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Sébastien Crouzet, Arec Occitanie : « La transition écologique doit aller beaucoup plus loin »

28/02/2025

Sébastien Crouzet, Arec Occitanie : « La transition écologique doit aller beaucoup plus loin »

Sébastien Crouzet est responsable du Centre évaluation et prospective et de l’Observatoire régional climat et énergie d’Occitanie (Orceo) de l’Arec Occitanie. Crédit : Orane Benoit.

Responsable du Centre évaluation et prospective ainsi que de l’Observatoire régional climat et énergie d’Occitanie (Orceo) de l’Agence régionale énergie climat (Arec) d’Occitanie, Sébastien Crouzet commente le dernier panorama énergétique et climatique publié par l’agence. Si les objectifs de production d’énergies renouvelables devraient être tenus, la consommation énergétique demeure élevée dans la région.

Sébastien Crouzet, quel est l’objectif de l’Observatoire régional climat et énergie d’Occitanie dont vous êtes responsable ?

L’objectif de l’Observatoire, animé par l’Arec Occitanie, est d’être au service de la Région et de l’État. Nous sommes aussi pilotés par l’Ademe et la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dreal). Nous synthétisons les données énergétiques depuis notre création et les données climatiques depuis deux ans. Nous fournissions des outils d’aide à la prise de décision aux acteurs locaux, afin de leur permettre de construire leur plan climat-air-énergie territorial (PCEAT). Dans notre dernière publication, nous analysons les chiffres clés de l’énergie et des gaz à effet de serre des années 2022 et 2023. Dans le document accessible gratuitement, l’analyse part du niveau régional jusqu’au niveau communal en passant par le niveau départemental. Le but est que chacun à son niveau puisse tirer des enseignements, notamment de l’évolution de sa consommation et de sa production d’énergie.

Le bilan des années 2022 et 2023 est en demi-teinte. La région est par exemple loin d’atteindre les objectifs fixés en ce qui concerne la diminution de sa consommation énergétique...

Nous sommes bien meilleurs sur la production d’énergies renouvelables (EnR) que sur la diminution de notre consommation énergétique. Il faut dire que les objectifs de la Région à horizon 2030 étaient très ambitieux. Les mécanismes pour diviser par deux la consommation énergétique sont encore à inventer. Il faut embarquer une population entière et tout le monde industriel. Il faut y aller beaucoup plus fort sur tous les sujets. De l’isolation des bâtiments au transport routier en passant par les énergies fossiles, il faut aller beaucoup plus loin si on veut respecter ces objectifs.

Qu’est-ce qui porte cette bonne dynamique en ce qui concerne la production d’EnR ?

Clairement la production de photovoltaïque, qui est très bonne en Occitanie. Sur l’éolien, les résultats sont beaucoup moins bons. Cette énergie crée de plus en plus de crispations. Pourtant, on va avoir besoin de cette énergie pour continuer d’augmenter l’électrification des usages, condition de la baisse de la production de gaz à effet de serre. À l’Arec, nous continuons de promouvoir des projets énergétiques qui impliquent de façon très importante les citoyens. Plus ils sont parties prenantes, plus les citoyens acceptent les projets d’EnR.

Votre document est également prospectif et imagine une Occitanie confrontée à une augmentation de 4°C. Qu’est-ce qui sera le plus alarmant si on atteint cette augmentation très importante de température ?

Il faut avoir en tête que cette trajectoire est un scénario qu’il faut éviter à tout prix, car nous avons beaucoup à perdre. C’est un monde assez invivable. Toutefois, il peut advenir donc il faut nous y préparer. La problématique majeure sera la préservation de la ressource en eau. Il n’y a pas de solutions simples car il va y avoir des compétitions d’usage qu’il va falloir arbitrer démocratiquement. Lorsqu’on construit aujourd’hui, il faut avoir en mémoire cette trajectoire car les aménagements de 2025 devront supporter les hausses de température des vingt-cinq années qui viennent. Autre risque, des précipitations plus chaotiques et pas à des moments opportuns. Par exemple, si de l’eau tombe fortement après une grande période de sécheresse, elle est mal absorbée par les éléments qui en ont besoin. Il faudra s’attendre plus globalement à des catastrophes climatiques plus intenses et plus fréquentes. Selon moi, il ne faut pas opposer atténuation et adaptation au réchauffement climatique, il faut construire des politiques qui allient les deux. Chaque centième de degré de réchauffement évité, ce seront des vies gagnées.

Aucune activité économique ne sera épargnée dans un monde à +4°C ...

Non aucune, de l’agriculture à l’industrie. Il faut que chacun revoie son modèle. Et, pour certaines industries, il faudra faire totalement pivoter celui-ci. Car la production de gaz à effet de serre est parfois consubstantielle à certaines productions industrielles. C’est le cas de la cimenterie. Pour le moment, certaines entreprise ont plus intérêt techniquement et en termes économiques d’utiliser des fours qui fonctionnent avec des énergies fossiles plutôt que des fours électriques. La question, pour les pouvoirs publics, est de savoir comment on accompagne des entreprises dans des processus de dépenses coûteux et parfois longs qui ne seront pas rentables à court terme. À l’Arec, nous signons de plus en plus de partenariats avec des entreprises pour les guider dans la mise en place de politiques de changements énergétiques et écologiques.

Propos recueillis par Matthias Hardoy / touleco-green

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