De l'eau de mer pour chauffer les logements : grands travaux aux Sables-d'Olonne pour passer à la thalassothermie

• La station balnéaire des Sables-d'Olonne est en train de passer à la thalassothermie : il s'agit d'utiliser l'eau de mer pour chauffer certains bâtiments.
• Un modèle auquel s'intéressent d'autres villes et qui est appelé à se développer.

Il aura fallu trois mois de travaux pour créer un réseau de thalassothermie aux Sables-d’Olonne (Vendée). Plusieurs pelleteuses ont ainsi été mobilisées sur 700 mètres de plage. Un chantier gigantesque qui a permis d'enfouir des canalisations capables de récupérer l'eau de mer afin de chauffer la station balnéaire. Aujourd'hui, seuls des tuyaux dépassent du sable. "Ce sont les deux conduites de chaleur qui vont permettre de transporter l'eau très chaude, donc le réseau de chaleur. Il y a une conduite aller et une conduite retour", explique Arnaud Ballay, directeur général adjoint d'Ecoplage, dans le reportage du JT de TF1 visible ci-dessus. 

"La mer, c'est le plus gros panneau solaire qui puisse exister à l'échelle du monde."

Arnaud Ballay, directeur général adjoint d'Ecoplage

Concrètement, comment ça marche ? Comme on le voit sur l'infographie ci-dessous, l'eau de mer est prélevée et envoyée vers une chaudière. Elle en ressort à 80°C puis va directement chauffer des bâtiments. Une fois utilisée, l'eau de mer regagne l'océan à une température de 4°C. "La thalassothermie, c'est la même chose que la géothermie, mais avec des volumes et des températures beaucoup plus importantes que la géothermie, donc ça permet d'être plus efficace. La mer, c'est le plus gros panneau solaire qui puisse exister à l'échelle du monde", précise Arnaud Ballay. 

"Diminuer de 60% le coût de l'énergie"

Dans le centre-ville, les travaux de raccordement se poursuivent. À terme, ce système permettra de chauffer les installations les plus gourmandes en énergie comme le Palais des Congrès ou la piscine. Une quinzaine de bâtiments publics et privés en bénéficieront. C'est une bonne idée pour certains Sablais. "Puisqu'on a un élément naturel qui peut nous aider à faire des économies, à nous chauffer, je suis d'accord avec ce genre de choses", applaudit une retraitée. Son mari acquiesce : "C'est positif pour tout le monde". 

D'autres en revanche sont plus sceptiques. "C'est peut-être une bonne idée, mais il faudrait peut-être avoir un peu de recul. On ne sait pas du tout où on va. Espérons que ça fera des bons résultats", s'interroge une riveraine. Coût de l'opération, plus de 8 millions d'euros. Selon la mairie, il faudra une dizaine d'années pour amortir cet investissement. "C'est une énergie locale 100% décarbonée qui va nous permettre d'économiser 1.000 tonnes de CO2 par an. Ça, c'est vraiment un nombre important. Et on va pouvoir diminuer de 60% le coût de l'énergie", détaille Nicolas Chénéchaud, adjoint au maire. 

Aux Sables-d'Olonne, la mise en service est prévue l'année prochaine. En attendant, une dizaine de villes s'intéressent à ce type de système. Notamment Marseille, où est implantée l'une des plus grandes usines de thalassothermie d'Europe. La cité phocéenne a déjà raccordé une trentaine d'immeubles à une centrale dédiée à cette solution, et projette de multiplier ces raccordements. En outre, un centre commercial de 90.000 mètres carrés qui utilise la technologie depuis 5 ans, affirme ainsi avoir réduit de "80% [ses] émissions de CO2", en remplaçant tout d'abord ses climatiseurs néfastes pour l'environnement, mais aussi en "supprimant toutes [ses] chaudières au gaz". 

Autre exemple, à Cannes, d’ici fin 2026, pas moins de 109 immeubles, dont plusieurs hôtels emblématiques (Carlton, Martinez…), ainsi que le Palais des Festivals, seront raccordés à ce système innovant. 

La rédaction de TF1info | Reportage : Nicolas HESSE, Renan HELLEC et Elise REGAUD

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