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Économie circulaire : la France fait du surplace… ou presque
12/10/2024
Le recyclage a fourni 19,8 % des matières utilisées en 2021. © Image'in
Les pouvoirs publics ont mis à jour des indicateurs de suivi de l'économie circulaire. Les résultats sont mitigés, même si certaines avancées se démarquent, à l'image de la chute de la mise en décharge.
Le 4 octobre, le Commissariat général au développement durable (CGDD) a mis à jour les indicateurs clés (1) pour le suivi de l'économie circulaire. Ce tableau de bord regroupe douze indicateurs, qui couvrent « sept piliers » classés dans trois grands domaines : l'offre des acteurs économiques (avec l'extraction/exploitation des ressources, l'écoconception, l'écologie industrielle et territoriale et l'économie de la fonctionnalité) ; la demande et le comportement des consommateurs (avec la consommation responsable et l'allongement de la durée d'usage) ; et la gestion des déchets (avec la mise en décharge et le recyclage).
Dans l'ensemble, explique le ministère de la Transition écologique, le secteur de l'économie circulaire emploie 810 900 personnes en équivalent temps plein), ce qui représente 2,9 % de l'emploi total en France en 2021.
Une consommation de matières
Les derniers chiffres sur la consommation intérieure de matières par habitant sont relativement stables depuis la chute enregistrée avec la récession de 2008. Depuis le milieu des années 2010, la France consomme de l'ordre de 11 tonnes par habitant (t/hab) de matières premières (pour moitié des matériaux de construction comme du gravier ou du sable). En 2022, cette consommation est de 11,2 t/hab, après avoir chuté à 10,6 t/hab en 2020 pendant la pandémie de Covid-19. À titre de comparaison, la moyenne européenne est à 14,4 t/hab et la France se place à la cinquième place des États membres les moins consommateurs.
2,9 % - C'est la part de l'emploi total de l'économie circulaire en France en 2021, soit 810 900 ETP.
Toutefois, si l'on prend en compte l'empreinte matières, la consommation ressort à 14 t/hab en 2021, un volume stable depuis 2010. Avec cet indicateur, qui révèle notre consommation réelle en comptabilisant l'ensemble des matières premières mobilisées pour satisfaire la consommation finale française, la France se rapproche sensiblement de la moyenne européenne (14,9 t/hab) et recule au dixième rang des pays les plus sobres de l'Union européenne.
L'effort de R&D est stable
L'indicateur de suivi retenu pour traduire les progrès en matière d'écoconception est le nombre de brevets liés au recyclage et aux matières premières secondaires. Dans ce domaine, la stabilité est de mise : depuis 2010, entre 40 et 50 brevets sont déposés chaque année, à l'exception de 2014 (69 brevets) et de 2020 (27 brevets). Et avec 0,4 brevet par million d'habitants, la France se situe sous la moyenne européenne (0,46 brevet par million d'habitants).
“ L'objectif de 2025 [de mise en décharge] semble atteignable si la baisse constatée depuis 2020 se poursuit sur le même rythme ” - Ministère de la Transition écologique
Pour compléter le panorama relatif aux acteurs économiques, le tableau de bord recense deux types d'initiatives : en août 2023, la France dénombre 186 démarches actives d'écologie industrielle et territoriale (selon le réseau national des acteurs de l'écologie industrielle et territoriale - Synapse) ; et entre 2013 et 2023, 536 entreprises, collectivités territoriales et associations ont bénéficié d'un dispositif d'accompagnement sur l'économie de la fonctionnalité (dont 362 depuis 2019).
La réparation est à la peine
Le volet « consommation responsable » est d'abord évalué sur la base des achats de produits portant un label écologique. Le CGDD enregistre trois paliers dans la progression de ces achats : de 2010 à 2015, autour de 45 % des ménages déclarent avoir acheté au moins un produit labellisé ; de 2015 à 2018, cette proportion passe à un peu plus de 50 % ; et depuis 2019, elle fluctue autour de 55 % (avec un pic à 59 % en 2020, année de la crise sanitaire).
Le second indicateur suivi est le gaspillage alimentaire. En 2021, la production de déchets alimentaires s'élève à 129 kg/hab (pour une moyenne européenne à 131 kg/hab), calcule le CGDD, précisant que la moitié de ces déchets alimentaires sont évitables et constituent donc du gaspillage alimentaire. Les précédents chiffres publiés dataient de 2016 et évaluaient à 150 kg/hab « les pertes et gaspillages alimentaires ».
S'agissant de la réparation des produits, les données distinguent les véhicules particuliers dont la réparation est à la fois la plus élevée et en croissance. Durant la période allant de 1990 à 2022, l'entretien et la réparation des voitures passe de 44 à 52 % de la consommation du secteur. Mais, il s'agit de l'arbre qui cache la forêt, puisque pour les cinq autres secteurs, la part de la réparation baisse, voire s'effondre, sur la même période. Par exemple, la réparation du matériel audiovisuel, photographique et de traitement de l'information passe 33 à 19 % sur la période. L'entretien des appareils ménagers ne représente plus que 8 % de la consommation, contre 20 % en 1990.
Sur les rails pour le -50 % de mise en décharge ?
Enfin, le CGDD pointe la chute régulière des tonnages mis en décharge depuis 2018. Les volumes passent de 20,8 millions de tonnes (Mt) en 2018 à 15 Mt en 2022. « L'objectif de 2025 [enfouir moins de 9,7 Mt, soit une réduction de 50 % par rapport à 2010] semble donc atteignable si la baisse constatée depuis 2020 se poursuit sur le même rythme », estiment les services du ministère de la Transition écologique. Surtout, le document signale, qu'hors refus de tri, l'évolution des quantités stockées entre 2010 et 2020 chute de 40 %, passant de 16,4 à 7,4 Mt sur la période.
Quant au recyclage, il permet de fournir 19,8 % des matières utilisées en 2021. Ce taux d'incorporation a progressé de 2,3 points entre 2010 et 2021. Dans le détail, sur la période, le taux d'incorporation des papiers et cartons connaît la plus forte progression (+ 11 points, pour atteindre 71 %), suivi de celui du verre (+ 9 points, pour atteindre 63 %), alors que celui des ferrailles diminue de 15 points. Quant au taux d'incorporation des plastiques, il reste faible, à 10 %.
1. Accéder aux chiffres clés de l'économie circulaire
Philippe Collet / actu-environnement