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Élections européennes : pourquoi la nature est la grande perdante des reculs sur le Pacte vert

26/04/2024

Élections européennes : pourquoi la nature est la grande perdante des reculs sur le Pacte vert

En Europe, environ 800 millions d’oiseaux ont disparu en quarante années, déplorent les naturalistes comme la Ligue de protection des oiseaux. Surtout les espèces vivant sur les plaines agricoles, dont cette alouette des champs. | THIERRY CREUX / OUEST-FRANCE

Depuis la directive Oiseaux il y a cinquante ans, l’Union européenne a toujours joué la locomotive pour protéger la biodiversité sur le continent, lorsque les États membres traînaient en chemin. Ce temps est révolu. Par pur électoralisme, des textes sont bloqués, voire détricotés. Une première.

Les grandes organisations de défense du vivant ne s’y trompent pas.  L’Europe est toujours porteuse d’espoir sur l’environnement  tient à rappeler Allain Bougrain-Dubourg, le président de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO).  Sur la protection des espèces, la création d’aires protégées comme les sites Natura 2000, la réglementation des chasses traditionnelles… 

Cependant, la fin de la mandature 2019-2024 a connu,  pour la première fois depuis quarante ans, un détricotage. Alors que l’UE allait toujours vers davantage de protection, là on régresse , estime le patron de la LPO, en présence d’autres ONG du Réseau action climat, à Paris, mardi.

Quels sont les principaux reculs ?

Sans conteste, il concerne la nouvelle version de la Politique agricole commune (PAC), soumise au vote le 22 avril.  Après dix années de verdissement de la PAC et l’ajout de conditions protectrices pour l’environnement, cette révision décidée à la hâte après la colère agricole de l’hiver n’est qu’un immense recul pour la biodiversité des sols , déclare Suzanne Dalle, chargée de l’agriculture à Greenpeace.

Avec cette future PAC, des produits agrochimiques seront possibles sur des zones protégées, le principe des jachères a été retoqué et  les fermes de moins de 10 hectares seront exemptées de contrôle, cela représente 17 millions d’hectares, soit la superficie de l’Allemagne , note-t-elle.

Irez-vous voter aux élections européennes le 9 juin ?

Du côté de la LPO, on pointe les menaces sur le statut du loup, le blocage de la loi sur la restauration de la nature, les coupes rases dans les forêts, pour lesquelles Suède et Finlande militent toujours.

Concrètement, de nombreux textes du Pacte ont été soit vidés de leur substance, comme le règlement sur les emballages, sapés par des exemptions, soit bloqués ou reportés sine die, telle la réforme de la réglementation sur les produits chimiques ou le règlement sur l’usage durable des pesticides. Le Pacte vert de la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, a été détricoté avec patience et obstination.

Qui vote pour moins de nature ?

Selon l’analyse des votes au Parlement européen, faite par le Réseau Action climat (RAC) : la droite et surtout l’extrême droite.  Ils sont des bloqueurs systématiques à toute avancée , note Anne Bringault, directrice du RAC.

Mais le parti qui a joué  les girouettes  et permis parfois les reculs, est celui des libéraux, dont fait partie la majorité présidentielle française. À ces revirements des parlementaires, il faut ajouter ceux des dirigeants qui détricotent les textes aussi pour raisons électoralistes. Pour Arnaud Schwartz, président de France nature environnement,  l’extrême se nourrit toujours des décisions qui viennent d’en haut et des crises comme la guerre en Ukraine qui créent de l’inflation. 

L’UE peut-elle se reprendre ?

Le commissaire à l’Environnement Virginijus Sinkevicius veut y croire.  C’est le changement climatique et le déclin de la biodiversité qui nuisent à la production agricole, pas l’Union Européenne. Le Pacte vert est conçu pour lutter sur ces deux fronts . Les scientifiques confirment qu’une perte de 9 à 10 % a été constatée sur les principales cultures (maïs, blé…) entre 1981 et 2010.

L’eurodéputé français Pascal Canfin (libéral) ajoute que des textes protecteurs parviennent encore à passer, dans cette ambiance délétère, dont le  carbon farming  mercredi :  il permettra aux agriculteurs de toucher plus d’argent lorsqu’ils stockent du carbone dans les prairies ou réduisent leurs émissions de méthane .

ouest-france

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