Le salon des Solutions
environnementales & énergétique du Grand Est

Les Actualités

Immobilier, transports et industrie : des stratégies climat des entreprises encore inabouties

04/01/2025

Immobilier, transports et industrie : des stratégies climat des entreprises encore inabouties

L'Ademe a réalisé dans une campagne de diagnostic du plan de transition vers une économie bas carbone de vingt-six entreprises.    © 418studio

Via son outil Act, l'Ademe a scruté les plans climat d'un panel d'entreprises des secteurs de l'immobilier, des transports et de l'industrie. Elle note des efforts mais un manque de méthodologie, notamment à l'approche des échéances de la CSRD.

Quel est le niveau d'alignement des entreprises avec l'Accord de Paris ? Afin de mesurer leur degré d'ambition et de maturité en matière climatique, l'Agence de la transition écologique (Ademe) s'est lancée dans une campagne de diagnostic du plan de transition vers une économie bas carbone de vingt-six d'entre elles, avec l'aide du cabinet de conseil Ekodev et du Centre interprofessionnel technique d'études de la pollution atmosphérique (Citepa), en débutant par les trois secteurs de l'immobilier, de l'industrie et des transports.

Pour chacun, elle a sélectionné un panel de sociétés, jugées représentatives en termes d'avancement sur ce dossier : huit dans l'immobilier, comme Bouygues ou Vinci, neuf dans l'industrie, comme Schneider Electric ou Veolia Environnement, neuf dans le transport, comme Air France KLM, Transdev, Geodis ou CMA-CGM.

Objectifs de réduction de l'empreinte carbone des entreprises, investissements associés, management, engagements des parties prenantes, compatibilité du modèle économique… Son étude s'appuie sur les informations déjà publiées par ces organisations, notamment dans leurs rapports annuels, passées au crible de sa méthodologie ACT Évaluation mixant critères quantitatifs et qualitatifs. Objectif : estimer la cohérence de leur feuille de route au regard des objectifs climatiques internationaux.

Des organisations concernées mais brouillonnes

Conclusion : la plupart des entreprises ont structuré leur démarche de réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre, avec la volonté affichée de contribuer à la décarbonation. Ces enjeux sont d'ailleurs « aujourd'hui plutôt bien intégrés dans leur pilotage stratégique », note l'Ademe, via des organes de supervision « au plus haut niveau dans l'organisation », ou une meilleure gestion des risques et des opportunités liés à la transition bas carbone. Elles ont également bien mesuré leur empreinte carbone, mais, hélas, essentiellement pour les scopes 1 et 2. Moins précis et moins rigoureux, le suivi du scop 3 fait moins souvent l'objet d'engagements, d'objectifs et de mesures de réduction de leur part.

Le sujet le plus prégnant concerne le manque global de lien précis entre objectifs de décarbonation et plan d'action mis en œuvre en vue de l'atteindre ” Ademe

Enfin, ces organisations ont bien défini des objectifs de réduction de leurs émissions à moyen terme et mis en œuvre des actions concrètes suivies de résultats. Outre le traitement du scop 3, qui permettrait à leur feuille de route de gagner en lisibilité et en transparence, les pistes d'amélioration restent cependant nombreuses. « Le sujet le plus prégnant concerne le manque global de lien précis entre objectifs de décarbonation et plan d'action mis en œuvre en vue de l'atteindre », indique notamment le rapport.

Les métriques de suivi choisies peuvent également être améliorées. En effet, les entreprises prennent trop en compte leurs émissions absolues, variant fortement en fonction de leur l'activité, ce qui ne leur permet pas de mesurer réellement l'amélioration de la décarbonation de leurs processus. L'agence recommande l'utilisation d'indicateurs complémentaires, en absolu et en intensité physique, cohérents avec les standards du secteur ou, à défaut, dûment justifiés.

Plus de détails et de précisions attendus

Les organisations gagneraient globalement à se montrer plus précises dans leur reporting. Ainsi, 21 % des indicateurs communiqués n'ont pas pu être notés par l'Ademe, et même jusqu'à 38 % dans le secteur de l'immobilier, faute de données disponibles ou trop approximatives. Ces éléments sont pourtant bien prévus par le cadre exigeant de la directive CSRD : dès 2025 pour les plus grandes entreprises. Le déploiement des rapports découlant de ce texte devrait permettre d'améliorer leur disponibilité, estime l'Ademe.

Les leviers d'action indiqués dans les plans de transition devraient eux aussi s'accompagner de données précises et plus détaillés sur l'impact attendu. L'Ademe insiste en outre sur la mise en place de cibles à court, moyen et long terme, et non seulement à moyen terme, notamment dans le secteur de l'industrie et celui des transports, afin d'améliorer la visibilité de la transition jusqu'à l'horizon 2050. Afin de donner plus de poids à leurs actions, les entreprises pourraient par ailleurs mieux utiliser leur pouvoir d'influence sur leurs parties prenantes : clients, fournisseurs, associations professionnelles.

Plusieurs outils Act

L'Ademe a décliné sa méthodologie ACT en deux sous-ensembles.

• ACT Pas-à-Pas s'adresse aux entreprises qui ont déjà réalisé un premier bilan de leurs émissions de gaz à effet de serre mais sans stratégie climatique mature.

• ACT Évaluation est destiné aux entreprises disposant déjà d'une stratégie climatique formalisée. L'outil leur apporte un regard critique sur tous les aspects de leur plan de transition, dans le cadre d'une démarche d'amélioration continue.

Une mise à jour est prévue pour aider ces organisations à répondre aux attentes de la CSRD.

Des scores encore à améliorer

Le score de performance des entreprises, qui mesure leur degré d'alignement sur une économie bas carbone via l'ensemble des indicateurs, s'établit en moyenne à 7,7/20 dans l'immobilier, à 8,9/20 dans l'industrie, à 9/20 dans les transports. Des niveaux qui révèlent une « maturité intermédiaire », commente le rapport. Le score de narratif attestant de la cohérence des stratégies, de A à E, atteint B en moyenne dans l'immobilier, C dans l'industrie et les transports, révélant « un potentiel d'amélioration », selon l'Ademe.

Enfin, lié à la direction prise par l'entreprise, le score de tendance est dans l'ensemble stable ou positif (dans l'industrie), laissant espérer une amélioration au cours des prochaines années. Parmi les bons élèves du panel, on retrouve Schneider Electric, avec un 10,3 en score de performances, assombri toutefois par un C en narratif, Bouygues construction (10,6 en performances, A en narratif), CMA-CGM (11,5 en performances, B en narratif). L'Ademe compte renouveler cet exercice en 2025, afin de mesurer les progrès accomplis et les axes d'amélioration sur lesquels agir.

Nadia Gorbatko / actu-environnement

Annonce Publicitaire