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Renault mise sur la vente aux entreprises pour atteindre ses objectifs écologiques

12/08/2024

Renault mise sur la vente aux entreprises pour atteindre ses objectifs écologiques

55% des Renault Austral ont été vendues dans sa version la plus haut de gamme. (Crédits : Renault)

Renault va devoir accélérer ses ventes sur l'électrique pour atteindre les normes fixées par l'Europe en 2025. Pour ce faire, la marque au losange veut séduire les entreprises. Problème : en France, plusieurs changements au cours de l'année ne facilitent pas le verdissement de la flotte des professionnels.

« Nous avons besoin d'un peu plus de souplesse dans le calendrier », avait clamé Luca de Meo dans un entretien aux Echos la semaine dernière. Le directeur général de Renault ne vise pas uniquement l'interdiction des ventes des véhicules thermiques à horizon 2035, mais bien les normes CAFE, pour Corporate average fuel economy. Ces dernières obligent les véhicules que le constructeurs commercialisent à émettre, en moyenne, moins de 81 grammes de CO2 par kilomètre, contre 95 aujourd'hui.

Or, pour atteindre ces restrictions, il leur faudra obligatoirement vendre davantage de voitures électriques en 2025, alors même que le marché de l'électrique stagne en Europe. La marque au losange du groupe a ainsi enregistré une part de marché de 11,6% des ventes dans cette motorisation lors du premier semestre 2024. Insuffisant pour rentrer dans les clous et ne pas se faire pénaliser.

Le bonus de 3.000 euros aux entreprises supprimé

Afin d'accélérer sur l'électrique, la solution se trouve peut-être chez les entreprises. Renault mise d'ailleurs sur le lancement de son Scenic électrique au second semestre pour séduire les professionnels. Encore faut-il que ces derniers soient incités à faire évoluer leurs flottes de véhicules, comme l'explique le patron de la marque Renault, Fabrice Cambolive, est sans appel :

« Il faut regarder dans quel contexte on lance les véhicules électriques et c'est tout l'enjeu des normes CAFE l'année prochaine. Cela va être un challenge collectif à trois dimensions, c'est-à-dire d'un côté les constructeurs et leur offre de produits attractifs sur l'électrique. De l'autre, les différentes politiques des Etats au sein de l'Europe, mais aussi la capacité des entreprises à nous suivre ».

Renault mise ainsi sur le lancement de son Scenic électrique au second semestre pour séduire les professionnels.

Problème : en France, le bonus de 3.000 euros pour l'aide à l'achat de véhicules électriques neufs a tout simplement été supprimé. Avec le leasing social lancé en début d'année, le gouvernement avait fait le choix de priver les professionnels de cette aide, car l'enveloppe budgétaire totale avait été dépassée. Une décision que regrette le directeur de la marque Renault qui estime que « le bonus était une aide importante pour la bascule vers l'électrique ».

Le verdissement des flottes au ralenti

Autre frein à la vente de véhicules électriques aux entreprises : la dissolution de l'Assemblée nationale. Celle-ci a, en effet, bloqué le parcours législatif de la loi Adam, déposée par le député Renaissance, mais annulée en juin dernier suite à la décision d'Emmanuel Macron le 9 juin dernier. Le texte proposait d'interdire les véhicules hybrides rechargeables dans les quotas de verdissement des flottes imposés à ces entreprises, un rehaussement des obligations d'électrification du parc à hauteur de 95% de véhicules neufs électriques en 2032 contre 70% actuellement, ainsi que des sanctions plus fortes pour ceux qui ne respectent pas la mesure, jusqu'à 5.000 euros d'amende par véhicule manquant. Cette loi aurait ainsi permis une accélération de la vente de véhicules électriques neufs pour les constructeurs.

En attendant de voir la réglementation changer pour les voitures destinées aux flottes d'entreprises, Renault mise sur les véhicules utilitaires. Ces derniers sont en progression de 15% dans le monde et de 19% en Europe, rappelle son directeur. Là aussi, l'électrification est un enjeu de taille et la marque compte accélérer avec la sortie de son nouveau Renault Master électrique au second semestre.

Enfin, la surprise vient du segment des petits véhicules, en particulier la nouvelle R5 électrique commercialisée en septembre. « La demande est aussi forte pour les sociétés que pour les particuliers. C'est très intéressant », avance Fabrice Cambolive. Les entreprises ont également permis à Renault de vendre davantage de véhicules du segment C en version haut de gamme, soit là où les marges sont les plus importantes. Ainsi, 55% des Austral et 72% des Espace E-Tech full hybrid commercialisés sont en versions Iconic ou Esprit Alpine. Grâce à ce positionnement, le groupe a finalement affiché une marge opérationnelle record, à 8,1% au premier semestre, au milieu des résultats décevants de ces concurrents.

Marie Nidiau / la tribune


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