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Tri, revente à prix cassés, écoconception… Quand le bâtiment réduit son impact environnemental
06/09/2024
Sur les chantiers, des stations de tri par matières évitent que les déchets soient mélangés et ne puissent plus être revalorisés. | TRI’N’COLLECT
Dans l’Ouest, la filière du bâtiment s’organise pour améliorer l’impact environnemental d’un secteur qui peine encore à agir durablement en faveur du tri et du recyclage de ses déchets. Illustration avec trois entreprises en lice pour le Prix EY de l’Entrepreneur de l’année : Tri’n’Collect, Articonnex et le spécialiste des matériaux de construction, le Groupe Quéguiner.
En 2024, des millions de tonnes de matériaux de construction échouent encore en centre d’enfouissement ou à l’incinérateur. Une aberration car ces derniers sont parfois neufs, souvent réemployables. Chaque année, on estime que le bâtiment génère 46 millions de tonnes de déchets, dont 50 % proviennent de la démolition, 38 % de la réhabilitation et 13 % de la construction neuve.
Sur beaucoup de chantiers, le tri à la source n’est pas en place et les déchets mélangés ne sont recyclés qu’à hauteur de 15 % selon l’Ademe. | GETTY IMAGES/ISTOCKPHOTO
Le cas des déchets issus de la construction-déconstruction est le plus parlant. Sur la plupart des chantiers, le tri à la source n’est pas en place. 90 % des déchets de chantier sont recyclables mais la plupart finissent enfouis ou incinérés, entraînant l’explosion des coûts de traitement dans ces centres , explique Quentin Charoy, cofondateur et président de l’entreprise Nantaise Tri’n’Collect, qui propose des solutions de tri à la source aux acteurs du bâtiment. En dépit de l’instauration en 2023 d’une filière REP Bâtiment, qui prévoit une éco-contribution ajoutée au prix de vente des produits et matériaux pour organiser le traitement des déchets, la loi relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire (loi Agec) reste encore trop peu appliquée , regrette ce dernier.
Sans tri à la source, les déchets ne sont plus valorisables
Pour les acteurs du bâtiment qui interviennent sur les chantiers, changer leurs habitudes s’avèrent plus complexes qu’il n’y parait. Résultat, les déchets se mélangent, se souillent les uns les autres, rendant leur valorisation difficile. La solution proposée par Tri’n’Collect répond à cet enjeu. L’entreprise, fondée en 2019, dispose de 17 agences et emploie 109 salariés, principalement dans le Grand Ouest de la France et l’Île de France. Nous installons sur les chantiers des stations de tri constituées de divers contenants pour accueillir les différents types de déchets : gravats, bois, métal… Nous les acheminons ensuite vers les filières de recyclage les plus vertueuses afin de les recycler ou valoriser , complète Quentin Charoy.
Quant aux coûts de location et de rotation des stations de tri, ils sont répartis entre les différentes entreprises qui interviennent sur le chantier. Aujourd’hui, il est plus économique pour une entreprise de trier à la source sur le chantier que de payer le coût de gestion des déchets mélangés. Toutes les entreprises du bâtiment n’en ont pas encore pris conscience et les habitudes restent difficiles à changer », ajoute Quentin Charoy.
Des produits neufs, à prix réduits
Parmi les entreprises de recyclage partenaires de Tri’n’Collect, l’une d’elles concoure également au Prix EY de l’Entrepreneur de l’année. Il s’agit d’Articonnex, qui lutte contre le gaspillage des matériaux du bâtiment, en les proposant à prix réduit aux professionnels et aux particuliers, en moyenne à -50 %.
En mars 2021, l’entreprise a ouvert son premier entrepôt-magasin à Orvault, à l’ouest de Nantes. Dans les allées, on retrouve toutes sortes de matériaux : OSB, contreplaqué, bardage bois, sols, sanitaires et quincaillerie. Autant de produits déclassés par les fabricants, issus de déstockage de distributeurs (erreurs de commande, invendus, fins de série) ou des matériaux récupérés sur des chantiers de déconstruction. « Professionnels comme particuliers réservent en ligne sur la plateforme, puis viennent retirer leurs commandes dans les magasins », explique le dirigeant.
Dès la première année, 350 tonnes de matériaux ont été vendues, dont 150 tonnes qui seraient parties à la benne si nous ne les avions pas récupérées , précise Emmanuel Morel, l’un des trois associés. Aujourd’hui, Articonnex dispose de quatre autres entrepôts à Sainte-Luce (à l’est de Nantes), Vannes, Rennes et Angers et un atelier-usine de requalification et reconditionnement de matériaux avant leur remise sur le marché.
Qu’en pensent les fabricants ?
Si on ne s’oriente pas vers la voie de l’économie circulaire, on ne sera plus là demain , affirme Clément Quéguiner, à la tête du groupe éponyme, qui conçoit, produit, distribue et transporte des matériaux de construction en béton. Créé en 1948, à Landivisiau (29,) par Yves Quéguiner, le grand-père du président actuel, le groupe Quéguiner emploie 1 200 salariés.
Avec l’arrivée de Clément Quéguiner, 34 ans, le Groupe a bâti une feuille de route, CAP 2025, qui planifie les actions en matière de développement durable. Sans surprise, les principales sources d’émission du groupe sont dues à l’achat de matériaux et de matière première. D’où la mise en place d’actions concrètes, comme la prise de capital au sein de la start-up Néolithe, située à Chalonnes-sur-Loire (49) qui transforme les déchets non valorisables (appelés déchets ultimes) en granulats à intégrer dans le béton non structurel.
Des tests sont en cours pour les intégrer dans certains bétons Quéguigner.
« 85 % de nos déchets produits sont recyclés, par exemple en sous-couche routière ou remblaiement de voirie. Nos bureaux d’études travaillent à l’élaboration de produits plus vertueux, dont le béton bas carbone, qui a été utilisé pour les fondations de notre nouvelle usine de Saint-Méen-le-Grand, qui sera inaugurée début 2025 », complète le président, conscient du rôle clé que les fabricants ont à jouer pour créer un cercle vertueux, plus économie en énergie.