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Nord : comment dépolluer des terres avec des bactéries, un procédé innovant, à Fourmies
22/04/2025

De gauche à droite : Enzo Benifei, de Nordsem, Arnaud Liekens, maître d'œuvre, Valentine Delesalle et Anthony Vanpetegem, de la société Ortec Soleo et le maire, Mickaël Hiraux.
Avant l'aménagement du quartier Rev3, aux anciennes verreries à Fourmies, dans le Nord, les terres doivent être dépolluées. Ce site a en effet accueilli des activités industrielles polluantes, comme des verreries, fonderie, traitement de ferrailles. La ville de Fourmies a opté pour un procédé innovant.
C'est un chantier qui pourrait presque passer inaperçu dans le Nord. En tout cas, il est moins visible que si la commune de Fourmies avait décidé d'évacuer les terres polluées du terrain du futur quartier Rev3 aux Verreries par camion. Cela aurait impliqué d'importants va-et-vient de poids lourds. Mais ce n'est pas la solution qui a été retenue par la ville. A l'évacuation, elle a préféré le traitement des terres polluées sur place. Un chantier de longue haleine qui devrait durer un an.
Un procédé innovant
Le procédé employé est le biotertre. Le biotertre consiste à mettre des sols pollués en tas en vue d'un traitement biologique. Le concept repose sur l'utilisation de végétaux spécifiques, de micro-organismes et de techniques d'aménagement pour dégrader, absorber ou immobiliser les polluants présents dans le sol.
Des déchets issus des précédentes activités
Sur ce terrain de 15 hectares, l'EPF (établissement public foncier) a tout d'abord démoli les bâtiments existants, notamment ceux de l'entreprise Dewez, qui traitait les ferrailles et parfois des voitures. Elles seront évacuées. Mais il y avait également des déchets issus de l'activité des anciennes verreries et des fonderies. Ainsi, ont été retrouvés dans les terres des hydrocarbures (huiles pour machines, fosses à gasoil) et des hydrocarbures aromatiques polycycliques (produits issus de la combustion incomplète ou de la pyrolyse de matières organiques).
"A l'époque, les normes environnementales étaient différentes", explique Enzo Benifei, de Nordsem, l'aménageur du site, qui a racheté les terrains. De ce fait, de nombreux polluants ont été retrouvés, avec des quantités plus conséquentes à certains endroits. Des études ont été réalisées afin de quantifier les polluants et la quantité à retirer pour rendre les terres compatibles à l'usage des personnes qui travailleront et vivront ici.
3000 m3 de terres traitées et dépolluées
Aujourd'hui, ce sont 3000 m3 de terres qui doivent être dépolluées. Pour cela, "nous avons mis en place une méthode innovante et vertueuse, à la demande de la ville", poursuit Enzo Benifei. Le principe, dégrader les polluants sur place avec des bactéries plutôt que d'envoyer les terres polluées vers des centres spécialisés.
Un chantier de 400 000 euros
La solution biologique est longue et demande de la place, disponible puisque le terrain a été mis à nu. Mais elle est aussi moins onéreuse. Le coût du chantier est estimé à 400 000 euros. "Nous avons déjà mis en place ce genre de procédé sur d'autres sites en France, mais ce n'est pas courant. Cela représente environ 3 à 4% de nos chantiers", précise Enzo Benifei.
C'est la société Ortec Soleo, société internationale spécialisée dans la dépollution des sols et de l'eau, qui se charge des travaux de dépollution, accompagnée d'un maître d'œuvre pour la réalisation et le suivi du cahier des charges.
Un processus accéléré de dégradation naturelle
Les parties à dépolluer ont été ciblées. Les briques, qui vont être concassées et réutilisées, et les ferrailles, qui vont être évacuées, ont été retirées. Restent ensuite les terres à traiter. "Nous reproduisons le processus de dégradation naturel, qui met environ 300 ans, avec l'ajout de compost, de l'urée (poudre blanche que l'on peut voir sur les tas de terre), de l'azote et de l'oxygène par des drains pour accélérer cette biodégradation ", explique Anthony Vanpetegem, responsable d'exploitation agence nord d'Ortec Soleo.
Des ajouts par couche
Pour cela, une membrane étanche installée au sol reçoit les terres et les ajouts se font par couches successives. Comme la plateforme est étanche, du jus va s'en dégager. Il sera récupéré et réinjecté ou récupéré en container pour être envoyé dans un centre spécialisé pour dépollution.
La terre dépolluée sera réutilisée sur le site dans les espaces publics, dans le quartier, pour la voirie...
Réduire l'empreinte carbone
Grâce à cette dépollution biologique sur le site, "on réduit le bilan carbone du chantier, puisqu'il y a très peu de transport en camion. Il n'y a que les engins qui travaillent sur le chantier", termine Mickaël Hiraux, le maire.
Le projet du futur quartier des Verreries
Le projet prévoit l'aménagement d'une zone d'environ 20 hectares, avec notamment des logements : entre 380 et 400 logements répartis suivant différentes typologies, des équipements publics, un espace aquatique et ludique de 3 500m², une ferme urbaine...