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Feignies : le « cercle vertueux » du méthaniseur

29/06/2024

Feignies : le « cercle vertueux » du méthaniseur

La CAMVS et 17 agriculteurs du territoire sont associés au sein de la Same, l’unité de méthanisation basée à Feignies. Ce partenariat public-privé est une première en France pour ce type de projet. © D. R.

Il a fallu être patient, mais le jeu en valait la chandelle selon la célèbre expression ! Le méthaniseur de Feignies, avec à sa tête 17 agriculteurs sambriens et une communauté d’agglomération, vient d’être inauguré. Un projet exemplaire à bien des niveaux.

Dix ans, c’est le temps qu’il aura fallu pour mettre en place l’unité de méthanisation basée à Feignies, à côté de Maubeuge. Son originalité ? Ce projet, dont le montant s’élève à 12 millions d’euros, associe à parts égales une communauté d’agglomération – la CAMVS (communauté d’agglomération Maubeuge Val de Sambre) – et 17 agriculteurs du territoire.

Il s’agit du premier projet français de méthanisation agricole à avoir une agglomération au capital ! Baptisé Sambre agriculture méthanisation environnement (Same), il est opérationnel depuis juin 2023 et a été inauguré un an après, ce vendredi 14 juin.

Répondre aux besoins des uns et des autres

« Il aura fallu plus de dix ans pour voir naître cette unité de méthanisation, un sacerdoce », plaisante Luc Dessars, président de la Same et agriculteur. Dans son viseur, notamment, le sacro-saint principe de précaution qui a donné du fil à retordre, « il devrait être remplacé par le principe de responsabilité car nous sommes des entrepreneurs responsables ! », lâche-t-il.

Si la mise en route n’a pas été un long fleuve tranquille, aujourd’hui tous sont fiers de voir fonctionner cette unité de méthanisation. « Avec Same, l’agriculture redevient un cercle vertueux », se réjouit Alexandre Delivyne, agriculteur associé, qui a décidé de s’engager dans ce projet justement pour son aspect environnemental.

Avec un tiers d’agriculteurs céréaliers et deux tiers d’éleveurs parmi les associés, la Same répond aux besoins des uns et des autres. « Les éleveurs avaient beaucoup de fumier et de lisier et peu de surfaces d’épandage. Les céréaliers, eux, avaient d’importantes surfaces mais pas d’apports organiques. Le plan d’approvisionnement et d’épandage est ainsi géré parfaitement », détaille Alexandre Delivyne.

Et à écouter les associés, la Same n’a que des bénéfices ! Le méthaniseur est alimenté en grande majorité par les agriculteurs associés avec des effluents d’élevage (40 %), des cultures intermédiaires à vocation énergétique (Cives) (12 %) et des résidus de culture (8 %), mais aussi par des résidus de l’industrie agroalimentaire (40 %). De la matière organique (32 000 tonnes d’intrants par an) qui, après un brassage et une fermentation, permet de produire du biogaz et du digestat.

Le méthaniseur produit du biogaz qui est revendu à GRDF, et du digestat dont les agriculteurs se servent pour leurs terres.

Sur ce même site, le biogaz est transformé en biométhane. Après épuration par un traitement à l’eau, analyse et odorisation (le gaz est inodore, mais pour repérer d’éventuelles fuites, on lui injecte une odeur, cette procédure est obligatoire, ndlr), il est intégré dans le réseau de distribution de GRDF contre rémunération. Ce gaz alimente principalement la commune de Feignies. La production de 320 Nm3/h équivaut à la consommation en chauffage, eau et cuisson de plus de 4 900 logements récents ou de 130 bus circulants au bioGNV (carburant gaz vert).

Le digestat, lui, est récupéré par les agriculteurs associés. Si pour l’instant, ces derniers ne se versent pas de dividendes – « cela devrait être possible d’ici deux ou trois ans une fois que les investissements seront rentabilisés », avance Alexandre Delivyne -, ils économisent sur les produits phytosanitaires grâce à l’engrais naturel. « C’est un gros gain économique, souligne Alexandre Delivyne. En plus, le digestat est directement assimilable par les plantes. Et il n’a pas ou peu d’odeur car les effluents d’élevage sont traités dans le digesteur. »

Préservation de l’agriculture locale

La boucle est donc bouclée. La Same permet une avancée en termes de transition énergétique tout en préservant l’agriculture locale permettant ainsi un complément de revenus pour les agriculteurs, mais aussi la préservation des élevages et des bocages. « Je suis convaincu que c’est grâce à la science et à la technologie que l’on sauvera l’environnement. Et lorsque les agriculteurs participent aux solutions, c’est beaucoup plus efficace », avance Luc Dessars. La Same en est un bel exemple. 

Hélène Graffeuille / terres-et-territoires


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