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Face au manque d’eau, ce petit village Suisse a pris une mesure radicale

15/03/2024

Face au manque d’eau, ce petit village Suisse a pris une mesure radicale

Le réchauffement climatique menace les ressources naturelles. Confrontée à la pénurie d’eau, une petite commune suisse du canton du Valais a décidé de prendre une mesure radicale.

En Suisse, la commune de Grimisuat, surplombant Sion, dans le canton du Valais, manque d’eau. Face à cette problématique, qui devrait empirer avec le changement climatique, elle a dû prendre une grande décision : celle de limiter sa population, rapporte le quotidien suisse Le Temps. Ironie du sort, les quelque 3 774 habitants du village sont appelés les « Blecs », ce qui, « en patois valaisan signifie mouillé ou humide », détaille le journal local. 


Dans une interview accordée au quotidien suisse Blick, l’hydrologue Christophe Ancey explique cette problématique locale par la porosité du territoire. « La rive droite du Rhône est une partie relativement bien arrosée, mais dans toute la région entre Sierre et Sion, le sol est extrêmement poreux. L’eau descend rapidement en direction du Rhône et donc il n’y a pas beaucoup de stockage. »

Problème pérenne

Contrainte par son emplacement, la commune résiste en faisant preuve d’ingéniosité et d’avant-gardisme pour se procurer l’or bleu, et cela depuis des décennies. Dès le XVe siècle, elle construit des canaux d’irrigation, puis, dès les années 1950, installe des compteurs d’eau. Aujourd’hui, les habitants peuvent boire et se laver grâce à des accords et arrangements conclus avec les communes voisines. Un réseau de 110 micros pour déceler les fuites d’eau a également été mis en place. Mais si les initiatives s’enchaînent, le problème subsiste. Alors comment faire ?

Raphaël Vuigner, président de la commune, a tranché. Il a décidé de drastiquement limiter la population de son village, pour garantir un accès à l’eau pour tous les habitants. Le but : anticiper « une ressource en eau moindre et de possibles pénuries répétées en raison du changement climatique ». À Grimisuat, il n’y aura pas plus de 5 000 habitants.

« Si on continue, on est mort »

« Si on ne fait rien, on sait pertinemment que l’on sera confronté, à terme, à des difficultés d’alimentation en eau potable et d’irrigation. Si on continue à vivre au même rythme qu’aujourd’hui, on est mort. On doit donc agir », s’est justifié le président de Grimisuat dans les colonnes du journal Le Temps.

Déjà presque 3 800 âmes peuplent les demeures de Grimisuat, et seulement 1 200 personnes supplémentaires pourront venir grossir les rangs de la petite commune, pour atteindre, au maximum, le nombre de 5 000 habitants. Et ce chiffre n’est pas anodin, il a été choisi car « la taille des écoles, du réseau d’eau ou encore des réservoirs a été calibrée par nos prédécesseurs pour 5 000 habitants », a expliqué Raphaël Vuigner. Cela demanderait trop de temps, d’argent et d’investissement d’augmenter les capacités d’accueil. Alors, « autant la conserver ainsi, et maintenir la qualité de vie actuelle ».

Un exemple pour les autres

Avec cette décision, Grimisuat pourrait servir d’exemple aux localités voisines. Sujettes aux mêmes conditions environnementales et climatiques, elles devraient connaître les mêmes problématiques hydrauliques. Interrogé par Le Temps, Emmanuel Reynard, professeur de géographie physique à l’Université de Lausanne, avance que la gestion durable de l’eau va se développer dans les prochaines années et « il faudrait que les autres communes, et même celles qui sont moins confrontées aux pénuries d’eau, s’inspirent de Grimisuat ».

ouest-france

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