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Trait de côte : quand un camping se relocalise loin de la plage

20/01/2025


Montée des eaux, tempêtes, le trait de côte recule inexorablement. Alors, faut-il lutter ou l'accepter ? Tout dépend des enjeux économiques et de sécurité. Une commune de Normandie a choisi de relocaliser son camping municipal. Reportage.

Comme à de nombreux endroits sur le littoral français, le trait de côte recule en Normandie. À Quiberville-sur-Mer, le camping municipal en a fait les frais pendant plusieurs années. Coincé entre une digue le protégeant de la mer et la Saâne, un fleuve côtier qui rejoint la Manche en passant sous la digue, le camping a connu de nombreuses inondations. Par fortes tempêtes ou lors des grandes marées, la montée des eaux empêche le fleuve de s'écouler, noyant les alentours. Résultats, à plusieurs reprises, les caravanes flottaient dans 1,80 mètre d'eau.

Le choix du recul

La digue a été construite au XIXe siècle pour assécher les terres marécageuses de la basse vallée, notamment pour des raisons agricoles mais aussi sanitaires, ces zones humides étant propices au développement des moustiques et donc du paludisme. Elle a ensuite trouvé son intérêt avec le développement du tourisme balnéaire en devenant une route côtière. Une infrastructure aujourd'hui remise en question.

À Quiberville-sur-mer, tout un ensemble d'enrochement aurait pu être imaginé pour limiter l'érosion et canaliser les crues. La commune a opté pour une autre solution : laisser la nature reprendre ses droits. La digue va ainsi être transformée en pont sur une longueur de 10 mètres pour reconnecter le fleuve à la mer. Ainsi de nouveaux échanges seront possibles, à l'instar de la remontée des poissons vers la Saâne pour leur reproduction.

Les conséquences pour le milieu seront significatives : 30 à 50 hectares de terres seront de nouveau inondés lors des grandes marées et des tempêtes, toutefois sans risque pour la population puisque sans habitation. Le camping a en effet déménagé.

Un nouveau camping à peu près équivalent en nombre de places, 160 au lieu de 200 dans le passé, a été construit dans une zone bien plus sûre, en hauteur... mais à 700 mètres du rivage. Pas sûr que les habitués qui venaient en vacances soient ravis, mais le maire de Quiberville l'assume, déjà heureux d'avoir trouvé une solution durable. Avec un financement assuré par des fonds européens, l'agence de l'eau Seine-Normandie et les collectivités locales dans le cadre d'un projet territorial plus large, « Basse Saâne 2050 ». Ce dernier comprend aussi la construction d'une station d'épuration et des réseaux d'assainissement. Le montant total des opérations avoisine les 22 millions d'euros.

Baptiste Clarke / actu-environnement