Le salon des Solutions
environnementales & énergétique du Grand Ouest

Les Actualités

C'est la pire idée de l'année

14/05/2025

C'est la pire idée de l'année

Les nouveaux parasols de la cathédrale de Chartres, capture d’écran © TF1

Le maire de Chartres s'est réveillé un matin en se disant : "tiens, et si je coupais ces arbres pour les remplacer par des parasols ?". Et il a trouvé des gens pour lui dire que c'était une bonne idée. Alors il a fait tronçonner les arbres devant la cathédrale, classée à l'Unesco, puis a dépensé 300000 euros pour acheter 32 parasols dernier cri.

Cette photo représente le parvis de la célèbre cathédrale de Chartres, aujourd’hui entièrement dépouillée de ses arbres. Ils ont en effet été remplacés… par des parasols ! Dans la nuit du 2 octobre 2024, aux alentours de 4 heures du matin, la mairie a fait abattre une dizaine de robiniers qui jalonnaient le parvis de la cathédrale, pourtant classée au patrimoine mondial de l’UNESCO. Ces arbres, plantés il y a quarante ans, faisaient partie intégrante du paysage urbain. Connus et appréciés des riverains comme des commerçants, ils offraient de l’ombre, de la fraîcheur, et une respiration végétale au cœur du centre-ville.

Sous l’impulsion de Jean-Pierre Gorges, maire Les Républicains de Chartres depuis 2001, la municipalité a décidé de transformer cet espace dans le cadre d’un vaste plan de minéralisation. Les arbres ont été remplacés par 32 parasols de cinq mètres de haut, installés pour protéger les passants et les terrasses des restaurants voisins. Ces équipements, présentés comme “modernes”, sont dotés de LED et de prises électriques, et sont censés répondre aux besoins des commerçants. Coût total de l’opération : 300 000 euros, financés par les deniers publics.


© Collectif des Trois marronniers

Au nom d’une supposée “homogénéité visuelle” et d’un “choix esthétique”, la mairie a préféré des structures artificielles à la vie organique. Une décision qui divise fortement la population. “Ces parasols sont tristes”, “c’est laid”, déplorent des Chartrains interrogés par Le Parisien. Jean-François Bridet, conseiller municipal écologiste et candidat à la mairie en 2026, parle de “réflexes d'aménagements digne des Trente Glorieuses”. Pour lui, la découpe de ces arbres s’inscrit dans une “trajectoire anti-historique" alors que la tendance est à la végétalisation et à la création d'îlots de fraîcheur pour se prémunir du réchauffement climatique. 

Face à la vague d’indignation, la mairie affirme que les arbres étaient en mauvaise santé. C’est un classique : quand on veut tuer son chien, on dit qu’il a la rage… Cet argument est contesté par les associations écologistes locales et par l’opposition municipale, qui expliquent que les arbres étaient au contraire en parfaite santé, comme en atteste cette prise de vue quelques jours avant leur abattage.

Les arbres de la cathédrale de Chartres avant le 2 octobre 2024, capture d’écran © Google Street View

À nos confrères de TF1, l’adjointe à la mairie de Chartres chargée de l’urbanisme indique désormais que les arbres “ne pouvaient pas se développer” faute de profondeur. La mairie aurait en effet découvert, à 30 cm sous le sol, “la présence de caves et de vestiges d’une chapelle, majeurs du point de vue archéologique”.

Pour tenter de calmer la polémique, la mairie annonce un projet de “re-végétalisation” avec la plantation d’une vingtaine de jeunes arbres autour du cloître Notre-Dame et l’installation de vasques végétales dans les espaces restreints. Mais ces mesures peinent à convaincre. Car replanter des jeunes arbres ne suffit pas. Un arbre mature, comme ceux abattus, a une valeur écologique, paysagère et patrimoniale inestimable. Il capte plusieurs dizaines de kilos de CO2 par an, abrite une biodiversité variée, régule la température ambiante, et contribue à créer de véritables îlots de fraîcheur.

Il faut parfois plusieurs décennies pour qu’un jeune arbre atteigne une telle efficacité. Un temps long, précieux, qui a été effacé en une nuit. L'idée que l'on puisse simplement “compenser” la perte d'un arbre adulte par la plantation d’un jeune plant relève d’une profonde méconnaissance du fonctionnement des arbres. On ne remplace pas un arbre de quarante ans comme on remplace un mobilier urbain. Si le maire de Chartes s’était donné la peine de consulter les spécialistes des arbres, comme Francis Hallé, il l’aurait su.

hugo clement

Annonce Publicitaire