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Beneteau et cinq industriels lancent le premier bateau de série en matériaux recyclés
06/03/2025

Beneteau et cinq industriels s’allient pour recycler les déchets de composites, issus de la construction des bateaux. | FRANCK DUBRAY / OUEST FRANCE
Six entreprises, dont les groupes Beneteau, Veolia et Arkema, dévoilent ce mardi 4 mars une « alliance industrielle » pour produire un bateau de série à partir de déchets en 2025. Les matériaux composites, réputés impossibles à réutiliser, seront recyclés près de Nantes (Loire-Atlantique). Cela ouvre la porte de l’économie circulaire à d’autres secteurs, comme l’aéronautique ou l’automobile.
« C’est une étape historique pour le recyclage du composite », promet Erwan Faoucher, directeur de l’innovation du groupe Beneteau. Le numéro un mondial des voiliers de plaisance annonce ce mardi 4 mars une « alliance industrielle » avec cinq autres entreprises. Parmi elles, d’autres grands groupes comme Veolia et Arkema, mais aussi une jeune pousse basée en Suisse, Composite Recycling. Aucun contrat ou entreprise spécifique ne voit le jour, mais ces entreprises se sont entendues pour donner naissance à un bateau de série construit à partir de chutes de production. « Il faudra produire environ 30 bateaux pour récupérer suffisamment de matériaux pour produire un bateau », précise le directeur.
Le composite possède de nombreux avantages : il est léger, facile à travailler et peu coûteux. Mais ce mélange de fibres de verre et de résine présente un gros défaut : il n’est pas recyclable. Quand un bateau est déconstruit, le composite est soit brûlé soit enfoui.
Enfin ça, c’était avant, à en croire les industriels. Beneteau utilisait déjà une nouvelle résine recyclable développée par Arkema dans deux de ses modèles. Désormais, Veolia va récupérer les chutes de production, et les acheminer vers son usine près de Nantes (Loire-Atlantique).
Installée sur ce site depuis peu, la start-up suisse Composite Recycling va « chauffer à 400 degrés sans oxygène » les déchets, explique son cofondateur Guillaume Perben. Les fibres de verre, conservées en bon état par ce procédé, seront traitées par deux entreprises, Owens Corning et Chomarat, et renvoyées à Beneteau. Le passage dans le four helvète permettra aussi de produire « de l’huile de thermolyse ». Cette dernière sera retransformée en résine par Arkema pour Beneteau, et la boucle est bouclée.
« Ça n’existe tout simplement pas »
Produire un nouveau bateau ainsi est « extrêmement disruptif d’un point de vue technique. Ça n’existe tout simplement pas », se réjouit Erwan Faoucher. De son côté, Composite Recycling affirme que Veolia « a déjà commencé à nous apporter des chutes de production de Beneteau. La machine est opérationnelle depuis vendredi (28 février) et on attend les dernières validations des autorités » pour débuter. « On commence les opérations en mars, tout est en place », ajoute-t-il.
Le premier bateau fabriqué à partir de matériaux recyclés sortira « en 2025 », précise de son côté le directeur de l’innovation du groupe Beneteau. Ce dernier entend ainsi répondre à une demande de ses clients pour acheter des bateaux plus écologiques, mais anticipe aussi un durcissement des lois quant à l’enfouissement des déchets. « Les régions Bretagne et Auvergne-Rhône-Alpes ont déclaré qu’elles seraient zéro enfouissement en 2030. L’Autriche, l’Allemagne, les Pays-Bas, la Belgique, le Danemark ont déjà interdit l’enfouissement des composites », analyse ainsi Guillaume Perben.
Du côté des autres industriels, on voit plus loin que la plaisance. Car les composites se retrouvent dans l’industrie automobile, aéronautique, le bâtiment ou encore dans la fabrication des éoliennes. « On démontre que les anciennes croyances sur la recyclabilité de ces matériaux sont désormais fausses. On montre la voie à tout le monde », conclut Erwan Faoucher. Reste à connaître le prix du futur navire et l’envie des clients de suivre cette démarche écologique.