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Avec son système de traçabilité innovant, Sobra veut dynamiser le réemploi dans le BTP
24/03/2025

Grace à un système de QR code, l’entreprise toulousaine Sobra agit sur la traçabilité des matériaux issus de le déconstruction. Avec cet outil, la start-up compte démocratiser le réemploi et contribuer à la décarbonation du secteur du BTP. (© Caroline Fabre)
Créée en 2023, Sobra mise sur le reconditionnement et le réemploi des matériaux issus de la déconstruction. Avec son QR code de suivi et ses actions de sensibilisation au recyclage auprès des entreprises du BTP, la start-up table sur 350 K€ de chiffre d’affaires en 2025.
42 millions, c’est le nombre de tonnes de déchets produits par le secteur de l’industrie du bâtiment chaque année en France, un chiffre équivalent à ce que produisent les ménages français. D’après ces données révélées par un rapport de l’Ademe publié en mars 2021, 80 % de ces déchets pourraient connaître une deuxième vie, mais seulement 1 % sont réutilisés. L’un des défis majeurs de la filière du BTP concerne donc le recyclage des matériaux condition sine qua none pour accélérer sa décarbonation.
Pour aider les acteurs du domaine à aller dans ce sens, l’État a promulgué en 2018 la loi de Transition Énergétique pour la croissance verte. Celle-ci affiche des objectifs ambitieux, 70 % des déchets issus du BTP devant être valorisés à horizon 2035. Suivant cette démarche, Toulouse Métropole a également mis en place le projet Waste2built en 2021. Celui-ci vise à réduire de 20 % l’impact du BTP dans la consommation de ressources et la production de déchets. Bien conscient de l’enjeu, tant social qu’environnemental, François Devin a créé en 2023 l’entreprise Sobra, spécialisée dans le reconditionnement des matériaux issus de la déconstruction pour qu’ils puissent être utilisés dans de nouveaux projets de construction.
Décarboner l’industrie du bâtiment
Dans son atelier situé dans les anciens locaux de la poste du quartier des Minimes à Toulouse, la société qui emploie huit salariés, dont quatre en insertion, intervient sur toutes les étapes de la chaîne du réemploi : « du conseil et études en réemploi à la préparation de chantier en amont, en passant par le reconditionnement et la valorisation de certains matériaux en trouvant des chantiers récepteurs », précise son fondateur et directeur dans un communiqué daté du 4 mars dernier.
Une chaîne de valeur qui, si elle est démocratisée, peut avoir un « impact considérable sur la décarbonation de l’industrie du bâtiment », ajoute l’intéressé, également vice-président de Re-Tolosa, un collectif d’acteurs du BTP dont l’ambition est de généraliser le réemploi de produits et de matériaux de construction dans la région toulousaine.
En effet, malgré un début de prise de conscience, cette filière est encore embryonnaire sur le territoire. D’après François Devin, trois défis restent à relever :
Il faut développer les plateformes de stockage, essentielles pour l’évaluation et la conservation des déchets. Ensuite, nous avons besoin d’industrialiser le processus de réemploi pour que celui-ci soit efficace à grande échelle. Enfin, il faut mettre en place des systèmes de traçabilité pour suivre l’origine et les caractéristiques des matériaux, ce que nous avons commencé à faire chez Sobra. »
Un procédé de rupture
Pour suivre les différentes étapes de vie des matériaux, la start-up a mis au point un système innovant intégrant un QR code et un logiciel de suivi développé en collaboration avec la pépite Made in Tracker, basée à Plaisance-du-Touch. « Ce dispositif permet d’assurer leur traçabilité en la rendant infalsifiable. Nous l’expérimentons avec l’éco-organisme parisien Valobat [1] sur le chantier de déconstruction du Hall 9 de l’Île du Ramier à Toulouse, mené par le syndicat mixte Decoset, un des chantiers pilotes du programme Waste2build porté par Toulouse Métropole », détaille le directeur de Sobra.
L’entreprise toulousaine participe également à la création de la définition de référentiel du métier d’ouvrier déconstructeur en partenariat avec l’Afpa, l’Association pour la formation professionnelle des adultes. « Il s’agit d’un projet encore en cours de réalisation qui vise à identifier les compétences de ce métier et à créer des formations », développe François Devin.
350 K€ de CA en 2025
La formation est aussi très importante au sein même de Sobra qui fait de l’insertion une de ses priorités en accueillant notamment des personnes éloignées de l’emploi, non diplômées ou encore bénéficiaires du RSA. L’entreprise annonce d’ailleurs le recrutement cette année de deux autres personnes en réinsertion professionnelle.
« Ce modèle de fonctionnement permet à des individus, souvent exclus du marché du travail en raison de leur âge, de leur faible qualification ou de difficultés personnelles, de retrouver un emploi et de recevoir une formation au sein de l’entreprise », explique François Devin avant de conclure sur ses objectifs à court terme : « Nous ambitionnons de revaloriser près de 150 tonnes de matériaux en 2025 : verre, menuiseries, radiateurs, sanitaires, moquettes, briques foraines, cloisons, faux-plafonds, câbles, pour un chiffre d’affaires équivalent à celui de l’exercice précédent estimé à 350 K€. »
[1] Valobat est un éco-organisme du bâtiment, dont l’objectif est d’améliorer la collecte et le recyclage de l’ensemble des déchets du bâtiment. ll forme les entreprises de travaux et artisans aux bons gestes de tri directement sur les chantiers.