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Biodiversité : C’est quoi cette loi « historique » pour « restaurer la nature » adoptée par l’Union européenne ?

24/06/2024

Biodiversité : C’est quoi cette loi « historique » pour « restaurer la nature » adoptée par l’Union européenne ?

Une rivière dans la campagne allemande. Le texte européen adopté ce lundi prévoit notamment de détruire les barrages obsolètes pour favoriser les « eaux libres ». Illustration. - imageBROKER.com / Sipa

ELLE REVIENT AU GALOP•Après d’âpres négociations, et un vote surprise de l’Autriche, les Etats de l’Union européenne ont adopté ce lundi une législation pour « restaurer les écosystèmes abîmés » saluée comme « historique » par des ONG environnementales. Explications

Restaurer la nature, là où elle a été malmenée. C’est le – vaste – et ambitieux dessein de la nouvelle législation adoptée ce lundi, in extremis (par 20 voix contre 27), par les Etats membres de l’Union européenne (UE). Ce vote, arraché après des mois de négociations, a été salué comme « un tournant pour la nature et la société » et de « victoire historique » par une coalition d’ONG écologistes. Mais en quoi consiste-t-il vraiment ?

Abeilles, papillons et levée des barrages

Le texte impose aux Vingt-Sept d’instaurer d’ici à 2030 des mesures de restauration sur 20 % des terres et espaces marins à l’échelle de l’UE, puis d’ici à 2050 sur l’ensemble des zones qui le nécessitent. Divers types d’habitats sont listés (milieux avec faune et flore spécifiques : zones humides, prairies, forêts, rivières, prairies sous-marines…) : chaque Etat sera tenu de restaurer avant 2030 au moins 30 % de ces habitats en mauvais état, puis 60 % d’ici à 2040 et 90 % d’ici à 2050. Une flexibilité est aménagée pour « les habitats très communs et répandus ».

Les Etats devront prendre des mesures « visant à parvenir à des tendances en hausse » avant fin 2030 pour deux des trois indicateurs : papillons de prairies, carbone dans le sol, part des terres agricoles « à haute diversité ». A quoi s’ajoutent des objectifs de population d’oiseaux communs en campagne.

Les Etats sont également tenus de stopper le déclin des populations des pollinisateurs, en particulier des abeilles, d’ici à 2030 au plus tard, avant d’en accroître la population, avec une surveillance régulière.

Le texte prévoit enfin de supprimer les obstacles (par exemple certains petits barrages obsolètes) sur les fleuves et rivières afin d’atteindre au moins 25.000 km de cours d’eau « libres » avant 2030 pour une meilleure « connectivité naturelle ».

Un coup de théâtre à l’autrichienne

L’Autriche aurait dû s’abstenir, empêchant au texte d’obtenir la majorité qualifiée. Mais, contre l’avis de son chancelier conservateur, la ministre de l’Ecologie Leonore Gewessler a finalement voté pour. « Ma conscience me dit sans équivoque que lorsque le bonheur des générations futures est en jeu, des décisions courageuses sont nécessaires », a-t-elle déclaré, saluant « de bons compromis et des mesures équilibrées ». Son homologue français Christophe Béchu a salué un vote permettant de « préserver pour les générations futures les services rendus par les écosystèmes pour garantir nos moyens de production et notre résilience ».

Des résistants en embuscade

Ce texte, déjà adopté par les eurodéputés, a été largement édulcoré à la suite de l’épisode de colère des agriculteurs européens. Il provoque d’ailleurs toujours des poches de résistance. La Confédération européenne des propriétaires forestiers a condamné, par la voix de son vice-président, « une législation synonyme de surréglementation et de bureaucratie […] mettant la nature sous cloche ». « On ne peut pas nous dicter d’en haut comment gérer notre exploitation : si on croit aider la nature sur ordre, ça ne marche pas », a aussi réagi le principal syndicat agricole allemand.

20minutes

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