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En Bretagne, des agriculteurs engagés dans la conservation de leurs sols

18/02/2025

En Bretagne, des agriculteurs engagés dans la conservation de leurs sols

Quentin Lebrun, cultivateur de céréales à Maël-Carhaix (Côtes-d’Armor) et Jean-Philippe Turlin, conseiller à la chambre d’agriculture de Bretagne, au milieu d’un champ de colza associé au trèfle et semé sans travail du sol. | DR

La Région Bretagne et Livelihoods, un fonds privé d’investissement pour la décarbonation, aident près d’une centaine d’agriculteurs bretons à changer leurs pratiques, en commençant par arrêter de labourer leurs champs.

Séquestrer le carbone en abandonnant le labour, installer des couverts végétaux permanents, assurer une rotation diversifiée des cultures et diminuer les intrants… c’est la feuille de route pour restaurer la santé des sols et la biodiversité tout en réduisant les coûts de production et le temps de travail au champ.

« Sauf que ça ne se fait pas sans risque, il y a des échecs et il faut du temps pour apprendre à travailler autrement, mais on y arrive », encourage Roland Hallégouët, de Guipavas (Finistère), l’un des pionniers de l’agriculture de conservation des sols en Bretagne. Lui ne laboure plus depuis 15 ans. « Les racines et les vers de terre ont remplacé les machines. »

Un fonds carbone privé

Un exemple à suivre pour les agriculteurs engagés depuis 2021 dans le projet Sols de Bretagne, soutenu par la Région Bretagne et le fonds Livelihoods. Celui-ci est financé par de grandes entreprises (Danone, Hermès, Schneider Electric…) qui soutiennent des projets de transition agroenvironnementales dans le monde entier. Un partenariat public privé « unique en France » selon Jean-Pierre Rennaud, brasseur à Groix (Morbihan) et cofondateur de Livelihoods.


Quatre ans après le lancement de l’opération, 93 agriculteurs bretons cultivant 10 000 hectares ont franchi le pas, accompagnés dans chaque département par un technicien de la chambre d’agriculture. Ils touchent une prime de 80 € à l’hectare les cinq premières années (plafonnées à 7 500 €), puis 46 € les cinq années suivantes (plafonnées à 50 000 €). Au total, 575 000 € sont injectés chaque année pendant dix ans.

Quentin Lebrun (au centre veste bleue) explique sa méthode de culture du blé en semis direct sans travail du sol. | DR

Quentin Lebrun cultive des céréales depuis 2018 à Maël-Carhaix (Finistère). « Depuis deux ans j’ai arrêté le labour. C’est juste du bon sens. Pendant des années, on est allé à l’encontre du fonctionnement naturel du sol. »

« 30 à 40 % d’économie »

« Cette agriculture-là n’est pas très éloignée du bio », estime Olivier Allain, conseiller régional, lors du bilan à mi-parcours, présenté mercredi 5 février 2025, à Saint-Nicolas-du-Pélem (Côtes-d’Armor). L’utilisation des produits phytosanitaires a été réduite de 10 à 20 % et la facture de fioul allégée. « Au total, c’est 30 à 40 % d’économie pour l’atelier culture », selon la chambre d’agriculture.

Culture de colza associé au trèfle. | DR

Moins d’émission de carbone, moins de produits phytosanitaires, c’est ce veut « le consommateur, donc la distribution et désormais les banques », témoigne Sophie Godet-Morisseau, directrice générale de Savencia (3,6 milliards de litres de lait transformés, 7,5 milliards de chiffre d’affaires). Et ce n’est pas juste pour le décor, c’est une demande très ferme. »

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