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Mesure du CO2 : avec son satellite, l’UE en émission spatiale
11/04/2025

Le satellite MicroCarb présenté au Cnes à Toulouse, le 1er avril. (Lionel Bonaventure/AFP)
La mission européenne MicroCarb vise à cartographier les flux du principal gaz à effet de serre, tout en s’émancipant des données américaines. L’instrument spatial sera lancé en juillet en Guyane.
L’Europe s’apprête, elle aussi, à se doter dans le ciel d’un œil averti sur les questions climatiques. MicroCarb, premier satellite européen dédié à la mesure du dioxyde de carbone (CO2) atmosphérique, sera mis en orbite au mois de juillet, a annoncé le Centre national d’études spatiales (Cnes), mardi 1er avril. Il aura la mission de cartographier les flux du principal gaz à effet de serre d’origine humaine. La mission scientifique est d’autant plus cruciale qu’elle soulève des enjeux de souveraineté pour le Vieux Continent, désireux de s’émanciper des données américaines (satellite OCO-2), chinoises (Tan Sat) et japonaises (GoSat), dans un contexte international incertain marqué par la politique climatosceptique de l’administration de Donald Trump. «L’Europe doit pouvoir se doter de ces données pour pouvoir mesurer elle-même et être en capacité de disposer d’une analyse pertinente et indépendante», souligne Selma Cherchali, responsable du programme d’étude et d’observation de la Terre au Cnes.
Développée par les équipes françaises du centre, l’opération MicroCarb est chiffrée à 200 millions d’euros et fait l’objet d’une coopération avec l’Union européenne et l’Agence spatiale britannique. Le microsatellite de 180 kg décollera depuis le centre spatial de Kourou en Guyane, à bord du lanceur européen Vega-C. «La première année sera celle de la mise en jambes et des derniers réglages, avant qu’on puisse fournir des bonnes données validées, et utilisables pour les scientifiques», précise Philippe Landiech, chef du projet MicroCarb au sein du Cnes.
Un rôle d’éclaireur
L’objectif de l’instrument spatial sera précisément de mesurer les différentes sources d’émissions du CO2 (feux de forêt, phénomènes volcaniques, activités humaines, respiration végétale) et les différents puits de carbone (ces réservoirs qui captent et stockent le CO2 de l’atmosphère, à l’image des océans). «L’idée est d’observer la circulation du carbone et les mécanismes d’échange entre ces sources et ces puits, développe Philippe Landiech. De voir ce qui reste piégé dans l’atmosphère et comment cela évolue avec les saisons, mais aussi évidemment dans un contexte de changement climatique.»