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Dans un contexte morose, les investissements "verts" se maintiennent à haut niveau
21/03/2025

Alors que l’instabilité politique française de ces derniers mois a détourné de l’Hexagone les investisseurs étrangers – notamment américains, comme le montre Business France ce 5 mars -, les investissements de la France dans la transition énergétique font preuve de résilience. "La dynamique reste positive, avec des projets qui atteignent 23,5 milliards d’euros en 2024", selon la huitième édition du Baromètre Arthur Loyd sur l’attractivité des territoires publié le même jour.
Le bilan 2024(Lien sortant, nouvelle fenêtre) de l’investissement international dévoilé le 5 mars 2025 par Business France montre que l’attractivité de la France ralentit pour la première fois depuis 2019, avec un total de 1.688 projets étrangers (-7% vs 2023) et 37.747 emplois créés ou maintenus (-36% vs 2023). Ce ralentissement est essentiellement imputable au contexte politique instable de ces derniers mois. En dépit de ce constat morose, la France confirme son attractivité en matière de technologies vertes, d’après l’édition 2025 du Baromètre Arthur Loyd qui décrypte chaque année l’attractivité et la résilience de nos territoires.
En 2024, les montants d’investissements annoncés dans les filières de transition climatique atteignent 23,5 milliards d’euros pour 392 projets. Malgré une contraction de 10% sur un an, "le bilan est positif puisqu’il s’agit du second record depuis 2019". Les filières des énergies renouvelables (44%), des batteries et véhicules électriques (25%) ou encore la filière recyclage et déchets (22%) "se distinguent nettement".
Dans le classement 2024 des dix départements les plus actifs en matière de projets d’investissements dans les filières vertes, les cartes sont redistribuées : "Certains départements, habituellement en tête, du fait de leur héritage industriel (comme le Nord) laissent la place à des départements à l’identité plus rurale qui ne s’étaient jusque-là jamais inscrits dans le top 10. Parmi eux, la Haute-Vienne (un milliard d’euros annoncés) et les Hautes-Pyrénées (813 millions)."
En cumul depuis 2019, les régions Normandie, Hauts-de-France et Grand Est concentrent à elles seules la moitié des montants et "affirment leur identité d’industries de demain". Ce dynamisme s’illustre notamment par l’annonce de projets de très grand volume dans ces trois régions, "dans le sillage d’une politique volontariste de l’État et des élus locaux, et de la nécessité d’accompagner la décarbonation de l’économie française", selon le baromètre.
En Normandie, le département de Seine-Maritime prend la tête du classement des départements les plus investis avec 3,4 milliards d’euros annoncés, soit la quasi-totalité des investissements normands (3,5 milliards au total). Notamment grâce à deux projets d’envergure : Livista Energy qui annonce la création d’un pôle européen du lithium au Havre et Air Products qui installera, au Havre également, une installation d’importation d’hydrogène bas carbone.
Les Hauts-de-France, première région bénéficiaire des investissements
Les Hauts-de-France qui étaient les champions du classement en 2023 connaissent "un ralentissement certain", tout en restant la première région bénéficiaire des montants annoncés en 2024, totalisant près de 4 milliards d’euros. En cumulé depuis 2019, c’est le Nord qui arrive en tête du classement "avec quatre annonces importantes (ProLogium, Envision, Verkor et XTC) de plus d’un milliard d’euros chacune dans la filière de la production de batteries électriques". L’annonce de la création de la gigafactory de production de batteries électrique ACC entre PSA et Total permet au Pas-de-Calais de s’imposer en troisième position du top 10 du baromètre depuis 2019.
Avec un total avoisinant 3,7 milliards d’euros annoncés en 2024, la région Grand Est se démarque, notamment grâce à la croissance du Bas-Rhin, qui passe de la 30e à la deuxième place du classement, atteignant 2,3 milliards d’euros annoncés dans le verdissement de l’économie, dont la quasi-totalité dans la filière batterie et véhicule électrique. Les Vosges connaissent également une progression notable, passant de la 54e à la 5e place avec près de 1,1 milliard d’euros annoncés notamment porté par l’ouverture d’un site de production de carburant de synthèse par Verso Energy.
Les deux tiers des investissements à l’extérieur des métropoles
D’autre part, le baromètre 2025 montre que les deux tiers des investissements dans les filières vertes profitent aux territoires localisés à l’extérieur des métropoles françaises. Ces filières apparaissent comme "un puissant facteur de rééquilibrage territorial au profit des petites villes et villes moyennes". Les auteurs mettent cependant en garde : "Ce dynamisme pourrait être entravé par la raréfaction du foncier industriel, la multiplication des recours et les lourdeurs administratives, ou encore, une forte incertitude qui désincite les industriels verts à concrétiser leurs projets."
Pour Cevan Torossian, directeur du département Études & Recherche d’Arthur Loyd, l’implantation des filières de transition verte ne doit rien au hasard. Il note que dans leur grande majorité, les territoires gagnants disposent d’un fort héritage industriel. Ces nouvelles implantations reposent aussi sur une combinaison de plusieurs paramètres annexes comme l’accès à un foncier industriel adapté, qui devient "un enjeu stratégique", la capacité à mobiliser une main-d’œuvre qualifiée et l’accès à l’énergie. "Même si tous les secteurs industriels ne consomment pas le même niveau d’énergie, garantir aux acteurs une mise à disposition à long terme des ressources énergétiques est un prérequis pour les investisseurs", dit-il.
Enfin, le soutien des pouvoirs publics et élus locaux est déterminant : "Dispositifs d’accompagnement à l’implantation, simplification administrative et cadre réglementaire cohérent peuvent accélérer l’implantation des technologies vertes." C’est la combinaison de ces critères qui peuvent expliquer les raisons du succès des territoires qui parviennent à attirer des investissements en faveur de la décarbonation de l’économie.