Le salon des Solutions
environnementales & énergétique du
Grand Est
Les Actualités
Quand l’eau débarque en Moselle
14/11/2024
© Illustration La Semaine
En mai dernier, plusieurs communes de Moselle Est étaient victimes d’inondations dues aux fortes précipitations tombées sur le Département. Une situation exceptionnelle, mais que les élus s’attendent à devoir revivre. Exemple à Boulay-Moselle et Bouzonville, où l’on ne conjugue pas encore ces inondations au passé.
« On continue d’y penser. Dès qu’il pleut, je m’inquiète du cours d’eau. Il y a une crainte qui est toujours là ». Si pour certains, mai est déjà loin, Philippe Schutz se souvient très bien des 17, 18, et 19 mai 2024. Le maire de Boulay-Moselle était avec ses équipes municipales sur le front pour lutter contre les inondations. « On avait déjà eu des inondations dans la commune dans les années quatre-vingt. Mais d’une telle ampleur, c’est du jamais vu ». Son homologue de Bouzonville, Armel Chabane, se souvient avoir été « surpris » par des « alertes qui n’arrivaient qu’au compte-goutte ». Très vite, une mission s’impose aux élus, rapidement rejoints par les personnels techniques, mais aussi les pompiers et la gendarmerie : « Il fallait sécuriser l’ensemble des personnes, notamment dans les étages pour ceux qui le pouvaient, garder un œil attentif heure par heure, minute par minute, sur la situation, poursuit Armel Chabane. Nous devions faire en sorte que les enfants puissent rentrer chez eux. Nous avions un groupe scolaire qui rentrait de Londres. Pendant deux jours, Bouzonville a été une mini-île, avec un seul accès possible dans la ville ».
Plusieurs centaines de milliers d’euros de dégâts
Une mission d’autant plus délicate que la caserne des pompiers de Bouzonville, située à côté de l’Ohligbach, a « dû être évacuée et un centre opérationnel a été monté de toutes pièces à l’école ». Au plus fort de la montée des eaux, la commune a eu entre 1,50 et deux mètres d’eau. Pour Armel Chabane comme pour Philippe Schutz, une victoire : celle ne pas avoir à déplorer de blessés ou de victimes. Restent des dégâts qui laissent encore des traces à Boulay comme à Bouzonville. « Ces inondations, ce sont plusieurs centaines de milliers d’euros. Il y a les 70 000 euros de réhabilitation des archives de la mairie, 40 000 euros d’informatique, 100 000 euros pour la chaufferie… Il faudra refaire le parquet de la salle du conseil municipal. Il y a une partie que je vais devoir supporter, tout ne sera pas pris en charge par les assurances », estime Philippe Schutz. « Entre la voirie, le périscolaire, la caserne des pompiers et la maison des associations, nous sommes à environ 200 000 euros de dégâts sur les bâtiments publics, ajoute de son côté Armel Chabane. Et sur le parc privé, entre 60 et 100 maisons ont été touchées ».
Pour les habitants des deux communes mosellanes, est venu ensuite le temps de l’administratif : « Cela prend beaucoup de temps, regrette le maire de Bouzonville. Il faut prendre en compte le passage de l’expert, le temps du remboursement… L’attente amène souvent de l’incertitude, l’incertitude de l’angoisse, et l’angoisse, parfois, la colère. On a écrit deux courriers aux habitants, en mai et en septembre, pour leur dire que les services municipaux sont à leur écoute. On ne les lâche pas, et surtout on ne les oublie pas ». L’édile de Boulay enchérit : « Face à une situation exceptionnelle, vous n’avez pas toujours les références nécessaires. On vous dit qu’il ne faut pas jeter, qu’il faut garder les devis, un certificat d’irréparabilité. Plus il y a d’échanges administratifs, plus c’est long, plus on se décourage ».
Et maintenant ?
Reste maintenant à adopter la culture du risque. « Les inondations sont-elles évitables ? Je ne sais pas, mais peut-on mieux les prévenir, et mieux guérir, dans la réponse et la réaction ? C’est possible », formule le maire de Bouzonville, qui a lancé un plan communal de sauvegarde, en cours d’élaboration. « Cela montre une fragilité de la commune face aux événements naturels. Mais dans ce contexte d’incertitude climatique, il faut avancer. Et surtout faire en sorte que tous les acteurs de terrain travaillent ensemble. Les élus sont sollicités à l’échelon local, et c’est normal, mais la solution doit venir d’une réponse collégiale. Il faudra passer par l’installation de batardeaux, de bassins d’écrêtement, d’aménagement du gué pour permettre un écoulement préférentiel… C’est un sujet qui peut paraître complexe. Mais en réalité, le plus dur est de mettre tout le monde autour de la table », ajoute Philippe Schutz.