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Les records de chaleur dans l'Atlantique Nord pourraient survenir tous les dix ans

25/04/2025

Les records de chaleur dans l'Atlantique Nord pourraient survenir tous les dix ans

En 2023, la température moyenne annuelle de surface de l'Atlantique Nord s'est élevée pour la première fois au-dessus de 20 °C.     © Leni Bräutigam

Des chercheurs français ont caractérisé les causes d'une vague de chaleur océanique record en 2023 et ont évalué son risque de survenir à nouveau en considérant le réchauffement climatique. Réponse : tous les sept à dix ans.

S'il en fallait une, voici une nouvelle preuve du réchauffement climatique à l'œuvre. Quatre climatologues français, dont Christophe Cassou, du Laboratoire de météorologique dynamique (LMD), et ses collègues du Centre national de recherches météorologiques (CNRM) de Météo-France et de l'université de Toulouse, attestent d'un effet cumulatif sur la température de surface de l'océan Atlantique.

Entre la fin du printemps et le début de l'été 2023, l'Atlantique Nord a subi une vague de chaleur océanique sans précédent. D'après les données météorologiques relevées dans l'étude (1) en question, publiée le 16 avril dans Nature Communications – Earth & Environment, cette « anomalie » a poussé le mercure à dépasser de 0,7 °C les moyennes de saison ou de l'année des décennies précédentes (1991-2020) ou de 0,3 °C la moyenne de l'année précédente, avec un pic de 2 °C supplémentaire au solstice d'été, conduisant la température moyenne annuelle de surface à s'élever au-dessus de 20 °C pour la première fois.


Variations de température en surface de l'Atlantique Nord par rapport à la moyenne 1991-2020 (ici, fixée à 0 °C). © Guinaldo et al. (2025)

D'après les chercheurs, ce phénomène serait la conséquence de deux facteurs : l'un, relatif à la variabilité naturelle du climat local, l'autre, attribuable très clairement au réchauffement climatique. Sur le plan météorologique, le printemps 2023 a été marqué par un important anticyclone des Açores, conduisant à une oscillation Nord-Atlantique. Celle-ci se traduit par des alizés plus prononcés à la limite tropicale que les vents d'ouest caractéristiques plus au nord. Le tout déplaçant les nuages de l'Europe vers le continent américain. Résultat ? Une moindre couverture nuageuse à même de bloquer et de renvoyer une partie du rayonnement solaire au-dessus de l'océan.

La persistance du réchauffement climatique

L'océan se stratifie : l'énergie se trouve ainsi piégée en surface, qui se réchauffe rapidement et fortement ” - Météo-France

En parallèle, du fait d'un réchauffement climatique persistant, l'océan Atlantique est en réalité déjà chaud en surface, augmentant en moyenne de 20 % l'intensité des « anomalies » annuelles de température de surface ces dernières années. « La redistribution de la chaleur vers les profondeurs est considérablement réduite dans un bassin réchauffé par les activités humaines, résume Météo-France. L'océan se stratifie : l'énergie se trouve ainsi piégée en surface, qui se réchauffe rapidement et fortement. » De quoi favoriser une augmentation cumulative de chaleur en surface dans les conditions météorologiques citées.

Pour s'assurer de la prévalence de l'effet du réchauffement climatique dans la survenance d'une pareille anomalie, les chercheurs ont tenu à en vérifier la probabilité. Selon les modèles climatiques employés, une telle vague de chaleur a une chance de se manifester en Atlantique Nord tous les sept à dix ans en appliquant un scénario de réchauffement à +1,3 °C (par rapport aux moyennes préindustrielles), soit le rythme observé en 2023. Ou tous les 73 à 112 ans en ne prenant en compte que la région tropicale où ont été mesurés les plus hauts pics de chaleur. À l'inverse, dans un scénario à +0 °C, quasiment aucune chance. « Le niveau de température observé aurait été impossible sans l'effet des activités humaines sur le climat. Aucune simulation climatique pour la période de référence préindustrielle n'inclut une telle valeur. »

1. Consulter l'étude

Félix Gouty / actu-environnement

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