats », certifie-t-il.

Côté mise en œuvre, le plus délicat aux dires de Thomas Onzon est la formation des techniciens au pilotage des solutions connectées. En comptant Baptiste Pajaud dans son équipe, Thomas Onzon bénéficie de l’expertise d’un économe de flux. Enfin, côté finances, le sujet de préoccupation actuel des collectivités, Thomas Onzon recommande fortement de planifier de petits plans d’actions de manière récurrente : « Rénover un bâtiment représente un investissement colossal, de l’ordre d’un million d’euros, dont 50 000 à 100 000 euros pour l’installation de GTB avec des capteurs. Nous ne pouvons pas dire aux administrés que sur une année, nous ne ferons que moderniser les écoles. Il faut donc prévoir un programme dans le temps. »

Baptiste Pajaud s’appuie sur le logiciel Savee d’Advizeo pour suivre et comprendre les consommations d’énergie afin d’identifier les dérives, mais aussi calculer les économies d’énergie si tel équipement est installé et prévoir les budgets par mois. Au total, 250 bâtiments publics (établissements scolaires, locaux techniques et bâtiments culturels) sont analysés via le logiciel, soit 150 000 mètres carrés. « C’est grâce au logiciel que nous avons pu connaître le gain d’installer de l’autoconsommation collective sur les serres », détaille l’économe de flux. Par le logiciel, la ville de Cannes a établi avoir réalisé entre 28% et 30% d’économies d’énergie sur les 40% demandés pour 2030 par le décret Tertiaire. 91 bâtiments sont concernés par ce décret à Cannes. « Pour renforcer les économies d’énergie, il faut aussi jouer sur le comportemental mais c’est plus compliqué que la partie technique », reconnaît Baptiste Pajaud.

En 2025, en plus du plan sur l’autoconsommation collective, la ville prévoit de déployer des GTB dans six bâtiments publics et l’agglomération travaille sur trois nouveaux réseaux de chaleur, sur la Croisette, sur une station d’épuration à Mandelieu et sur le quartier de renouvellement urbain de la Frayère, en plus de celui existant près de la centrale biomasse. « Un réseau de chaleur est plus économe que chauffer à l’électrique. Cela pourrait réduire de 30 à 50% la consommation, ce qui n’est pas négligeable », souligne Baptiste Pajaud, avant de conclure : « Le jumeau numérique n’est pas encore notre priorité mais il nous faudra commencer à l’anticiper pour aller encore plus loin. »

smartcitymag

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