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Et si la relance économique était également écologique ?

06/07/2020

Et si la relance économique était également écologique ?

Alors que l'ensemble du monde tente de se reconstruire économiquement, les voix en faveur d'une reprise respectueuse de l'environnement se multiplient. Avec l'annonce de plans de relance « verts », même les pouvoirs publics semblent avoir pris conscience de l'enjeu écologique et de l'opportunité unique que représente la crise pour bâtir une nouvelle économie.

Et les États ne sont pas les seuls à se mobiliser. Consciente qu'elle a également un rôle à jouer pour accompagner la transition, en fléchant l'épargne dans cette direction, la sphère financière plébiscite de plus en plus l'investissement responsable. Mais économie et écologie sont-elles vraiment compatibles ? Concilier sens et performance est-il vraiment possible ? Les réponses de gérants d'actifs convaincus qu'une nouvelle dynamique est en marche.

Un système qui veut se repentir

« Il serait naïf de penser que le Covid-19 est la seule grande menace qui nous guette. Le réchauffement climatique et ses conséquences font d'ores et déjà de nombreuses victimes chaque année, et sans mesures radicales, le rythme ne faiblira pas », prévient Sonia Fasolo, gérante à La Financière de l'Échiquier. Le confinement a mis en lumière l'impact négatif de l'activité humaine sur l'environnement : les niveaux de gaz à effet de serre ont chuté de manière significative, et tandis que la société tournait au ralenti, la nature a rapidement montré qu'elle était capable de reprendre ses droits. Mais, « ce moment de répit ne sera que de courte durée si le jour d'après ressemble au jour d'avant », rappelle avec gravité la gérante. Heureusement, il y a quelques raisons d'espérer.

Le 15 avril dernier, en pleine crise sanitaire, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, martelait déjà que « le Green Deal est aussi nécessaire qu'avant la crise » et que les plans de relance pour sortir de la récession devront prendre en compte la dimension climatique. Ses conseils ont trouvé de l'écho auprès d'Emmanuel Macron, qui a annoncé cette semaine, devant la Convention Climat, l'injection de 15 milliards d'euros supplémentaires « dans la conversion écologique de notre économie ». Pour remettre sur pied celle du Vieux Continent, l'Union Européenne a quant à elle fait des propositions ambitieuses avec un programme de 750 milliards d'euros « axé sur la rénovation, la mobilité écologique, l'hydrogène et les énergies renouvelables », relève Scott Freedman, gérant de portefeuille chez Newton IM, affilié de BNY Mellon IM. Sans oublier que le projet prévoit de créer un million de nouveaux emplois « verts » relatifs à ces thèmes.

Les entreprises ont aussi réagi face à la pression croissante de l'opinion publique. Depuis mi-avril, plusieurs centaines de dirigeants d'entreprises se sont joints à l'alliance européenne pour une relance verte, initiée par l'eurodéputé Pascal Canfin. Parmi ces sociétés, on retrouve Renault, Veolia et LVMH, mais aussi des acteurs importants du monde financier comme BNP Paribas AM, Axa, Groupama AM, Carmignac, OFI AM ou encore Mirova. Les signataires s'engagent ainsi à « maintenir ou intensifier leurs efforts en matière de changement climatique afin que la relance post coronavirus ne se fasse pas au détriment de la planète », souligne Sonia Fasolo de La Financière de l'Échiquier.

Et même lorsque la pandémie battait son plein, « un grand nombre d'entreprises se sont mobilisées, démontrant concrètement ce que signifie être responsable », poursuit la gérante. Cela s'est traduit par la production de masques ou de gel hydroalcoolique, la réduction ou l'annulation des dividendes, voire l'abandon d'une partie des rémunérations de la part de dirigeants.

L'investissement responsable a de l'avenir

L'investissement socialement responsable (ISR) est longtemps resté marginal, perçu comme moins rentable ou simple concept marketing par les investisseurs. Depuis, les mentalités ont changé et on observe un réel engouement pour ce type de supports.

Dans une récente étude, l'AFG (Association française de la gestion financière) confirme « la progression constante de l'investissement responsable dans la gestion d'actifs française et l'évolution positive du poids des fonds ISR au sein de l'investissement responsable ». Les chiffres du rapport en témoignent : « dans un marché globalement en décollecte, les flux nets positifs des gestions ISR s'élèvent à 33 milliards d'euros en 2019 » et « au global, l'encours des gestions ISR représenterait près de 15 % des encours gérés en France », constate Marie-Pierre Peillon, présidente de la Commission Finance durable de l'AFG

Si les conséquences de la crise restent difficiles à mesurer, les gérants d'actifs anticipent tout de même que le mouvement va s'intensifier et que les investisseurs vont, à l'avenir, vouloir donner davantage de sens à leurs investissements. « La pandémie a augmenté l'urgence des problèmes sociaux et économiques, et va probablement relancer l'opportunité d'investir dans la refonte des économies à l'échelle mondiale. Nous pensons que les investisseurs vont accorder de plus en plus d'importance aux facteurs ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance) », estime Scott Freedman de Newton IM.

D'autant qu'avec « la généralisation de la publication d'indicateurs d'impact par les entreprises », chaque investisseur peut désormais « se positionner encore plus finement sur les thématiques ESG en fonction de ses priorités et de ses sensibilités », indique Catherine Crozat, responsable des projets ESG chez CPR AM. Elle ajoute que cela permet dans le même temps « de dresser un bilan précis de l'impact de son investissement en faveur d'un monde plus durable ».

Cependant, l'analyse des indicateurs extra-financiers a ses limites et paraît parfois biaisée voire impertinente : « L'investissement responsable ne peut se résumer à une liste de cases à cocher. Un respect superficiel ne bénéficie à personne à long terme », insistent les équipes d'Aberdeen Standard Investments. Malgré cette mise en garde, la maison de gestion britannique note « qu'indépendamment du pays, les investisseurs et les gestionnaires d'actifs participent au changement de manière fondamentale » et que « les gérants de fonds à travers le monde se sont montrés désireux de prouver leur engagement envers les principes ESG ».

Enfin, plusieurs tendances structurelles devraient conforter le développement de l'investissement responsable et d'une reprise économique « verte ». Adrien Dumas et Marcelo Preto, gérants chez Mandarine Gestion, remarquent qu'il y a eu une prise de conscience radicale de la question écologique depuis une dizaine d'années. « Entre 2009 et aujourd'hui, le vote vert a plus que doublé, passant de 7 à 15 %, et la transition écologique est devenue la première préoccupation des Européens alors qu'elle était absente du top 20 en 2009 ». Aussi, la crise du coronavirus a mis en exergue la fragilité et la dangereuse dépendance des chaînes de production à grande échelle, ce qui laisse penser que « l'importance des approvisionnements locaux sera remise à l'ordre du jour », d'après les deux gérants.

Les dynamiques sont encourageantes et les gérants d'actifs voient les contours de l'économie post-coronavirus se dessiner en vert ; un système où la mondialisation ne sera peut-être plus reine, mais où l'environnement sera roi et l'investissement responsable, le valet.

source : www.boursorama.com



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