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Pollen : les allergies empirent à cause du dérèglement climatique

10/05/2024

Pollen : les allergies empirent à cause du dérèglement climatique

Périodes de floraisons plus longues, pollens plus allergisants, espèces exotiques envahissantes… À cause du dérèglement climatique, les pollinoses, ou allergies au pollen, ne font qu’empirer ces dernières décennies. Le rapport annuel sur les pollens dans l’hexagone, publié ce 2 mai 2024, fait le point de la situation et appelle à mieux prendre en charge les personnes sensibles.

Près d’un adulte sur trois est allergique aux pollens aujourd’hui en France, selon l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses). D’après le Commissariat général au développement durable, ce chiffre a été multipliés par trois ces 25 dernières années. Dans leur rapport de surveillance annuel des pollens et des moisissures dans l’air ambiant en France, publié ce 2 mai 2024, le Réseau national de surveillance aérobiologique (RNSA), la Fédération Atmo France regroupant les Associations agréées de la qualité de l’air (AASQA) et l’Association des pollinariums sentinelles de France (APSF) alertent sur les conséquences du dérèglement climatiques sur les pollinoses.

Ces trois associations ont en charge la coordination de la surveillance des moisissures et des pollens en France. « La littérature scientifique est unanime pour alerter sur l’augmentation prévisible des allergies et une probable dégradation de la santé respiratoire en général », affirme Nicolas Visez, président du RNSA dans le rapport. « Ces trente dernières années, les allergies aux pollens et la sévérité des symptômes ont fortement augmenté », rappelle Isabelle Bossé, médecin allergologue référente du pollinarium de La Rochelle, dans ces mêmes lignes. En effet, l’index clinique a atteint son plus haut niveau en 2023, explique Atmo France. Cet index évalue la sévérité des symptômes ressentis par les personnes allergiques. Il recense aussi le nombre de personnes atteintes de pollinoses. Selon l’association, celui-ci n’a cessé d’augmenter ces deux dernières décennies.

Des périodes de floraison étendues et un pollen plus allergisant

D’après les trois associations, l’augmentation du nombre de pollinoses et de leur sévérité est liée au dérèglement climatique. « Le rythme immuable de la pollinisation est bouleversé par les activités humaines », écrit Atmo France dans un communiqué. Ainsi, le dérèglement climatique influence « la production de pollen, notamment en allongeant la saison pollinique, [et] en modifiant la répartition spatiale », explique le rapport. 

Ainsi, « comme l’ont démontré plusieurs études, l’augmentation de la concentration dans l’atmosphère de CO2, nécessaire à la photosynthèse, accroît de façon significative la production de pollen », ajoute le commissariat général. De plus, selon Atmo France, « certaines saisons polliniques sont plus précoces qu’au début du siècle ». « D’autres saisons sont prolongées à la faveur d’un été avec des températures inédites comme en septembre 2023″, précise l’organisme. Par exemple, le rapport des associations détaille que l’année 2023 a connu plusieurs périodes de forte production de pollen. Celles-ci ont été causées par des températures inhabituellement élevées. En raison des dates de floraisons différentes des arbres, ces périodes se sont étendues de fin décembre 2022 à juin 2023. Ainsi, maintenant « plus exposée aux pollens, la population développe davantage d’allergies », précise le Commissariat général au développement durable.

Par ailleurs, la hausse de la pollution atmosphérique influe sur le pollen en lui-même. En transformant ou déformant certains pollens, elle participe également à l’augmentation des pollinoses. En effet, de cette manière « elle accroît leur capacité à pénétrer en profondeur les voies respiratoires, déjà irritées et fragilisées par cette même pollution », explique le Commissariat général au développement durable.

L’ambroisie : une espèce exotique envahissante et très allergisante

Le dérèglement climatique n’est toutefois pas le seul responsable de ce phénomène. Certaines espèces ont des pollens plus allergisants que d’autres. C’est par exemple le cas de l’ambroisie, une espèce exotique envahissante originaire d’Amérique du Nord. « Sous l’effet du changement climatique [cette espèce] migre du Sud vers le Nord, et affecte tout le continent européen. En France, où cette plante fait l’objet de plans locaux de lutte et de prévention spécifiques, ses pollens sont surtout présents dans la vallée du Rhône, dans la Nièvre et en Charente », précise le Commissariat général au développement durable.

« L’ambroisie émet un pollen fortement allergisant. Il entraîne les mêmes symptômes que d’autres pollens chez les personnes allergiques souffrant de rhinite et impacte fortement leur qualité de vie », explique l’Anses. De plus, durant l’année 2023, l’ambroisie a augmenté sa production de pollen. Selon le rapport des trois associations, en moyenne, la concentration de pollen d’ambroisie a augmenté de 10% comparé à 2022. Qui plus est, les températures inhabituelles de 2023 ont également prolongé la saison de l’ambroisie. Celle-ci est plus tardive que les autres arbres, ce qui allonge déjà la période des pollinoses. Selon l’Anses, elle se produit habituellement « entre mi-août et mi-septembre ». Cependant, en 2023, « les pollens d’ambroisie ont été responsables du dernier pic de symptômes allergiques de fin juillet à début octobre », précise le rapport de la RNSA, les AASQA et l’APSF.

Surveiller les pollens pour  » prévenir les risques pour la santé » et « optimiser la prise en charge des personnes sensibles »

Depuis 2016, la RNSA, les AASQA et l’APSF coordonnent la surveillance du pollen et des moisissures de l’air ambiant. Les ministères chargés de la santé et de l’environnement les ont désignées sur recommandation de l’Anses. Cette surveillance s’opère à l’aide de 16 pollinariums sentinelles, 15 jardins d’observation et 84 capteurs dont 10 spécifiques à l’ambroisie. Les trois associations communiquent régulièrement les résultats de cette surveillance. Elles mesurent notamment les menaces via l’indicateur du risque d’allergie lié à l’exposition au pollen (RAEP). Saisie à nouveau en 2020, l’Anses a conclu, dans un rapport datant de 2022 à l’efficacité de ce système. Elle conseille néanmoins de le renforcer. Ainsi que « de faire évoluer le RAEP vers des méthodes modernes, basées sur des observations en temps réel, spatialisées, sur un traitement des données automatisé et sur l’usage de modèles numériques ».

Pour s’informer sur l’état des pollens en métropole, la RNSA propose déjà une carte du risque d’allergie aux pollens ainsi que des bulletins allergo-pollinique sur son site pollens.fr. De leur côté, les AASQA se sont mobilisés sur le projet INTERpollens. Celui-ci a pour objectif de contribuer « à l’amélioration de la connaissance et de l’information du public sur la présence des pollens et les événements polliniques pour les prochains jours ». Selon le rapport, INTERpollens est pour l’instant déployé dans six régions métropolitaines et sur cinq espèces, l’aulne, les graminées, le bouleau, l’ambroisie et l’armoise. À terme, ce projet devrait se développer en une véritable météo des pollens.

natura-sciences



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