Depuis Toulouse, Ecotrain met sur les rails son projet de navettes ferroviaires électriques

Sur la photo : Alexandre Zisa, dirigeant de la start-up Ecotrain, accompagnée par l’incubateur Nubbo. Crédit : Hélène Ressayres-ToulÉco.

Accompagné par l’incubateur toulousain Nubbo, la jeune pousse Ecotrain développe des navettes ferroviaires électriques légères. L’objectif est de booster la mobilité décarbonée en redynamisant les nombreuses lignes de train à l’abandon au niveau européen. La start-up basée à Toulouse s’est lancée dans sa première levée de fonds.

Et si, pour désenclaver les zones rurales et les petites villes, le train était la meilleure solution ? C’est la conviction de la jeune pousse Ecotrain, accompagnée depuis le début de l’année par l’incubateur toulousain Nubbo. « Il y a environ 350.000 kilomètres de lignes à l’abandon ou sous-utilisées au niveau mondial. Il y a une centaine de milliers d’entre elles qui pourrait être réutilisées. Ces passages existent déjà, donc pas besoin d’exproprier un habitant, de négocier avec un agriculteur ou d’arracher des arbres », analyse Alexandre Zisa, dirigeant de la start-up qui a navigué toute sa vie dans le monde des transports.

Le projet de navettes ferroviaires électriques légères [1] a germé à la fin des années 2010 dans la tête de Philippe Bourguignon, ancien directeur de recherche chez Engie. En 2022 a été lancé officiellement, dans le cadre du plan de France 2030 et avec l’appui de l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie), un travail de recherche [2] pour valider la faisabilité technique et commerciale d’une telle initiative. Pour ce projet, qui a bénéficié de 8 millions d’euros, soixante-quinze lignes abandonnées ont été étudiées.

« Nos trains légers mettront moins de temps à voir le jour que les LGV »

Née fin 2024, la start-up Ecotrain prend la suite du projet de recherche pour l’amener vers l’industrialisation. Cette année, la jeune pousse s’est lancée dans une levée de 850.000 euros afin de finaliser le projet d’une première ligne, qui pourrait voir le jour dès 2029. Un délai court dans le monde du ferroviaire. « Nos trains sont légers. Le transport ferroviaire est né dans l’idée qu’il faut transporter énormément de personnes et de biens pour être rentable et efficace. Le rail a un passé militaire, il faut avoir ça en tête. L’évolution de la technique fait qu’aujourd’hui un système économique peut fonctionner même avec peu de fret et de passagers transportés. Les éléments qui composent un train sont beaucoup moins chers et plus faciles à faire aujourd’hui. Nos trains légers mettront bien moins de temps à voir le jour que les grands projets de LGV. Un projet à une dizaine de millions d’euros est plus aisé à financer et à réaliser qu’un projet qui coûte une centaine de millions d’euros », détaille Alexandre Zisa.

L’Ecotrain sera réalisé industriellement en Europe et pourrait intéressé de nombreuses régions, communautés de communes, et autres syndicats mixtes en France et à travers l’Europe « grâce à de prix très compétitifs », selon l’entrepreneur des transports. L’équipe d’Ecotrain met aussi en avant la dimension écologique de l’aventure. « Nos écotrains émettront, par passager-kilomètre, autant qu’un vélo électrique. L’empreinte carbone est extrêmement faible. Nous participons fortement à la mobilité décarbonée. Il y a une appétence forte pour le train qui ne va pas redescendre. En Allemagne, pays où l’usage de la voiture était très important il y a quelques années, on voit que des jeunes ne passent plus le permis pour n’utiliser que de la mobilité décarbonée (bus, trams, vélos et trains). Il y a des choses qui vont dans le bon sens en ce moment », s’enthousiasme le dirigeant-associé haut-garonnais.

Matthias Hardoy

Notes

[1] Qui seront à terme autonomes, ou du moins avec des chauffeurs hors du train.

[2] Qui a été réalisé en collaboration avec l’IMT Mines d’Albi et l’IMT Nord Europe de Douai.

touleco