Incendie, inondation, canicule… : L’enfer sur Terre

Les feux de forêts se multiplient partout dans le monde. THIBAUD-MORITZ-AFP

La Terre s’enflamme, s’assèche, se noie et s’asphyxie en même temps. Le réchauffement climatique s’installe partout dans le monde, toujours plus meurtrier. Il faut mettre fin à cette “épidémie de chaleur extrême”, appelle le chef de l’ONU. Mais quand ?

Il fut un temps où Novethic aurait chroniqué chaque évènement climatique extrême en cours. Mais aujourd’hui comment faire ? Comment traiter médiatiquement des catastrophes quotidiennes, toujours plus nombreuses et intenses partout dans le monde ? Il ne suffit pas regarder bien loin pour comprendre l’ampleur du phénomène. Ces derniers mois ont été un véritable film catastrophe.

Depuis le début de la semaine par exemple, l’Espagne s’est transformée en véritable fournaise. Selon l’Aemet, le service espagnol de météorologie, dans 144 stations du pays, soit 18% du réseau national, la barre des 40°C a été franchie. Au Maroc, en seulement 24h, 21 personnes sont décédées dans le centre du pays à la suite d’une nouvelle vague de chaleur, associée à une sixième année de sécheresse consécutive. Au niveau mondial, il n’a jamais fait aussi chaud.

La Terre bat son record de températures

Le réseau européen Copernicus a lancé une première alerte établissant que le dimanche 21 juillet avait été la journée la plus chaude jamais enregistrée dans le monde depuis le début des relevés en 1940. Mais le lendemain, le record a été battu avec une température moyenne mondiale de 17,15°C soit 0,06°C de plus que la veille. “Ce sont les Jeux Olympiques Paris 2024 avant l’heure !, a réagi sur Twitter le docteur en agroclimatologie, Serge Zaka. Cette facilité à battre des records, qu’ils soient mondiaux ou locaux est déconcertante”.

Le mois de juin n’est pas en reste. Juin 2024 a enregistré une moyenne de 16,66°C, “soit 0,67°C de plus que la moyenne 1991-2020 pour le mois de juin et 0,14°C de plus que le précédent record établi en juin 2023“, indique Copernicus ajoutant que “le mois de juin marque le 13ème mois consécutif de record des températures mondiales”. Une situation dénoncée par le secrétaire général de l’ONU, Antonio Gueterres : “Regardons la réalité en face : les températures extrêmes ne sont plus un phénomène d’une journée, d’une semaine ou d’un mois. S’il y a une chose qui unit notre monde divisé, c’est que nous avons de plus en plus chaud”, a-t-il déclaré, lançant un appel “à agir contre l’épidémie de chaleur extrême”.

La chaleur n’est pas le seul problème. De la Haute-Marne au Liberia en passant par l’Allemagne, la Suisse, la Côté d’Ivoire ou la Chine… les inondations sont de plus en plus fréquentes et meurtrières. Difficile, de prime abord, de faire le lien entre une Terre qui se réchauffe et des épisodes de très fortes pluies. Et pourtant, les chercheurs sont formels. “Notre étude confirme que l’intensité et la fréquence des fortes pluies augmentent de façon exponentielle avec chaque hausse du réchauffement mondial”, expliquait Max Kotz, auteur principal d’une étude publiée quelques jours avant la COP28 dans la revue Journal of Climate.

Une Terre en feu

A cela bien sûr, s’ajoutent la sécheresse et les flammes. Début juillet en Californie, les feux ont ravagé les forêts sous 47 °C. En Russie, ce sont plus d’un million d’hectares de forêts qui sont partis en fumée. Canada, Grèce, Albanie, Amazonie… partout dans le monde, la saison des feux tue, les humains, les animaux, la biodiversité, les ressources. Un cocktail explosif entre sécheresse, canicule et El Nino, ce phénomène naturel qui accentue encore plus les montées de températures.

Alors que les Etats-Unis ont les yeux rivés sur l’élection présidentielle, que la France en “trêve politique” accueille les Jeux olympiques, le déchaînement climatique ne connaît pas de pause. Et pourtant, les médias désertent encore et toujours ces enjeux. “Les journalistes qui interrogent nos politiques n’ont pas posé une seule question sur ce record (de température, NDR) depuis 3 jours. Les politiques n’en parlent pas. On est en plein Don’t Look Up”, s’indigne Thomas Wagner, fondateur de Bon Pote, média sur le climat.

Or le Giec, le groupe d’experts intergouvernemental sur le climat, l’a évoqué à de nombreuses reprises : le rôle des médias est essentiel. Dans son sixième rapport il note ainsi que les médias peuvent “cadrer et transmettre les informations sur le changement climatique. Ils ont un rôle crucial dans la perception qu’en a le public, sa compréhension et sa volonté d’agir”. A nous d’exercer ce rôle si nécessaire aujourd’hui. ■

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