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Région Grand Est : la supervision des bornes indispensable

02/07/2024

Région Grand Est : la supervision des bornes indispensable

À la tête d’une quarantaine de véhicules électriques, la région Grand Est a installé environ autant de bornes dans 18 de ses sites, et devrait s’équiper d’un outil de supervision de ces bornes.

À la tête de plus de 2 000 véhicules dont une quarantaine électriques, la région Grand Est a installé une quarantaine de bornes dans ses 18 sites administratifs. Problème : ces bornes ne sont pas supervisables, ce qui complique leur gestion, surtout avec la place croissante prise par l’électrique. Un problème auquel cette collectivité compte bien remédier.

Dans la flotte de la région Grand Est qui regroupe plus de 2 000 véhicules, environ 400 véhicules, dont une centaine de VUL et le reste de VP, sont utilisés au quotidien par les 2 300 agents pour intervenir sur les sites. Dès 2020, la région a commencé à verdir ce parc. « Nous avons équipé tous nos véhicules essence de boîtiers bioéthanol, soit environ 160 véhicules équipés. Aujourd’hui, plus aucun véhicule diesel n’est ouvert à la réservation. Nous remplaçons systématiquement les diesel par des véhicules essences, hybrides non rechargeables ou électriques », expose Pascal Rascalon, chef de service déplacements et parc automobile de la région Grand Est.

Verdir et rajeunir le parc

Selon les lois de roulage, la région Grand Est renouvelle chaque année les véhicules les plus anciens de sa flotte, soit des modèles âgés d’environ 7 ans et/ou qui ont parcouru 160 000 km-180 000 km, afin de « rajeunir le parc et ses équipements avec des modèles plus confortables et sécuritaires. »

Pour ce faire, la région passe par l’Ugap « pour disposer d’une plus grande souplesse dans le choix des modèles et des équipements par rapport à un marché public. Le catalogue de cette centrale d’achat n’est pas aussi achalandé qu’une concession automobile mais nous nous en contentons, note Pascal Rascalon. Nous optons pour des véhicules des segments intermédiaires de type Renault Clio et Captur. Notre leitmotiv : privilégier idéalement des véhicules français ou européens. Un budget annuel moyen d’environ 600 000 euros est alloué pour renouveler le parc, essentiellement en hybride et en électrique », poursuit Pascal Rascalon. En rappelant que la flotte compte aujourd’hui une quarantaine de véhicules électriques.

Adapter l’électrique aux usages

Mais passer à l’électrique n’a pas été une mince affaire. « Nos agents avaient dues appréhensions : comment recharger ? Quelle est l’autonomie ? Pourquoi le véhicule est-il silencieux ? », liste Pascal Rascalon. Pour faciliter les choses, ces véhicules électriques, comme tous les véhicules, sont référencés au sein du logiciel de gestion de flotte et de réservation de véhicules, un outil mis à disposition des agents. « L’électrique demeure réservé aux agents qui ne parcourent pas plus que 200 km par jour. Ainsi, lors d’une réservation, ceux qui indiquent un déplacement de plus de 200 km basculent sur un véhicule thermique. Sinon le véhicule électrique reste priorisé », poursuit Pascal Rascalon.

« Au-delà du côté réglementaire de verdissement de flotte, il faut bien se poser sur les besoins du parc (quels sont les pratiques de déplacements, les distances de parcours, etc.), préconise Pascal Rascalon. Nous avions acheté des Masters Z.E. électriques ou des Mercedes eVito très chers, à plus de 70 000 euros, sans vraiment sonder les agents sur leurs besoins. Et il arrive que des agents n’utilisent pas ces fourgons. En effet, l’autonomie de 100 km ne suffit pas pour rouler à 90 km/h, à trois dedans et avec le véhicule chargé. Ces véhicules ne conviennent donc pas toujours aux déplacements des équipes », constate Pascal Rascalon.

Véhicule électrique : accompagner pour lever les a priori

Pour déconstruire les idées reçues, la région Grand Est a dû accompagner le passage à l’électrique. « Mon équipe n’était pas du tout formée à l’électrique. Nous avons donc dû former les agents à ce nouvel écosystème afin de se mettre à niveau, de comprendre les organes des véhicules et le fonctionnement d’une borne », relate Pascal Rascalon.

« Dans notre équipe, avec six agents présents dans trois sites administratifs, nous organisons aussi, tous les trimestres, des ateliers de prise en main de véhicules électriques automatiques. Nous accompagnons ainsi les agents face aux évolutions du parc automobile, afin qu’ils soient à l’aise et empruntent les véhicules. Notre crainte est d’acheter des véhicules qui ne soient pas employés du fait d’appréhensions. Ces ateliers durent 45 minutes pour former environ quatre agents, comme les moniteurs d’auto-école, afin de casser les mythes sur l’électrique. Par exemple, les agents doivent faire évoluer leur pratique. Ils doivent ainsi intégrer que rouler en électrique induit de s’arrêter deux fois plus qu’en thermique sur un long trajet », ajoute Pascal Rascalon.

Grand Est : un parc de bornes…

Sur ses 18 sites administratifs (hôtels et maisons de région), la région Grand Est a installé « en régie » une à deux bornes doubles par site, en majorité d’une puissance de 22 kW. « Nous avons la chance d’avoir de grands fabricants de bornes à proximité, notamment l’entreprise alsacienne Hager située à 30 km. Nous avons installé de premières bornes de cette marque du fait de sa supériorité technique. Puis, nous avons continué en installant systématiquement les derniers modèles de bornes. Mais à ce moment-là, nous n’avions pas pris conscience de la nécessité d’opter pour des services annexes, comme la supervision pour définir des règles de recharge », relate Pascal Rascalon.

Ce responsable poursuit : « Dans un monde de l’électromobilité en pleine mutation avec des évolutions technologiques quotidiennes, nos bornes installées en 2019 sont aujourd’hui en partie obsolètes en termes de fonctionnalités, et ne sont pas supervisables. Ainsi, nous avons un parc d’une quarantaine de bornes qui ne donnent pas accès à toutes les fonctionnalités possibles. Ces bornes sont compatibles avec un outil de supervision, mais elles ne sont pas au niveau », ajoute Pascal Rascalon.

… à mettre à niveau

La région Grand Est est donc en train de réaliser un test de remise à niveau sur quatre bornes, soit une réinitialisation et une mise aux normes standards, sur une période de six mois avec un opérateur de supervision français. « Nos bornes ne communiquaient pas en mode OCPP mais en SOC. Nous allons passer en mode JSON, puis nous passerons bientôt au mode OCPP 1.6 au minimum, car le marché se dirige vers l’OCPP 2.0 », explique Pascal Rascalon.

Il y a deux ans, la région Grand Est a élaboré une stratégie de recharge avec le cabinet de conseil Holson. « Nous avons demandé à nos élus et à l’équipe dirigeante de déterminer si les bornes devaient être en accès-libre ou payantes, pour qui, pourquoi et comment. Nous voulions en effet que nos bornes puissent servir à la fois à nos véhicules de service et aux véhicules personnels des visiteurs, des élus et des agents », relate Pascal Rascalon.

Il a donc été défini que la collectivité ferait payer la recharge aux agents, aux visiteurs et aux élus, comme l’essence, avec la mise en place de cartes pour filtrer les accès. Et que chaque véhicule de service se verrait doter d’une carte pour enclencher et arrêter la charge, et qu’il n’y aurait pas de terminal de paiement (TPE) sur les bornes. « Les agents, les élus et les visiteurs qui souhaitent recharger leur véhicule personnel devront donc ouvrir un compte auprès de l’opérateur en régie (Freshmile, Chargemap, Bump, etc.) pour payer la recharge directement. Cet opérateur nous remboursera les frais d’électricité. Avec l’application du prestataire, un utilisateur déclenchera la charge au moyen d’un badge RFID ou d’un téléphone portable », détaille Pascal Rascalon.

Un outil de supervision

Mais tous ces changements ne seront possibles qu’après la mise en place d’outils de supervision. « Dans notre politique de verdissement, la supervision permettra de mieux gérer l’accès aux bornes, de gérer la recharge la nuit plutôt que le jour, et d’adapter les contrats d’énergie. Notre but est de bien choisir ce logiciel de supervision afin de bénéficier d’une remontée d’informations. Nous saurons donc qui recharge, combien rechargent, combien cela coûte et comment refacturer. Nous voulons un parc de bornes intelligentes et adaptées en travaillant avec les fabricants de bornes, mais aussi les opérateurs », anticipe Pascal Rascalon.

Fin prête, la région Grand Est a déjà élaboré son cahier des charges et lancera une consultation avant l’été 2024 pour s’équiper d’un outil de supervision des bornes. Cet outil devra comprendre « la gestion quotidienne, le reporting avec des tableaux de bord réguliers consultables par immatriculation, par jour et/ou par mois, afin de jouer la transparence auprès des élus qui demandent le coût de la flotte et des véhicules électriques », rappelle Pascal Rascalon. Reste à choisir l’offre la plus adaptée…

Comment basculer au 100 % électrique ?

Aujourd’hui, les bornes de 22 kW installées dans les sites de la région Grand Est répondent aux besoins de recharge des véhicules électriques de la flotte. Mais qu’en sera-t-il demain ? « Nous avons voulu équiper chaque site d’au moins une borne double, avec un point de charge par véhicule électrique, rappelle Pascal Rascalon. Mais la fin des véhicules thermiques en 2035 signifie que nous devrons acheter près de 150 à 200 véhicules électriques ou hybrides dans les dix prochaines années. Dans tous nos sites, nous avons en effet des voitures hybrides, essences ou bioéthanol. En enlevant les voitures électriques, nous en avons donc entre vingt et quarante véhicules par site. Cela voudrait dire qu’a minima, il faudrait installer dix à vingt bornes doubles de 22 kW par site », calcule Pascal Rascalon.

Car le défi, au-delà du service et de la borne, dépendra surtout de la capacité de nos bâtiments (puissance électrique installée suffisante) et des sites à accueillir ces véhicules, et à offrir assez de place pour installer ces bornes.

La flotte de la région Grand Est en chiffres

Plus de 2 000 véhicules dont :

296 VL ouverts à la réservation des agents et des sites : véhicules, vélos dont VAE, trottinettes 

108 VUL pour les équipes d’intervention, dont 12 électriques 

flotauto

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