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Pourra-t-on toujours jouer au rugby dans un monde à +2°C ?

07/07/2024

Pourra-t-on toujours jouer au rugby dans un monde à +2°C ?

La fédération internationale de rugby a passé à la loupe les effets de la crise climatique sur la pratique. @Unsplash

Températures extrêmes, sécheresse, fortes intempéries… Dans un rapport inédit, la Fédération internationale World Rugby analyse les impacts du changement climatique sur la pratique sportive. Un effort de sensibilisation qui ne suffira pas pour entraîner un véritable changement de modèle.

Des matchs annulés face à des vagues de chaleur, des stades sous les eaux ou encore des sportifs blessés à cause de la sécheresse : tel est le futur dépeint par la Fédération internationale World Rugby. Dans un rapport publié début juin, le premier du genre, l’organisation examine les impacts directs et indirects du changement climatique sur la pratique sportive. Le but, “sensibiliser l’écosystème du rugby” en mettant en avant les risques qui pèsent sur son avenir et lui permettre “d’adopter des mesures d’adaptation pour [le] préserver”.

Vagues de chaleur, élévation du niveau de la mer, fortes intempéries… Les chercheurs ont passé à la loupe les répercussions de six phénomènes climatiques, “sur le sport, ses athlètes, ses spectateurs, ses infrastructures et ses terrains”, au sein d’une dizaine de Nations parmi lesquelles la Nouvelle-Zélande, la France ou encore les Îles Fidji. Et les conclusions n’ont rien d’encourageant. Suite aux chaleurs extrêmes, il deviendrait ainsi impossible de pratiquer le rugby pendant dix jours ou plus dans 60% des pays étudiés. Les risques de précipitations intenses seraient également en hausse dans 80% des Etats.

Des projections optimistes

Si l’augmentation de l’intensité et de la fréquence des périodes d’humidité d’un côté, et de sécheresse de l’autre, entraîneraient une difficulté à supporter la chaleur pour les sportifs, elles provoqueraient par ailleurs une modification des conditions de jeu. Le manque de précipitations a par exemple une incidence directe sur l’entretien du terrain. “L’élasticité des sols est importante lors des plaquages, explique à Novethic Camille Riom, chargée de mission environnement pour l’agence Sport 1.5 et co-autrice de l’étude. Soit on arrive à trouver des solutions pour continuer à arroser le terrain, mais cela implique des difficultés quant à l’acceptabilité sociale, soit on change les règles pour favoriser la pratique du rugby “touch”, c’est-à-dire sans plaquage”.

Au-delà des aspects “humains”, les infrastructures sont particulièrement menacées par la crise climatique, notent les auteurs de l’étude. 11% des stades seraient exposés à un risque annuel de submersion, tandis que 30% seraient soumis à une hausse des vents et cyclones. Des conséquences qui pourraient s’avérer bien plus importantes selon la trajectoire suivie par les Etats. “Nous sommes partis du principe que les Nations respectaient les engagements pris dans le cadre de l’accord de Paris. Ce sont donc des projections optimistes”, souligne Camille Riom.

Lancement de la Nations cup

Face à ces observations, World Rugby se veut motrice. La fédération recommande “à toutes les parties prenantes du rugby, des clubs aux organisateurs de compétitions” l’adoption d’une série de mesures en ligne avec sa stratégie environnementale, comme la mise en place d’un mécanisme de financement à destination des communautés vulnérables ou l’élaboration de plans visant à réduire l’impact du rugby sur l’environnement. Malgré ces efforts, et l’essor ici et là de bonnes pratiques, le secteur ne semble pas encore prêt à changer de modèle. Fin 2023, World Rubgy a en effet annoncé le lancement d’une nouvelle compétition, la Nations cup, rassemblant 24 équipes mondiales.

“C’est un peu antinomique, reconnaît Camille Riom. On cherche à s’adapter tout en maintenant une pression accrue sur l’environnement. Autant de compétitions, ça ne rentre pas dans les limites planétaires”. Les déplacements du public et des joueurs représentent la part la plus importante de l’impact carbone des événements sportifs. D’après l’étude “Décarbonons les stades” menée par le Shift Project, le transport représenterait “environ 70% de l’empreinte carbone sur un match national”. Des émissions de gaz à effet de serre qui augmentent en cas de rencontres internationales. Encore peu abordé par les fédérations sportives, cet enjeu va pourtant devenir crucial pour l’avenir du secteur selon Camille Riom : “les seuls sports qui vont pouvoir perdurer, ce sont ceux qui vont être en mesure de s’adapter”. ■

novethic

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