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Émissions de carbone : les efforts français se tassent

01/04/2025

Émissions de carbone : les efforts français se tassent

Les transports restent le premier secteur émetteur de gaz à effet de serre en France en 2024.  © hcast

Les dernières estimations du Citepa sur les émissions de gaz à effet de serre de la France confirment un ralentissement de leur baisse. De nouvelles mesures d'accompagnement devraient être étudiées en Conseil de la planification écologique.

Selon les premières estimations du Citepa publiées vendredi 28 mars, la France a baissé ses émissions de gaz à effet de serre en 2024 d'environ 1,8 % par rapport à 2023. Le pays aurait émis 366 millions de tonnes de CO2 équivalent (MTCO2e) l'année dernière contre 373 MtCO2e en 2023. Ce qui en fait, selon le Citepa, le plus bas niveau observé depuis 1990, même en tenant compte de l'année 2020 marquée par l'épidémie de Covid-19.

Avec cette première estimation, la France serait donc sur les bons rails pour respecter son budget carbone pour la période 2024 à 2028. La SNBC2 prévoyait en effet un budget carbone de 382 MtCO2e pour l'année 2024. Une bonne nouvelle à relativiser au regard des tendances observées.

Des budgets carbone qui se réduisent

Les autres polluants baissent

Les émissions de la plupart des polluants atmosphériques suivent également une tendance à la baisse. C'est le cas du dioxyde de soufre (SO2)(-1,4 % par rapport à 2023) ; des oxydes d'azote (NOx) (-1,7 %) et des particules fines de diamètre inférieur à 2,5 micromètres (PM2,5)(-1,5 %).

En revanche, une hausse des émissions de 3,8 % est estimée pour les composés organiques volatils non méthaniques (COVNM), une augmentation due au secteur des bâtiments et de l'industrie manufacturière.

La réduction de 2024 est en effet moins prononcée qu'en 2023 (-5,8 %), ce qui laisse présager un ralentissement des efforts. Or, rappelle le Citepa, « la SNBC2 avait été conçue en cohérence avec les objectifs de l'UE de l'époque, à savoir une réduction des émissions de 40 % en 2030, par rapport à 1990. Depuis, cet objectif de l'UE a été réhaussé à 55 % (…). Les prochains budgets carbone devraient donc se voir modifiés et les objectifs de réduction renforcés pour les années à venir ». Le projet de SNBC3 propose en effet pour la période 2024 à 2028 un budget moyen provisoire de 333 MtCO2e, avec une part indicative pour 2024 de 363 MtCO2e.

Un rythme de réduction qui ralentit et des objectifs carbone qui se renforcent : la pression s'accentue pour le Gouvernement qui se targue de respecter les budgets carbone depuis l'arrivée d'Emmanuel Macron à la présidence de la République. « Notre politique de planification écologique nous a permis de baisser deux fois plus nos émissions en sept ans qu'au cours des vingt-sept années précédentes », défend ainsi Agnès Pannier-Runacher, la ministre de la Transition écologique. Du côté du Secrétariat à la planification écologique (SGPE), on fait également remarquer que « la baisse de ces émissions n'a pas été compensée par des importations puisque l'empreinte carbone du pays, qui inclut les produits importés, baisse également ».

Les transports et le bâtiment à la traîne

Reste qu'un ralentissement s'amorce, ce qui pousse l'Elysée à organiser, lundi 31 mars, un troisième Conseil de la planification écologique, le dernier remontant à dix-huit mois. « Le président veut relancer la mobilisation », explique son entourage. Tous les regards vont se tourner vers les résultats sectoriels. Selon le Citepa, le secteur de la production d'énergie continue de baisser ses émissions : -3,7 MtCO2e, soit -25,6 % par rapport à 2023, bien que la production d'électricité ait significativement augmenté (+43,7 TWh, + 8,9 %). Du côté de l'industrie manufacturière et de la construction, les émissions sont aussi en baisse, mais de façon beaucoup plus légère : -1,8 %, passant de 64,8 MtCO2e, en 2023, à 63,7 MtCO2e, en 2024. Au total, durant l'année 2024, les émissions mensuelles du secteur résidentiel-tertiaire ont baissé de 1,1 % par rapport à 2023, ce qui lui permet d'atteindre, avec 58 MtCO2e, son niveau d'émissions de GES le plus bas depuis 1990.

Nous allons regarder dans les secteurs où nous n'allons pas assez vite quelles sont les mesures que nous devons prendre pour accélérer

Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition écologique

Mais, le bât blesse du côté des transports, qui restent le premier secteur émetteur de gaz à effet de serre (GES) en France, avec 128 MtCO2e émises en 2024. Concernant le transport routier, les émissions baissent légèrement (- 0,8 %) pour un nombre de parcours stable en nombre de véhicules-kilomètres parcourus. « Cette légère évolution est liée à la diminution des ventes de carburant de 0,5 % entre 2023 et 2024. Celle-ci diffère selon le type de carburant (-3 % pour le gazole contre +7 % pour l'essence) », détaille le Citepa.

Dans le transport aérien, la dynamique de réduction pour les vols domestiques (les seuls pris en compte dans ce bilan) se poursuit, avec une décroissance de 4,3 % par rapport à 2023. Mais globalement, le secteur continue de s'éloigner de la trajectoire de baisse proposée pour la SNBC3 (113 Mt CO2e pour la période 2024 à 2028).

De nouvelles mesures pour accélérer

Au regard de ces performances sectorielles, le Conseil de planification écologique devrait donc s'intéresser plus particulièrement aux secteurs des transports et du bâtiment, selon Agnès Pannier-Runacher. « Nous allons regarder dans les secteurs où nous n'allons pas assez vite quelles sont les mesures que nous devons prendre pour accélérer », prévient la ministre. Le Secrétariat à la planification écologique espère aussi que des mesures seront prises en faveur des forêts afin d'accentuer leur rôle de puits de carbone.

L'électrification des usages reste une priorité du Gouvernement et de nouvelles mesures pourraient être annoncées dans ce sens.

Florence Roussel / actu-environnement

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