Le salon des Solutions
environnementales & énergétique du Nord

Les Actualités

Circularité de l’eau : le littoral sur la vague de la Reut

24/04/2025

Circularité de l’eau : le littoral sur la vague de la Reut

Intégrée au programme, l’interco Auray-Quiberon Terre atlantique valorise déjà les EUT de la Step de Plouharnel auprès d’un golf. Crédits : Auray-Quiberon Terre atlantique

Ils sont désormais 33 territoires littoraux engagés dans le « programme d’accélération » de la réutilisation des eaux usées traitées (Reut), porté par le Cerema. Maîtrise énergétique des process d’épuration et multi-usages de l’eau conditionneront le passage des études à la mise en œuvre.

« L’eau usée traitée a une valeur, trop négligée, estime Fadi Comair, président du programme hydrogéologique de l’Unesco (1). La Banque mondiale évalue à 60 €/personne le coût du traitement tertiaire. » L’ingénieur invite la France, « longtemps convaincue de ne jamais manquer d’eau » à adopter « une gestion plus visionnaire de la réutilisation des eaux usées traitées (Reut) ». Le Plan eau de mars 2023 a déjà débouché sur des textes encadrant la Reut dans l’arrosage des espaces verts, l’irrigation des cultures (fin 2023), l’agroalimentaire (début 2024) et bientôt la propreté urbaine. Il annonce 1 000 nouveaux projets d’ici 2027 et le recyclage de 10 % des eaux usées traitées (partant de moins de 1 %) en 2030. A cet horizon, les Emirats arabes unis visent la réutilisation intégrale. L’Espagne valorise 17 % de ses eaux usées traitées (EUT).

A ce jour, 170 opérations de Reut sont en service ou en cours d’instruction. Le « programme d’accélération » (mesure 18 du Plan), priorisant le bord de mer, est confié à l’Association nationale des élus des littoraux (Anel) et au Cerema. Il intègre 33 collectivités (communes, intercos, départements, syndicats), 21 ayant rejoint fin mars les 12 retenues fin 2024. Soit 288 stations d’épuration, objets d’études d’opportunité puis de faisabilité financées à 80 % par les agences de l’eau et la Banque des territoires (dans l’Hexagone) et l’Office français de la biodiversité (pour les 9 collectivités d’Outre-Mer). Eau du Ponant prévoit déjà d’expérimenter cet été l’arrosage d’un stade et l’hydrocurage de la zone portuaire de Brest.

« Sur le littoral, la Reut est une solution sans regret, aux multiples bénéfices, fait valoir Christine Feray, responsable de l’eau et de la gestion des milieux aquatiques du Cerema (2). Les EUT rejoignant directement la mer, elle n’impacte pas la ressource continentale et les débits d’étiage. Réduire les rejets en mer d’EUT allège la pression en zone sensible (conchyliculture, baignade, biodiversité) et prévient l’intrusion d’eau saline dans les nappes, moins sollicitées. » Un Français sur quatre réside en zone littorale, où « la densité de population est deux fois supérieure à la moyenne nationale, note Alain Blanchard, délégué général de l’Anel. Les pics de consommation estivale aggravent la tension sur la ressource ».

Si nombre de projets envisagent un débouché agricole (Pays de l’Or, Hérault ; Sainte-Luce, Martinique, par exemple), le Cerema sera attentif « à la prise en compte de l’ensemble des usages possibles », signale Christine Feray. Il veillera aussi à ce que « les traitements complémentaires et l’acheminement de l’EUT » ne grèvent pas le bilan énergétique. « La Reut n’est pas la solution à tout prix, elle s’inscrit dans une démarche globale de sobriété », tant sur l’eau que l’énergie.

1 : propos tenus lors d’une conférence organisée par Eau du Ponant, le 18 mars 2025.

2 : propos tenus lors d’un webinaire organisé par l’Association des journalistes de l’environnement, le 9 avril 2025.

environnement-magazine


Annonce Publicitaire