Mobilité décarbonée : Cobrane prévoit de vendre un millier de ses véhicules électriques en deux ans

Cobrane a présenté sa nouvelle gamme de vélos cargos au salon Pro Days, qui s’est déroulé au MEETT fin juin. (©Cobrane)

L’entreprise toulousaine lance une nouvelle gamme de vélos cargos à assistance électrique avec lequel elle espère séduire les professionnels de la logistique du dernier kilomètre, mais aussi les artisans et commerçants qui évoluent en milieu urbain. Elle vise 1,3 M€ de chiffre d’affaires d’ici la fin de l’année prochaine.

251 exposants, plus d’un millier de marques représentées, 6 700 professionnels présents : le salon européen de l’industrie du vélo a fait le plein au MEETT les 23, 24 et 25 juin 2024. Organisé par Département Beauté, une filiale du gersois Cyclelab, le salon Pro Days avait lieu exceptionnellement à Toulouse cette année. L’occasion de briller pour les acteurs régionaux dont Cobrane qui y a présenté son nouveau produit, le Cobrane X, un vélo a assistance électrique (VAE) dédié à la livraison du dernier kilomètre, un secteur en plein boum.

L’entreprise toulousaine, créée en 2012, est spécialisée dans la mobilité professionnelle en site fermé (sites industriels, centres commerciaux, centrales nucléaires, parcs d’attraction, etc.). Elle développe des véhicules électriques dédiés au facility management, « c’est-à-dire la gestion des bâtiments et des infrastructures, pour répondre aux besoins de trois métiers : la maintenance, la propreté et la sécurité. Ils constituent la colonne vertébrale de Cobrane », détaille Raphaël Colombié, son fondateur et président. L’entreprise a pour clients de grands donneurs d’ordre dont Atalian, Samsic, GSF… Véritables véhicules à tout faire, ils offrent 30 km d’autonomie et sont capables de porter jusqu’à 100 kg de charge utile ou de tracter le double.

Une gamme plus étoffée pour répondre aux besoins de ses clients

En 2019, la TPE a élargi sa gamme en lançant sur le marché un véhicule électrique homologué qui peut, lui, circuler partout. Proposé en deux versions, l’une courte, l’autre longue, ce véhicule est dédié à la livraison du dernier kilomètre, qu’il s’agisse de colis et de courses alimentaires. Ses clients sont, dans ce cas, des transporteurs qui opèrent pour le compte de Monoprix, Carrefour, Amazon, DHL, etc. « Le dernier kilomètre étant la partie la plus chère et la plus complexe à opérer, les grands groupes le sous-traitent », explique le dirigeant. Ces triporteurs peuvent transporter jusqu’à 150 kg de charge utile ou 1 m3 d’emport et leur autonomie est quasi illimitée.

Avec des volumes de chargement de 600 litres à 2 m2 et un faible encombrement, le VAE Cobrane X vient compléter la gamme. À la différence des triporteurs, ce nouveau vélo peut en effet également rouler sur les pistes cyclables. « Jusqu’à présent, nos véhicules immatriculés pouvaient répondre à 10 % ou 20 % des besoins des transporteurs. Ces derniers opèrent en effet essentiellement en ville et ont besoin d’accéder aux pistes cyclables comme aux zones piétonnes. Avec ce nouveau produit, nous sommes capables de couvrir 100 % de leurs besoins de livraison », poursuit Raphaël Colombié. Et d’ajouter :

Avec une capacité d’emport allant jusqu’à 2 m2, nous offrons également la possibilité aux transporteurs de rentabiliser rapidement leur tournée. »

Un produit made in Sud-Ouest

Raphaël Colombié, PDG de Cobrane. (©Laurent Moussinac)

L’entreprise, qui a jusque-là développé ses différents produits sur fonds propres, va bénéficier, pour le lancement de cette nouvelle gamme, du soutien de l’Ademe. L’agence a lancé en 2022 le concours eXtrême Defi en vue de favoriser le développement de nouveaux véhicules intermédiaires, notamment dans l’optique de décarboner la logistique en centre ville. Dans ce cadre, elle finance jusqu’à 50 % du montant de l’investissement réalisé. Avec cette aide, Cobrane prévoit de produire 30 de ces nouveaux véhicules cette année. Après les essais de roulage qui auront lieu cet été, des tests avec des transporteurs sont prévus en septembre à Toulouse et Montpellier. Les premières livraisons sont programmées pour octobre.

Membre du cluster occitan Vélo Vallée, l’entreprise a développé son prototype avec le soutien du bureau d’études Antidote Solutions en Ariège, et d’un chaudronnier spécialisé dans les cycles, MILC, dans les Hautes-Pyrénées. « C’est une volonté forte de notre part de faire un produit le plus local possible, assure Raphaël Colombié. Les cadres de nos véhicules sont fabriqués dans le Lot et l’assemblage se fait à Gujan Mestras (Gironde), dans les ateliers du chantier naval Couach. »

Changement d’échelle

Fort de quatre salariés, Cobrane table sur un chiffre d’affaires de 1,3 M€ d’ici la fin de l’année prochaine. « Notre ambition est de vendre un millier de véhicules tout confondus à fin 2026 avec une ouverture sur l’export. » L’international et notamment l’Europe du nord, sont en effet des pistes de débouchés importantes pour l’entreprise. Le marché des vélos cargos, qui se partage à parts égales entre particuliers et professionnels, représentait en France en 2022 quelque 31 000 unités, contre 220 000 en Allemagne.

Le lancement du Cobrane X constitue ainsi un véritable changement d’échelle pour l’entreprise toulousaine. « Dans le secteur de la livraison du dernier kilomètre, jusque-là nous étions un peu transparents. Aujourd’hui nous voulons prendre une place significative sur ce marché en plein boum », confirme Raphaël Colombié. En pleine évolution aussi : « Avant on parlait de livraison urbaine, aujourd’hui on parle plus de mobilité urbaine. En effet, même si les ZFE ont pris du retard, les centres-villes vont de plus en plus se fermer aux véhicules thermiques. Or, de nombreux professionnels ont besoin d’accéder au centre-ville avec un important volume de chargement, tels les artisans et les commerçants. Nos véhicules vont pouvoir leur offrir cet accès ».

L’innovation pour moteur

La nouvelle gamme de vélos cargos de Cobrane sera connectée, promet son dirigeant. « Nous sommes en train de développer avec Menaps, société de conseil en transformation digitale basée à Toulouse, un boitier embarqué qui va permettre, grâce à l’intelligence artificielle, de mieux connaître l’usage qui est fait de ces vélos. Ce sont en effet des véhicules professionnels qui sont souvent malmenés : sauts de trottoirs, à-coups, poids embarqués, freinages répétés…

En tant que fabricant, nous avons besoin de ces données pour analyser la façon dont vont vieillir nos véhicules, anticiper les pannes et faire de la maintenance prédictive. Ces informations nous seront également utiles pour la conception des véhicules futurs afin de pouvoir nous concentrer sur les points sensibles », résume Raphaël Colombié.

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