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Comment l'océan redessine nos côtes ?
13/06/2025

En 60 ans, la population sur le littoral a progressé de 45 % en France selon l'Insee. Dans le même temps, les côtes françaises sont soumises plus que jamais à un recul lié à l'érosion et à la montée des eaux. Le risque de submersion marine s'annonce très important pour 2100.
À Treffiagat, dans le Finistère, devant les caméras de tous les médias nationaux, un rêve s'est un peu écroulé. Une résidence secondaire a été rachetée puis détruite sous les yeux de voisins circonspects. « C'est rapide et un peu excessif. Ma maison est à 100 mètres de là. Si l'eau passe ici, elle passera chez moi aussi », s'inquiète un riverain, pour l'instant épargné par la campagne de destruction.
Au total, sept maisons vont être rachetées au prix du marché par la communauté de communes avec l'aide des fonds de l'État. Une opération de destruction inédite pour éviter une submersion rapide en cas de tempête. 30 mètres plus loin, la dune recule, d'année en année, en dépit des efforts des élus. La digue ne suffit plus à retenir les flots tempétueux à marée haute. « Nous écoutons les scientifiques », nous explique la maire de Treffiagat, Nathalie Carrot Tanneau.
La zone sera par la suite une sorte de zone tampon, recouverte par le sable afin de protéger les quartiers qui se trouvent juste derrière. De nouvelles digues seront aussi construites. L'opération coûte environ 3 millions d'euros.
2100, risque généralisé de submersion
Treffiagat n'est sans doute qu'un premier exemple parmi d'autres. Les cartes des experts du BRGM (Bureau De Recherches Géologiques et Minières) simulent le risque de submersion en 2100, en tenant compte de la montée des eaux. Du nord au sud, des quartiers résidentiels entiers se trouvent menacés. Dunkerque, Noirmoutier, la Camargue. Les exemples ne manquent pas. L'île d'Arz dans le Morbihan deviendra « un archipel de cinq îlots en 2100, c'est une certitude », constate Michel Dudon, en charge de l'urbanisme à la mairie de l'île.
Le Cerema (Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement) a, lui, essayé d'évaluer le nombre de logements potentiellement à risque en 2100. Bilan : plus de 51 000 logements menacés dans le Pas-de-Calais, 41 000 en Vendée, 46 000 en Charente-Maritime. Pas une région n'est épargnée. Si l'on additionne tous les départements sur la carte, on obtient 450 000 logements à risque dans 75 ans, potentiellement des millions de Français concernés.
Pour Stéphane Costa, géographe à l'université de Caen, l'un des principaux référents français sur ces questions, l'homme ne pourra que gagner du temps face à l'océan. La construction de digues ne suffira pas. « On peut imaginer des ouvrages de défense pour se donner du temps, pour organiser le repli. Il faut faire en sorte que les élus s'engagent pour dire que ce n'est que se donner du temps. La nature ne nous donnera pas le choix ».
Selon le chercheur, les élus commencent à se saisir de l'enjeu : « Si on ne réagit pas, la nature va s'occuper de nous, et violemment », prévient-il.