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REP PMCB : Ecominéro veut améliorer le réemploi et le maillage en 2025
19/03/2025

Pour répondre au volet réemploi de son cahier des charges, Ecominéro considère qu'il faudra changer en profondeur les pratiques de déconstruction. © ArieStudio
Ecominéro a atteint la plupart des objectifs fixés par les pouvoirs publics, à l'exception notable de celui visant le réemploi. En 2025, l'éco-organisme compte renforcer ce volet, ainsi que le maillage territorial en points de reprise des déchets.
La collecte et le recyclage des déchets minéraux du secteur du bâtiment se portent globalement bien. Ce n'est pas une surprise, les installations et les circuits de valorisation étant déjà bien implantés avant la création de la responsabilité élargie des producteurs (REP) de produits et matériaux de construction du secteur du bâtiment (PMCB). Les chiffres présentés mardi 11 mars par Ecominéro l'illustrent. Toutefois, ils mettent aussi en lumière les progrès qui doivent encore être accomplis, essentiellement en matière de réemploi et de maillage du territoire. Deux sujets qui figurent en tête des priorités pour 2025 de l'éco-organisme agréé pour la catégorie 1 de la filière (déchets inertes du gros œuvre).
Un gisement révisé à la baisse
En octobre dernier, le ministère de la Transition écologique a validé une réduction du gisement des déchets couverts par la REP PMCB.
S'agissant des déchets de la catégorie 1, le gisement a été divisé par deux après le retrait des volumes de déchets inertes issus des travaux publics (des ouvrages d'art, en particulier) et de certaines terres excavées qui ne sont pas dans le périmètre de la REP PMCB.
Idéalement, les éco-organismes souhaitent que le gisement puisse être mis à jour tous les deux ans, voire tous les ans, sur la base de la conjoncture du secteur du bâtiment.
Un taux de collecte de 65 %
En 2024, 9,8 millions tonnes (Mt) de déchets inertes ont été collectées en provenance de plus de 25 000 chantiers : 8,85 Mt sur les 1 100 plateformes de recyclage, 660 000 tonnes par le biais des déchèteries publiques, 270 000 tonnes sur les déchèteries professionnelles, et 20 000 auprès des distributeurs de matériaux de construction et les grandes surfaces de bricolage.
Ces quantités sont à rapporter au gisement, désormais évalué à 15 Mt (lire l'encadré), contre 33 Mt dans l'étude de préfiguration initiale de l'Agence de transition écologique (Ademe). En considérant qu'Ecominéro réalise 99 % de la collecte de déchets inertes soutenue par la REP PMCB, le taux de collecte s'établit autour de 65 %, pour un objectif indicatif fixé à 82 % du gisement dans le cahier des charges. Ces tonnages ont été recyclés à 92 %, pour un objectif 2024 fixé à 35 %.
Sur le terrain, compte tenu de l'existence d'une filière structurée, Ecominéro « cantonne » son rôle au versement d'un soutien financier d'en moyenne 6,50 euros par tonne de déchets traités (le point de reprise tire aussi des revenus de la revente de la matière). En 2024, il annonce avoir reçu plus de 80 millions d'euros d'écocontribution versées par 3 055 metteurs en marché qui ont déclaré collectivement 134 Mt de matériaux et produits de catégorie 1. Ces volumes représentent une part de marché de l'ordre de 80 % (le solde des producteurs a adhéré à Valobat).
Revoir l'objectif de réemploi ?
En revanche, le réemploi est à la peine. En 2024, 23 000 tonnes ont été réemployées ou réutilisées, soit 0,15 % du gisement de 15 Mt. Un volume bien loin de l'objectif de 2 % fixé dans le cahier des charges de la filière. Un volume qui devra donc sensiblement progresser pour atteindre 5 % en 2028.
Pourquoi un tel écart par rapport à l'objectif réglementaire ? Parce que la cible a été fixée sur des données erronées, explique en substance l'éco-organisme. Lorsque l'Ademe a réalisé l'étude de préfiguration, le chiffre du réemploi était évalué à 1 % du gisement sur la base de dires d'experts. Un premier objectif à 2 % représentait donc un doublement de ce volume. En réalité, on en est très loin parce que beaucoup de structures en béton ne sont pas réemployables, estime Ecominéro. Le sont les tuiles ou les briques, mais dans des conditions très précises, notamment concernant la démolition.
Aujourd'hui, l'éco-organisme qui plaide pour une révision de l'objectif, estime que répondre au volet « réemploi et réutilisation » du cahier des charges sera très dur sans changer en profondeur les pratiques de déconstruction.
Un soutien financier au réemploi à partir de cette année
Pour améliorer la situation, Ecominéro propose à partir de ce mois-ci un soutien financier de 5 euros par tonne réemployée dans un nouveau chantier. « Ce soutien financier s'applique aux produits en béton, en pierre de construction, à l'ardoise, la tuile, la brique ou encore aux équipements en céramique », précise Ecominéro. Ce soutien, qui n'est conditionné à aucun tonnage minimum, est accessible par contrat et déclaration trimestrielle.
L'éco-organisme relance aussi pour la deuxième année consécutive ses quatre appels à projets (1) de soutien aux actions de réemploi et de réutilisation. Sont concernés : les diagnostics « ressources » des opérations de réhabilitation, de rénovation ou de déconstruction ; les chantiers qui favorisent le réemploi des produits et matériaux inertes ; les études de faisabilité d'activités industrielles de réemploi, de plateformes physiques ou numériques, ou de matériauthèques ; et le déploiement de ces installations de réemploi.
En 2024, ces appels à projets avaient permis de selectionner 79 dossiers. Cette année, l'éco-organisme espère retenir 100 acteurs du réemploi, acteurs de l'économie sociale et solidaire, collectivités locales ou maîtres d'ouvrages publics et privés.
Viser 5 500 points de reprise
En 2025, l'éco-organisme compte aussi renforcer le maillage territorial en points de collecte. Ce maillage, qui comptait 4 100 points fin 2024, devrait atteindre 5 500 fin 2025. Avec, pour objectif, d'assurer à plus de 95 % de la population une solution de reprise gratuite des déchets inertes triés à moins de quinze minutes de trajet. Les 5 % de la population sans solution de proximité, situés essentiellement en zone montagneuse, représentent environ un volume de 600 000 tonnes. Et pour les gros chantiers, qui représentent 90 % des flux, le maillage devra garantir un point de reprise à moins de quarante-cinq minutes.
Ce maillage renforcé doit permettre de collecter 10,7 Mt en 2025. Pour l'instant, la collecte débute bien, puisque 880 000 tonnes ont été soutenues par l'éco-organisme en janvier 2025, soit le double des 430 000 tonnes reprises en janvier 2024.
1. Accéder aux appels à projets
Philippe Collet / actu-environnement