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"Décarbonons le sport" : l'empreinte carbone du football et du rugby en France passée au crible
09/03/2025

Près de la moitié des émissions de CO2 du football et du rugby provient des déplacements, à la fois des joueurs mais aussi des spectateurs. Crédits : CHARLY TRIBALLEAU/AFP
Pour la première fois, l'empreinte carbone émise par le football et le rugby en France a été quantifiée dans un rapport du Shift Project. Selon ce think tank, cofondé par l'ingénieur Jean-Marc Jancovici et spécialisé dans la transition écologique, ces deux sports émettent 2,2 millions de tonnes de CO2 par an. Mais des leviers existent pour inverser la tendance.
Le monde du sport commence-t-il à se préoccuper de son empreinte carbone ? C'est du moins ce que laisse présager le nouveau rapport du Shift Project, intitulé "Décarbonons le sport – Un premier applicatif au football et au rugby". Ce dernier a été présenté le jeudi 13 février au siège de la Fédération française de football.
Prenant en compte à la fois la pratique en amateur et professionnelle, le Shift Project a quantifié l'empreinte carbone des deux sports "emblématiques" français, le football et le rugby. À eux seuls, ils rassemblent "près de 2,5 millions de licenciés" pour la saison 2022-2023, dont 2,1 millions rien que pour le football, et attirent pas moins de 14 millions de spectateurs.
Résultat, le bilan carbone de ces deux sports est très élevé : 2,2 millions de tonnes de CO2 émises chaque année. Soit l'équivalent de l'empreinte carbone annuelle de l'ensemble des habitants d'une ville comme Rennes ou Lille, comme l'explique ce think tank spécialisé dans la transition climatique. Mais 80 % de ces émissions proviennent de la pratique en amateur. Attention toutefois, prise individuellement, l'empreinte carbone d'un joueur professionnel est 40 fois plus élevée. La raison ? Ses déplacements, le plus souvent effectués en avion.
Les déplacements, première source d'émission
Que ce soit chez les joueurs professionnels ou les amateurs, dans le football comme dans le rugby, la première source d'émission de CO2 est le transport. 49% des émissions résultent des déplacements des licenciés, mais également des spectateurs venus assister à la rencontre. Ce chiffre grimpe même à 80% de l'empreinte carbone dans le monde professionnel. D'ailleurs, la palme des événements les plus émetteurs revient aux compétitions internationales, qui impliquent le plus souvent le déplacement à l'étranger des joueurs, mais également des supporters.
D'autres secteurs sont également polluants. On retrouve notamment la fabrication des articles de sport (16%), la construction et l'entretien des infrastructures (16%) et l'alimentation ainsi que les boissons proposées lors des rencontres (10%).
Des leviers d'action pour agir
Pour réduire cette empreinte carbone, "des solutions existent", pointe The Shift Project. "Notre analyse détaillée démontre qu’il est possible de diviser par cinq l’empreinte carbone du football et du rugby en 25 ans, alignant ainsi ces sports avec les objectifs de l’Accord de Paris", poursuit le rapport qui assure que "90% des réductions peuvent être obtenues en préservant le mode d’organisation actuel du football et du rugby". Notamment si cela est possible du côté des transports. Pour le Shift Project, "nos travaux montrent qu’il est possible de décarboner 99% des trajets des spectateurs, y compris les déplacements européens où l’avion peut être remplacé par le train, le car ou la voiture électrique". Néanmoins, ce think tank a tout a fait conscience qu'1% des trajets restants, notamment intercontinentaux, doivent s'effectuer avec l’avion.
Le second volet de réflexion, et non des moindres, porte sur les compétitions internationales. Le rapport suggère ainsi de "réduire les distances à parcourir", de "rapprocher les matchs des spectateurs" et, donc, de "redéfinir le calendrier sportif, principalement international, avec des compétitions plus locales et régionales, et de modérer le rythme et/ou la taille des compétitions (stabilisation voire réduction du nombre de matchs et de spectateurs internationaux)".
Mais il ne semble pas que cela soit à l'ordre du jour si l'on se penche sur les prochaines compétitions. Du côté du football, la Coupe du monde passera en 2026 de 32 à 48 équipes et se tiendra dans trois pays : le Mexique, les États-Unis et le Canada. Et celle de 2030 se tiendra sur trois continents et dans six pays. Même constat du côté du ballon ovale, où les clubs sud-africains prennent part depuis 2022 à la Champions Cup européenne.