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Péril climatique : arrêtons de vouloir verdir des pratiques qui ne devraient plus exister

26/06/2024

Péril climatique : arrêtons de vouloir verdir des pratiques qui ne devraient plus exister


  • Comment faire véritablement diminuer l'empreinte carbone des activités humaines ?
  • Les méthodes actuelles ne sont qu'illusion, estime Fabrice Bonnifet.
  • Le président du C3D, le collège des directeurs du développement durable, nous livre son nouvel édito.

Il paraît que l'impossible recule toujours quand on marche vers lui. En matière de lutte contre le réchauffement climatique, il va falloir croire à cette posture positive tellement les signaux actuels n’invitent pas à l’optimisme. Selon les climatologues, les +1,5°C sont déjà hors de portée. Devant ce fiasco, combien de temps allons-nous continuer de faire croire à la capacité de la méthode actuelle pour diminuer l’empreinte carbone des activités humaines ? 

En gros, toutes les entreprises sont invitées à réduire leurs émissions de GES d’environ 50% d'ici à 2030, pour ensuite atteindre la neutralité carbone en 2050. Nous sommes tellement en retard dans la baisse des émissions de GES que l’approche égalitaire entre les entreprises n’a plus aucun sens. En outre, il est illusoire de croire qu'elles puissent parvenir à tenir la trajectoire de décroissance de leurs émissions tout en satisfaisant aux objectifs de croissance de leurs actionnaires. D’ailleurs, une fois les bilans carbone réalisés, l’approche techno-centrée qui domine encore pour réduire la dépendance aux énergies fossiles trouve vite sa limite. Rapidement après leurs mises en œuvre, les démarches de décarbonation commencent à patiner, en absence de volonté d'adopter des modèles d’affaires à visée régénérative.

"L'enjeu principal pour les entreprises n’est plus seulement d’essayer de vouloir diminuer leur empreinte carbone, mais surtout de réfléchir à quoi elles veulent affecter le carbone qu’il nous reste à émettre !"

Fabrice Bonnifet

Faisons preuve de lucidité. Au point où nous en sommes, l’enjeu principal pour les entreprises n’est plus seulement d’essayer de vouloir diminuer leur empreinte carbone, mais surtout de réfléchir à quoi elles veulent affecter le carbone qu’il nous reste à émettre ! Laisser espérer que l’on va pouvoir décarboner l’indispensable en même temps que l’accessoire relève de l’inconscience. La question sociale qui se pose est plutôt comment accompagner les entreprises, dont les solutions commerciales sont clairement incompatibles avec l’espérance de maintenir les conditions de la vie sur Terre, à revisiter d’urgence leur raison d’être. 

Les entreprises qui participent à éviter des émissions de CO2 chez leurs clients ont même tout intérêt à se développer rapidement et donc à en émettre plus, si et seulement si, en coût carbone complet, les émissions baissent en absolu sur un périmètre qui n’est pas sous leur responsabilité. Rien ne les empêchant évidemment de choisir des systèmes productifs les plus bas carbone possible pour y parvenir. 

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Construire une station d’épuration dans un pays du sud, ou remplacer une centrale thermique au charbon par une centrale nucléaire, ou encore un axe routier par un tramway, ne se fera pas sans émettre du carbone avant longtemps. En revanche, continuer à vouloir verdir des choses qui ne devraient plus exister, ne fera que nous enlever des marges de manœuvre dans la course contre l’effondrement civilisationnel désormais à nos portes. Bref, sauver l’humanité du péril climatique, ce n’est plus seulement demander aux entreprises d'atteindre le net zéro carbone, mais c’est surtout anticiper les renoncements qui tôt ou tard s'imposeront.

Fabrice BONNIFET / tf1info


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