Le salon des Solutions
environnementales du Nord

Les Actualités

La décarbonation avec le gaz vert, une réalité complémentaire !

11/06/2024

La décarbonation avec le gaz vert, une réalité complémentaire !

A l’occasion d’une conférence au club de la presse (sur Lille), l’entreprise GRDF a présenté la trajectoire française de la décarbonation dont l’énergie gaz, et notamment la montée en puissance du gaz vert, fait partie intégrante. Philippe Lahet, Directeur GRDF Nord-Ouest et Didier Cousin, Directeur territorial GRDF Hauts de France, ont fait le point sur la stratégie de l’entreprise GRDF et la place du gaz vert dans les énergies vertes participant à la décarbonation française, mais également sur la future adaptation de votre chaudière face au changement du gaz consommé, fin du gaz de Hollande (Visuel installation dans une ferme de Bellaing)..

(Visuel Didier Cousin et Philippe Lahet)

Philippe Lahet : « Le gaz vert est un artisan de la décarbonation »

A l’instar du Pays, chaque entreprise, autant que faire se peut, doit mettre en place une ligne de conduite pour mener à bien Sa décarbonation, et plus largement un distributeur de gaz naturel une stratégie pour sortir de l’énergie fossile. « C’est notre nouveau projet d’entreprise, car nous avons compris durant la COVID que notre indépendance énergétique est un vrai sujet », explique Philippe Lahet. Rappelons que l’énergie électrique n’est pas stockable et nous avons vu la difficulté (hiver 2022/2023) d’une alimentation pour tous les foyers, les bâtiments publics de toute nature, et toutes les entreprises consommatrices. « Le gaz fait partie du mix énergétique français, il est incontournable, mais nous devons remplacer le gaz fossile par du gaz vert », ajoute-t-il.

Pour aborder cette conduite d’entreprise, il faut raisonner global et regarder la ligne d’arrivée. Limiter à 2% maximum la hausse des températures génère mécaniquement des choix forts et d’évidence le tout électrique énergétique en France est une fable, car la palette des ressources vertes est vaste, pointue, voire innovante à plus d’un titre (solaire, éolien, hydroélectricité, méthanisation/gaz vert), géothermie, hydrogène vert…). En effet, pour atteindre la neutralité carbone en 2050 (55% pour l’Europe avec Fit for 55), car ce chiffre correspond à la capacité de notre planète à absorber les émissions de CO2 (Forêt, Océan…), le champ des possibles est à la fois étendu, dans les potentiels, et escarpé par sa concrétisation sur le terrain.

Pour sa part, la France doit atteindre 50% (compte tenu de l’énergie nucléaire décarbonée) de réduction de ses émissions de gaz à effet de serre, et elle fixe à plus court terme cette diminution par deux de ses émissions de CO2 entre 1990-2030. « 50% de chemin est déjà fait d’ici 2030, mais nous devons faire en 8 ans encore 50% », et la mission est ambitieuse car la région Hauts-de-France est historiquement très très consommatrice en gaz, 1,4 millions de clients, dont 46% de particuliers, 35% l’industrie, et 19% dans le tertiaire. Certaines données sont intangibles ! « 70% des entreprises industrielles consomment du gaz, l’industrie a besoin de la flamme », souligne Didier Cousin. 

« Le biométhane, c’est la bonne énergie, au bon moment, et au bon endroit », Didier Cousin

Une des voies choisies par GRDF est la fabrication de gaz vert à travers le retraitement des déchets, la méthanisation. La fabrication du biométhane est déjà un outil énergétique très présent dans la région Hauts de France, 94 unités de biométhanisation sont en capacité de production au 01 avril 2024 (carte Hauts de France en bas de l’article). Le département de l’Aisne et de l’Oise sont les leaders dans le domaine avec des exploitations agricoles aux surfaces imposantes. Le principe est la récupération des déchets organiques animales ou végétales d’une exploitation agricole, voire issus d’une collecte de proximité, afin de les transformer en biogaz avec des sorties diverses dans le réseau gaz (voir carte ci-dessous). « Le biométhane, c’est la bonne énergie, au bon moment, et au bon endroit », déclare Didier Cousin tout comme Philippe Lahet sur cette énergie nouvelle « le gaz vert est un artisan de la décarbonation ».


En l’occurrence, les chiffres sont éloquents au niveau national, le potentiel est énorme même si le financement des porteurs de projets, les agriculteurs, est plus complexe depuis 18 mois d’où un besoin d’engagement des collectivités publiques comme sur Feignies en 2024. Après la 1ère unité en 2011 à Sequedin, 76 unités de méthanisation en 2018, 652 en 2023, à ce jour 678, et 744 fin 2024, car « nous avons les plans de charge des futures installations, un dossier met 5 ans avant de sortir, c’est trop long. Nous travaillons avec les services de l’Etat pour réduire cette période à 2,5 ans », précise Philippe Lahet.  Pour muscler le développement de la méthanisation, un collectif s’est développé depuis 2014, le CORBI en lien étroit avec la mission Rev3 de la CCI régionale  avec une traduction tous les deux ans d’un événement baptisé « Méthamorphose » (dernier en date décembre 2023 près de Béthune).

A ce stade, le gaz vert produit en 2023 12 TeraWH, le provisionnel est de 50 TeraWH en 2030, et 130 TeraWH en 2050. Ensuite, en 2030, le lancement d’autres énergies alternatives sera associé à cet effort décarboné comme la gazéification hydrothermale, la pyrogazeification, et le power-to-méthane avec évidemment « la production d’un hydrogène vert, car de l’hydrogène très consommateur d’électricité n’a aucun sens dans un mix énergétique (non fossile) », déclare Didier Cousin. 

1/3 des émissions de CO2 inhérent à la mobilité

Dans cette chasse à l’émission de gaz à effet de serre produit, il faut mentionner qu’1/3 des émissions de CO2 sont liées à la mobilité. A cet effet, les flottes régionales de bus GNV, 39 publiques ou privées, continuent de monter en puissance. La loi « Climat et Résilience (2021) » apporte une pierre à l’édifice en imposant aux réseaux de transports publics un minimum de 50% de véhicules verts (électriques, gaz vert ou autre énergie décarbonée). 

Bien sûr, le fret fluvial est un autre pan important de la réduction des énergies fossiles. D’ailleurs, dans la région Hauts de France, l’arrivée du Canal Seine Nord Europe (2028/2030) constitue une opportunité incroyable pour développer le transport fluvial vert, l’ouverture (enfin) du canal Condé-Pommeroeul (proche Pays de Condé près de Valenciennes) est un premier pas vers plus de transport fluvial dont nous pouvons affirmer que, sans énergie fossile ou avec, il contribue à réduire le nombre de camions sur l’A1, et par capillarité une réduction colossale de facto de gaz à effets de serre. 

GRDF accompagne tous les foyers pour l’adaptation de leur chaudière 

Autre sujet de taille où l’information au grand public est nécessaire, les chaudières des particuliers vont connaître dans la région des Hauts-de-France un changement structurel. « Les autorités des Pays-Bas nous ont informé que le gisement de Groningue, le plus grand d’Europe, sera fermé au 01 janvier 2029 », explique Philippe Lahet. De plus, le gaz de remplacement, norvégien, n’est pas miscible avec celui de Hollande compte tenu de leur différence calorifique. Ce changement constitue de fait une tâche très lourde pour les distributeurs de gaz.

Concrètement, les tuyaux d’entrée en France du gaz de Hollande sont situés entre Valenciennes et Maubeuge. « Nous avons commencé à accompagner les particuliers, soit 1,4 millions de clients, dans l’adaptation de leur chaudière sur le littoral, et nous finirons entre 2025 et 2027 dans le sud du département (Valenciennes/Maubeuge). Les chaudières sont très majoritairement adaptables (avec une seule pièce à changer par un PRO) et pour celles à changer (- de 1%), GRDF accompagne tous les foyers pour leur changement de chaudière, le coût sera de zéro euro pour un particulier dont le changement de chaudière s’avère obligatoire. A ce titre, l’Etat nous a missionné pour cette opération (avec des fonds associés) », poursuit Philippe Lahet. « Chaque particulier doit s’adresser à un professionnel agréé afin de vérifier l’adaptabilité, ou pas, de sa chaudière », conclut Didier Cousin.

Enfin, il faut aussi accepter que chaque citoyen, chaque institution publique…, réalise sa part dans la réduction de sa propre consommation énergétique. L’année 2023 a démontré que ce changement de comportement est possible. Aucune initiative ou stratégie politique nationale ne permettra d’atteindre ce résultat sans un effort collectif.

Daniel Carlier / va-infos

Annonce Publicitaire