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Avec un monde à +4°C, une perte de PIB de 40% en moyenne par habitant et par an
14/04/2025

Le changement climatique futur augmentera le risque de chocs climatiques simultanés dans tous les pays et de manière plus persistante. @iStock
Quel impact aura le changement climatique sur le PIB ? Une nouvelle étude estime que les pertes seront bien plus importantes qu'estimées jusqu'à présent, atteignant 40% de PIB en moins en moyenne par habitant et par an d'ici la fin du siècle dans un scénario de réchauffement à +4°C.
Avons-nous été trop optimistes à propos du changement climatique et de ses impacts économiques ? C’est ce que suggèrent plusieurs études récentes. La dernière en date, publiée le 31 mars dans la revue Environmental Research Letters, montre ainsi que les dommages économiques pourraient être quatre fois plus qu’importants qu’estimés jusqu’à présent. En cause, la prise en compte de la seule météorologie locale et non mondiale dans les modèles utilisés.
"Ces modèles présentent souvent une faille fondamentale : ils supposent qu'une économie nationale n'est affectée que par les conditions météorologiques de ce pays. Les impacts des événements météorologiques survenus ailleurs, comme l'impact des inondations dans un pays sur l'approvisionnement alimentaire d'un autre, ne sont pas pris en compte", explique le Dr Timothy Neal, de l'Institut des risques et réponses climatiques de l'Université de Nouvelle-Galles du Sud, auteur principal de l'étude, dans un billet publié dans The Conversation. "Nos nouvelles recherches montrent que les prévisions précédentes concernant l'impact d'un tel réchauffement sur l'économie mondiale étaient bien trop optimistes", se désole-t-il.
"Risque de chocs climatiques simultanés"
Dans un scénario de réchauffement de 4°C, la perte de PIB serait ainsi de 40% d’ici la fin du siècle en moyenne par habitant et par an, contre 11% selon les estimations précédentes, et de 16% à l'échelle mondiale, même si le réchauffement climatique est limité à 2°C. "L'ajout des conditions météorologiques mondiales (dans les modélisations, ndr) augmente systématiquement les pertes économiques projetées, quel que soit le modèle utilisé (…) et entraîne de graves pertes dans une grande partie des latitudes moyennes de l'hémisphère nord dans deux des trois modèles, en particulier en Europe, aux États-Unis, en Chine et en Inde", conclut l’étude.
En cause, une économie mondiale fortement mondialisée – les chocs sur la croissance économique d'un pays ont des répercussions sur d'autres pays – et un risque accru que des conditions météorologiques extrêmes se produisent à plusieurs endroits de la planète en même temps. "Par exemple, par le passé, l'Amérique du Sud pouvait être en proie à la sécheresse, tandis que d'autres régions du monde bénéficiaient de bonnes précipitations. L’Amérique du Sud pouvait donc compter sur les importations de produits agricoles d'autres pays pour combler ses déficits intérieurs et éviter une flambée des prix alimentaires. Mais le changement climatique futur augmentera le risque de chocs climatiques simultanés dans tous les pays et de manière plus persistante. Cela perturbera les réseaux de production et de distribution de biens, compromettra les échanges commerciaux et limitera l'entraide entre les pays", poursuit le Dr Neal.
Stimuler la croissance
Autre apprentissage : les modélisations précédentes estimaient que l’équilibre entre les coûts à court terme de l’action climatique pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et ses avantages à long terme se situait à un niveau de réchauffement de 2,7°C, soit la trajectoire sur laquelle nous nous trouvons actuellement, bien au-dessus des objectifs de l’Accord de Paris. Des réflexions qui ne poussaient donc pas à l’action mais qui étaient basées sur des hypothèses erronées, soutiennent les chercheurs. Or, dans leur nouvelle recherche, "le niveau optimal de réchauffement climatique, en équilibrant les coûts à court terme et les bénéfices à long terme, est de 1,7°C – un chiffre globalement conforme à l'objectif le plus ambitieux de l'Accord de Paris", estime Timothy Neal.
Une autre étude publiée cette semaine par l’OCDE, en collaboration avec le PNUD, suggère aussi que l’action climatique aurait des effets positifs pour le PIB mondial, entraînant un gain net de 0,23% d’ici 2040. D’ici 2050, les économies les plus avancées verraient la croissance de leur PIB augmenter de 60% et de 124% dans les pays à faible revenu par rapport à 2025. En revanche, si l’on suit la tendance actuelle, le PIB mondial pourrait être amputé d’un tiers d’ici la fin du siècle.
"Le coût de l'inaction face au changement climatique est frappant, tant pour notre portefeuille que pour notre avenir. Les énergies renouvelables comme le solaire et l'éolien sont désormais les sources d'énergie les plus abordables, offrant des prix stables, une indépendance énergétique et une voie de sortie de la volatilité des combustibles fossiles. Les preuves sont irréfutables : l'énergie propre n'est pas seulement bonne pour la planète. Il s'agit d'un acompte sur la prospérité et la sécurité à long terme des individus, des ménages et des communautés du monde entier", réagit Anne Jellema, directrice exécutive de 350.org.