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Nature et climat : identifiez, orientez et renforcez les Solutions fondées sur la Nature grâce à la recherche-action !
04/11/2024
Journée Nature et Climat © Arnaud Loubry, Rennes Métropole
« Recherche-Action », « Solutions d’adaptation fondées sur la Nature » … malgré un jargon qui parait « codé », ce sont des actions très concrètes et opérationnelles sur lesquelles nous nous sommes arrêté·es lors de la journée régionale « Nature et Climat », à Rennes en septembre. Lutte contre les îlots de chaleur en ville, l’érosion et la submersion marine ou la sécheresse… ; tour d’horizon de projets d’adaptation au changement climatique inscrits dans une démarche de recherche-action.
L’avantage de la recherche-action dans un contexte de changement climatique
Le changement climatique opère depuis déjà plusieurs décennies. Toute notre énergie doit être réunie pour réduire significativement notre impact anthropique sur le climat et la nature, et s’adapter à un certain nombre d’effets du changement climatique déjà bien installés. On parle ici de l’augmentation des températures et du niveau de la mer ou des événements climatiques extrêmes (comme les tempêtes, les sècheresses ou les pluies diluviennes) par exemple. Trouver des solutions pour s’adapter à ces changements, tout en se basant sur la nature et en favorisant la biodiversité, représente un défi majeur. C’est celui des Solutions d’adaptation fondées sur la Nature (SafN).
Ce défi s’impose notamment aux élu·es, technicien·nes et gestionnaires des territoires qui doivent continuer à prendre des décisions au quotidien.
Les chercheur·ses de leur côté ont des méthodes et peuvent développer de nouvelles connaissances. Le temps de cette recherche est incompressible, toutefois l’appropriation des résultats de ces recherches par les acteurs de terrain est compressible. C’est l’avantage d’ailleurs de la recherche-action.
La recherche-action : rechercher et agir directement
La recherche-action est une démarche qui inclut les praticien·nes et décideur·ses, directement confronté·es aux problèmes, dans le processus de recherche. Ainsi, le problème initial est posé par les acteur·ices de terrain, puis transformé en question de recherche. Les travaux apportent in fine, grâce à une collaboration à géométrie variable selon le contexte, une réponse adaptée au problème « de terrain ». Les décideur·es et praticien·nes peuvent alors directement « actionner » la recherche, en intégrant les apprentissages à leurs choix et leurs pratiques. Les chercheur·ses de leur côté, grâce aux méthodes scientifiques mobilisées, peuvent valoriser le projet dans la sphère scientifique pour permettre sa réplicabilité, et parfois proposer une certaine généralisation les résultats.
👉 Identifier les acteurs de la recherche-action sur la biodiversité en Bretagne
Rennes : un laboratoire de recherche-action sur les arbres et le climat en ville
À Rennes, tout commence par une collaboration entre le LETG, laboratoire de l’Université Rennes 2, et Rennes Ville & Métropole d’autre part. Cette collaboration a mené à différents champs de recherche-action, notamment à la modélisation des îlots de chaleur urbains, à partir de données de capteurs déployés sur le territoire par la Métropole. Cette modélisation a permis de mettre en évidence en 2019, 2021 puis 2022, un îlot de chaleur exacerbé sur le quartier « Gare – Sud Gare » de Rennes. S’en est suivi l’élaboration d’un plan-guide de végétalisation au sein de Rennes Métropole afin d’établir une hiérarchisation pour l’action et l’adaptation des espaces urbains et de leur végétalisation. C’est ainsi que la collectivité entreprend différents travaux de rafraichissement de rues jugées comme prioritaires avec des contraintes techniques et des enveloppes budgétaires contrastées.
Désimperméabiliser et planter pour s’adapter au changement climatique dans la rue Albert De Mun …
Journée Nature et Climat © Arnaud Loubry, Rennes Métropole
La rue Albert De Mun se situe dans un quartier pavillonnaire dense, utilisée pour son stationnement proche de la gare et disposant de peu d’espaces publics végétalisés. Fin 2022, une démarche de concertation est mise en place pour construire le nouveau plan de circulation du quartier et choisir quelle rue fera l’objet de travaux de végétalisation.
Ce travail aboutit au choix de rendre la rue Albert De Mun en sens unique et de la végétaliser. Le projet réalisé est sobre avec peu de remaniement de la voie et un petit budget. Le choix du sens unique pour les voitures permet de libérer de la place, et ainsi de réaliser 16 massifs correspondant à plus de 260 m2 d’espaces vers sur la voie. 17 arbres sont plantés. Les végétaux sont choisis pour leur résistance au changement climatique, mais aussi au regard de la configuration de la rue. Des enrochements et de la signalétique sont disposés sur le pourtour des massifs pour des questions de sécurité.
Coût du projet : 57 000 € = 50 000 € voirie + 7000 € végétaux (dont 4 000€ arbres).
… Et dans la rue Jean-Marie Duhamel
Journée Nature et Climat à Rennes © Agence Bretonne de la Biodiversité
La rue Jean Marie Duhamel permet d’accéder à la gare depuis le centre-ville. Avant réaménagement, elle était surtour utilisée pour le stationnement avec peu d’espace pour les piétons et aucune végétation. Désormais, elle est entièrement piétonne, avec un système de contrôle d’accès pour les habitant·es. 254m ² sur les 2370 m² d’espace public ont été désimperméabilisés et végétalisés.
Cela correspond à toutes les zones non contraintes par les entrée/sorties de garage ou les réseaux souterrains. Seulement 7 arbres ont pu être plantés en raison des contraintes souterraines. Les eaux de ruissellement transitent par les fosses de plantations, qui sont reliées entre elles par des caniveaux pavés. Un goudron neuf a été réalisé tout le long de la rue.
Coût du projet : 230 000 € = 208 000 € en voirie + 22 000 € en espaces verts.
Il faut maintenant patienter : le temps que la végétation pousse et que les prochaines modélisations soient disponibles pour voir si cela engendre un effet rafraichissant !
Des projets de recherche-action en lien avec des SafN partout en Bretagne
Après cet exemple plutôt citadin, en voici d’autres concernant le littoral ou les cours d’eau bretons.
- Sur le littoral
Via le projet de recherche-action Litto’risques (Université de Bretagne Occidentale – LETG, Geosciences-Ocean, CEREMA, Département du Finistère), le collectif d’expert·es accompagne des collectivités locales littorales du Finistère pour gérer les risques littoraux d’érosion et de submersion. Après avoir mis au point un système d’observation et de suivi standardisé du trait de côte adapté aux pratiques des agents des collectivités, ils dimensionnent ensemble des Solutions d’adaptation fondées sur la Nature lorsque c’est possible !
Le projet Life Adapto en baie de Lancieux (LETG, BRGM – Bureau de Recherches Géologiques et Minières, Conservatoire du littoral) expérimente à grande échelle une « gestion souple bande côtière » laissant la mer gagner les espaces auparavant terrestres grâce à l’entretien de polders, et en travaillant en parallèle les sujets de d’acceptation sociale et du suivi des évolutions de la biodiversité face à la mer qui entre dans les terres.
👉 Le projet Life ADAPTO en vidéo (à 2 min 54)
Au niveau des rivières, marais ou estuaires
Le programme national SOLU-BIOD propose d’étudier les Solutions fondées sur la Nature sur le plan scientifique. Au sein du programme, des Living Labs permettent d’organiser les recherche-actions autour de sites d’expérimentation en lien avec les acteurs locaux. En Bretagne, le Living Lab Ponant vient d’être lancé au niveau de la rade Brest dans le Finistère. Il va proposer quelques sites d’expérimentation littoraux et marins pour concentrer les recherche-action et interroger ces solutions le long du continuum terre-mer.
Par ailleurs, le projet ResSources du Néal vise à réaliser des travaux de restauration de milieux aquatiques dans un territoire en tête du bassin versant du Néal. L’objectif est d’aboutir à des préconisations techniques solides sur la restauration des milieux aquatiques (zones humides, cours d’eau, zones d’infiltration en milieu urbain…). Inscrit dans le cadre du Life ARTISAN, ce projet est associé à toute une démarche d’animation, de concertation et de communication afin donner à voir et d’inspirer d’autres territoires à s’engager.
En résumé
Il existe un socle de chercheur·ses « Solutions d’adaptation fondées sur la Nature » en Bretagne bien présent et identifié, couvrant diverses disciplines telles que l’écologie, la géographie, la sociologie, l’agronomie, l’économie, etc.
Il reste à le compléter et le fédérer pour :
- Appuyer la valorisation de leurs travaux afin de les porter à connaissance et d’inspirer d’autres acteurs
- Les accompagner dans le montage de projet de recherche-action pour répondre aux besoins des acteurs des territoires qui émergent avec les changements climatiques.