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La Newsletter d'Hugo Clément

29/06/2025

La Newsletter d'Hugo Clément

© Captain Paul Watson Foundation UK

De terribles souvenirs me reviennent...

Cette photo montre un nouvel épisode de grindadráp, une tradition barbare vieille de plusieurs siècles.

Elle a été prise le 12 juin par la fondation Paul Watson UK lors d’un “grind” pendant lequel plus de 200 dauphins globicéphales ont été chassés et tués sur les côtes du village de Leynar, dans les îles Féroé, une province autonome du royaume du Danemark.

Sur cette photo, on voit une fillette, entourée de dauphins décapités dont les corps flottent aux abords de la plage dans une mer sanguinolente.

En 2019, j’étais allé sur place, avec Sea Shepherd France, pour documenter ces massacres qui se déroulent toujours de la même manière. Lorsque les conditions météorologiques sont réunies et que des bancs de dauphins sont repérés, des dizaines de petits bateaux à moteur se réunissent au large, les encerclent et les poussent vers la côte. Ces animaux sont particulièrement solidaires les uns des autres, peu d’individus quittent le groupe, ce qui en fait des proies parfaites.

Quand ils sont suffisamment proches, au point qu’ils s’échouent sur la plage, la foule se jette dessus. Les animaux sont d’abord attachés à des cordes, puis traînés hors de l’eau avant d’être saignés sur le rivage. Ce reportage a été, de loin, le plus pénible de toute ma vie.

Lors du grindadrap du 12 juin, 246 dauphins ont été tués selon les autorités féringiennes. Mais ce bilan ne comptabilise que les individus jugés propres à la consommation humaine. Ainsi, la fondation Paul Watson UK a retrouvé des individus lacérés sur la tête, dont les numéros allaient jusqu’à 296, véritable bilan du massacre.


© Captain Paul Watson Foundation UK

Une fois le carnage terminé, les corps des globicéphales sont hissés par des engins de chantier jusqu’au port, où la viande est distribuée gratuitement aux habitants. Mais cette viande est chargée en métaux lourds (mercure, plomb, PCB) et est déconseillée aux femmes enceintes et aux enfants par les autorités sanitaires.

Autrement dit : ces massacres se poursuivent, au XXIe siècle, simplement au nom de la tradition. Les Féringiens ne manquent ni de ressources alimentaires, ni d’alternatives. Leurs supermarchés débordent de nourriture en tout genre et l’archipel des îles Féroé est particulièrement riche. Cette chasse n’est donc plus une nécessité, comme elle pouvait l’être il y a quelques siècles : c’est désormais un loisir.

Ces massacres vont à l’encontre de tout ce que l’Europe prétend défendre. L’UE protège en effet les cétacés par des textes comme la convention de Berne, censée interdire ce genre de pratiques. Et même si les Îles Féroé ne font pas officiellement partie de l’Union européenne, elles dépendent toujours du Danemark qui est, lui, un État membre.

Si vous voulez aider Sea Shepherd France à lutter contre le grindadrap, vous pouvez faire un don sur leur site internet.

1 - L’exposition au glyphosate provoque le cancer chez les animaux de laboratoire 

Un groupe de chercheurs internationaux a publié, ce mardi 10 juin dans la revue Environmental Health, les résultats de la plus vaste étude animale jamais menée sur les effets cancérogènes du glyphosate. Pendant deux ans, plus d’un millier de rats ont été exposés quotidiennement à différentes doses de glyphosate, toutes considérées comme sans risque selon la réglementation européenne. Les animaux ont reçu la substance active dès la phase fœtale, soit sous forme de glyphosate pur, soit via des formulations commerciales à base d’herbicide, comme le célèbre Roundup de Bayer-Monsanto. Oui, ce sont encore une fois les animaux qui payent le prix de nos turpitudes…


Une nouvelle étude confirme le lien entre risques de cancers et exposition au glyphosate chez les rongeurs © CC

Les résultats sont plus que préoccupants : quels que soient les niveaux d’exposition, les chercheurs ont constaté “une augmentation statistiquement significative [...] de la tendance à développer des tumeurs bénignes ou malignes sur plusieurs tissus”. Les maladies du sang sont les plus fréquemment observées, toutes doses confondues, et près de la moitié des décès par leucémie sont survenus chez des rats de moins d’un an.

Est-ce une surprise ? Pas vraiment, puisque le glyphosate est classé comme “cancérogène probable” pour l’homme depuis 2015 par le Centre international de recherche sur le cancer, l’institution scientifique de référence !

Mais malgré cela, la Commission européenne et l’Union européenne, se basant sur l’expertise de l’agence de sécurité sanitaire européenne, l’EFSA, ont décidé en 2023 de ré-autoriser le glyphosate pour 10 ans, estimant que les données n’étaient pas suffisamment probantes pour interdire la molécule. Les autorités européennes ont notamment pris ne compte des rapports rassurants sur le glyphosate produits par les fabricants de pesticides eux-mêmes.

Cette nouvelle étude, inédite par son ampleur, pourrait changer la donne. Dans un article du Monde, le journaliste Stéphane Foucart a interrogé la toxicologue Laurence Huc, directrice de recherche à l’Institut de recherche pour l’agriculture, qui estime je cite, que “cette étude pourrait devenir l’étude de référence pour l’établissement de nouvelles valeurs toxicologiques”, et que les résultats sont “cohérents avec les études épidémiologiques sur les humains”.

Malgré ces éléments qui convergent, le glyphosate reste massivement utilisé dans notre pays, puisque la France est le deuxième plus gros consommateur européen de cet herbicide.

2 - Le Sénat adopte la loi anti-fast fashion visant Shein

Un peu plus d’un an après son adoption à l’Assemblée nationale, le Sénat a voté ce mardi 10 juin, à une écrasante majorité (337 voix contre 1), la proposition de loi visant à freiner l’essor de l’ultra fast fashion, dont Shein, géant chinois du secteur, est devenu le symbole. Objectif : réduire l’empreinte carbone de l’industrie textile, responsable d’environ 10 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre.


Le Sénat adopte la loi anti-fast fashion visant Shein © Sénat

Le texte prévoit un système de bonus-malus destiné à responsabiliser les producteurs. Concrètement, une pénalité d’au moins 5 euros par article sera appliquée dès 2025, et grimpera jusqu’à 10 euros en 2030. La loi impose aussi aux marques de fast fashion d’informer les consommateurs sur l’impact environnemental des vêtements qu’ils achètent. Autre mesure phare : l’interdiction faite aux influenceurs de faire la promotion de la mode jetable. Shein a rapidement réagi, dénonçant un texte qui “risque de faire peser la responsabilité de la durabilité sur les consommateurs, déjà soumis à des pressions économiques, en réduisant davantage leur pouvoir d’achat.”

Plusieurs associations ont salué cette avancée majeure dans la lutte contre la fast fashion, tout en regrettant un texte trop centré sur Shein. Selon elles, les grandes enseignes traditionnelles, comme H&M ou Zara, sont largement épargnées, alors qu’elles contribuent elles aussi à l’impact environnemental du secteur. La suite du processus législatif est attendue pour l’automne, avec un passage en commission mixte paritaire, réunissant sénateurs et députés, en vue d’une adoption définitive.

3 - Emmanuel Macron s’engage à trouver une solution pour les orques de Marineland

En marge de la troisième Conférence des Nations unies sur l’Océan, le président Emmanuel Macron a assuré au fondateur de Sea Shepherd, Paul Watson, qu’une solution serait trouvée pour les orques du parc Marineland d’Antibes. “On va trouver la solution avec vous, la ministre va trouver la solution avec vous”, a-t-il déclaré sur le plateau de l’émission Urgence Océan : un sommet pour tout changer, saluant au passage la fermeture du parc comme une avancée importante.


Emmanuel Macron face à Paul Watson lors de l’émission “Urgence Océan : un sommet pour tout changer” © France 2

Depuis l’arrêt des activités du parc en janvier, les orques Wikie et Keijo ainsi que douze dauphins restent sans solution. La direction de Marineland peine à envisager un avenir viable pour ces cétacés. Selon Le Figaro, le parc continuerait pourtant de pousser pour un transfert vers l’Espagne, malgré le blocage en avril par les autorités d’une tentative de relocalisation au Loro Parque, à Tenerife.

Marineland aurait même sollicité la ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, pour qu’elle appuie cette demande ou qu’elle autorise un transfert vers le Japon. Une option que la ministre rejette. Interrogée en marge de l’UNOC, celle-ci a rappelé : “Il me semble que le parc a une responsabilité de prendre en charge les animaux qui leur ont permis de faire des profits pendant des années. C’est maintenant au parc de nous faire des propositions.”

De leur côté, les associations plaident pour une alternative plus respectueuse du bien-être animal : le transfert des cétacés vers des sanctuaires marins en Grèce et en Italie, qui pourraient être prêts d’ici un an.

4%

C’est le pourcentage d’aires marines en France métropolitaine que le gouvernement a annoncé protéger du chalutage de fond d’ici fin 2026. Lors de la troisième conférence des Nations unies sur l’océan, Emmanuel Macron et son gouvernement ont promis un renforcement de la protection des fonds marins. Les zones dites à "protection forte" passeraient de 0,1 % actuellement à 4 % des eaux françaises autour de l’Hexagone, soit environ 15 000 km². 

À l’échelle globale, la France ambitionne de classer 14 % de ses eaux sous ce statut, devançant l’objectif européen de 10 % d’ici à 2030. Dans ces ZPF, "toutes les activités humaines ayant un impact sensible sur les fonds marins, y compris le chalutage de fond, seront interdites", a précisé la ministre de la Transition écologique.

Le chalutage de fond et les autres méthodes de pêche destructrices restent donc autorisées dans la plupart des aires marines censées être “protégées”, ce que déplorent les scientifiques.


Extrait du documentaire "L'appel de l'océan" de David Attenborough © Disney+

Du côté des ONG de défense de l’océan, c’est la déception qui prime. L’association Bloom dénonce une “escroquerie”. Selon elle, “les 4% de nouvelles aires marines supposées être fortement protégées d’ici fin 2026 et dans lesquelles le chalutage de fond serait interdit, se trouvent… dans des zones dans lesquelles le chalutage de fond est déjà interdit !’”

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