Le salon des Solutions
environnementales & énergétique du Grand Est

Les Actualités

Sciences Po se dote d’un Institut pour les transformations environnementales

09/11/2023

Sciences Po se dote d’un Institut pour les transformations environnementales

L'entrée principale de Sciences Po Paris, rue Saint-Guillaume. Martin Argyroglo / Sciences Po

Sciences Po Paris a lancé lundi 6 novembre 2023 l'Institut pour les transformations environnementales. Dirigé par Charlotte Halpern, chercheuse en sciences politiques, il sera doté d'un comité des parties prenantes présidé par le climatologue Jean Jouzel et qui comptera parmi ses membres Camille Étienne et Hugo Clément. Le but de l'institut d'études politiques, selon son directeur Mathias Vicherat, est de devenir "la première université en Europe" sur ces enjeux s'agissant des sciences humaines et sociales.

"Nous avons une conviction forte, celle que les sciences humaines et sociales ont beaucoup à apporter aux enjeux environnementaux, en plus des sciences exactes", introduit Mathias Vicherat, directeur de Sciences Po, lundi 6 novembre, lors du lancement de l’Institut pour les transformations environnementales. Et non l’institut pour la transition écologique, un nom un temps évoqué mais qui n’aurait pas eu une portée aussi forte. Le terme "transformation environnementale" suggère "une transition radicale, en profondeur", précise sa directrice Charlotte Halpern, tandis que le pluriel souligne les "différentes natures" de ces transformations, qui ne seront pas seulement technologiques.

UN FINANCEMENT FRANCE 2030

L’établissement supérieur ne part pas de zéro, avec 10 % des cours traitant déjà des enjeux environnementaux, 10 masters spécialisés, 40 enseignants-chercheurs spécialisés et 40 doctorants travaillant directement ou indirectement sur ces problématiques. Ou encore 24 heures d’un cours obligatoire de "culture écologique" dispensé aux 1 700 étudiants de première année depuis janvier 2023. Mais il veut accélérer en profitant d’un appel à projet remporté aux côtés de huit partenaires (1) dans le cadre de France 2030. Le projet Tiered (Transforming interdisciplinary education research for evolving democracies), qui a démarré en janvier 2023, bénéficie d’un budget de 16 millions d’euros sur dix ans, qui permettront essentiellement de recruter du personnel dédié. Les initiatives de l’institut jouiront également de levées de fonds dédiées. Ainsi, 2,5 millions d’euros sur trois ans proviendront du fonds Bruno Latour pour le financement de dix chercheurs post-doctoraux recrutés en 2023.

Sciences Po compte aussi faire appel au mécénat d’entreprises, qui sera supervisé par le "comité des dons" de Sciences Po, présidé par Pascal Demurger, directeur général de la Maif et défenseur d’un nouveau modèle d’entreprise à impact (il a succédé à Laurence Tubiana en 2022) : "Seule instance de ce type dans l’enseignement supérieur français, le comité des dons doit s’assurer que les entreprises mécènes respectent les ODD ou inscrit son action dans la perspective de l’accord de Paris", indique Mathias Vicherat, qui souligne la "nécessité d’aller chercher des financements extérieurs dans un établissement qui n’est financé qu’à 30 % par l’État". Mais certaines entreprises sont exclues des levées de fonds de l’IEP, comme TotalEnergies depuis 2021. "Cela a été une condition de mon engagement", précise Camille Étienne, militante écologiste et ancienne étudiante de Sciences Po, qui fait partie du comité des parties prenantes de l’institut.

Présenté par Mathias Vicherat comme le "conseil d’administration" de l’instance, ce comité est présidé par Jean Jouzel, climatologue et ancien membre du Giec. D’autres personnalités ont déjà donné leur accord pour en être membres : Corinne Lepage, avocate et ancienne ministre de l’Environnement (1995-1997), Karima Delli, députée verte européenne, ou encore Hugo Clément, journaliste et militant écologiste.

ÉVITER LES "DISSONANCES COGNITIVES"

Alors que les "déserteurs" d’AgroParisTech avaient frappé les esprits en 2022 (lire sur AEF info), l’institut doit permettre à Sciences Po d’éviter les "dissonances cognitives" dans ses enseignements et ses recherches. En dispensant un cours de marketing qui n’aille pas à l’encontre des enjeux environnementaux, par exemple. "La question de la cohérence est absolument clé, on y travaille avec les étudiants", indique Mathias Vicherat. L’objectif est que "tous les étudiants soient formés en profondeur d’ici à 2027, en rentrant dans les aspects beaucoup plus concrets de la transition", ajoute la directrice de l’institut, Charlotte Halpern, qui cite des outils comme le "bilan carbone" ou encore le "budget vert".

La chercheuse évoque également sa volonté d’intégrer "très fortement" la formation et la recherche en sciences politiques, droit, économie ou encore sociologie, ces dernières disciplines n’étant pas encore suffisamment "structurées" sur les sujets environnementaux.

L’OFCE CRÉE UN NOUVEAU DÉPARTEMENT "ÉCONOMIE ET ENVIRONNEMENT"

 L’OFCE a annoncé fin octobre la création d’un nouveau département "Économie et Environnement". Dirigé par Anne Épaulard, professeure d’économie à l’université Paris Dauphine, le département "développera des outils analytiques pour l’évaluation de la politique environnementale et énergétique et éclairer le débat public français et européen sur la transition vers une économie décarbonée". Frédéric Reynes, actuellement chercheur au NEO (Netherlands Economic Observatory), rejoindra l’équipe comme directeur adjoint du département  en janvier 2024.

Pour rappel, l’OFCE est un organisme indépendant de prévision, de recherche et d’évaluation des politiques publiques, accueilli en son sein par la Fondation nationale des sciences politiques (FNSP), qui a la responsabilité des grandes orientations stratégiques et de la gestion administrative et financière de Sciences Po.

aefinfohttps://www.aefinfo.fr/depeche/702092

Annonce Publicitaire